La second confinement, entré en vigueur le 30 octobre dernier, a été un second coup de massue pour les restaurateurs, contraints, une nouvelle fois, de fermer leurs portes. Mais, quelques-uns ont décidé de maintenir leur activité grâce au click & collect (retrait en magasin en français, Ndlr) et à la livraison à domicile. Ces techniques de vente, nouvelles et parfois difficiles à instaurer pour certains restaurateurs, ne leur permettent évidemment pas d’atteindre un chiffre d’affaires normal.

Toutefois, ces nouvelles possibilités, permises par la digitalisation du monde de la restauration, offrent une opportunité pour ses acteurs de se diversifier et de maintenir un lien avec leurs clients ; un impératif pour les restaurants qui viennent de s’installer à la Défense. Des plateformes ont senti le bon filon et proposent leurs services de click & collect aux restaurateurs incapables de développer un outil informatique en interne. Elles rencontrent, semble-t-il, un franc succès.

Voilà à peine quatre mois que Charbel El Hayek a pris possession du Pico Resto, un restaurant libanais de la galerie Michelet. « J’ai repris cette affaire au mois d’août mais j’avais signé les papiers avant le premier confinement », confie-t-il un peu amer. Il faut dire, la période n’est pas propice à la restauration. Charbel El Hayek n’est pas épargné, lui qui espérait remplir le plus souvent possible sa salle de 130 places assises avant le confinement. 

« Si je compare ma situation aux bilans de l’ancien propriétaire, je fais, avec la vente à emporter, 15 à 20 % du chiffre d’affaires habituel », explique-t-il encore. Lui et sa femme ont bien tenté de trouver des alternatives pour augmenter leurs ventes. Ils se sont lancés dans la livraison de plats à domicile avec les plateformes Just Eat et Uber Eats. « On a cherché à mettre en place le click & collect, mais cela prend du temps », poursuit-il.

C’est vers la société TastyCloud que Charbel El Hayek s’est tourné pour mettre en route le système. « Il y a deux façons de se lancer dans le click & collect avec nous : créer soi-même son compte sur notre site ou bien prendre rendez-vous avec une personne de chez nous, si on a besoin d’une formation ou d’un accompagnement, explique Martin Catineau, chef marketing chez TastyCloud. Forcément, la seconde option prend plus de temps ». 

« Si je compare ma situation aux bilans de l’ancien propriétaire, je fais, avec la vente à emporter, 15 à 20 % du chiffre d’affaires habituel », explique Charbel El Hayek, gérant d’un restaurant libanais.

L’entreprise propose depuis deux ans, à ses clients restaurateurs, une plateforme, leur permettant à la fois de mettre en place le click & collect, mais aussi de faire de la gestion de caisse ou des fichiers clients. « Notre service est gratuit le premier mois, puis payant sous forme d’abonnement, précise encore Martin Catineau, qui rejette le modèle du commissionnement. Nous affichons différentes offres, la première débute à 79 euros par mois ».

L’entreprise reconnaît que le confinement a largement dopé la demande des restaurateurs vers le click&collect, mais pas seulement. « Il a surtout permis de booster leur maturité et leur compréhension du digital, plus que nécessaire aujourd’hui ». Un pas que certains avaient franchi avant d’en percevoir tout le potentiel.

« Nous nous sommes lancés en juillet dernier, c’était une volonté du groupe, mais si nous avions eu le choix, nous l’aurions quand même mis en place, assure Stéphanie Longuet, directrice du restaurant Italian Trattoria, implanté au sein de Table Square depuis juin dernier. Avant le confinement, on enregistrait seulement deux commandes par jour via le click & collect. Nous sommes maintenant à une quinzaine ». Le système de commande à distance séduit particulièrement la clientèle de bureau, satisfaite de pouvoir gagner du temps le midi.

Du vin, des pizzas, des pâtes… Toute la carte est disponible en click & collect, nous assure la directrice. En revanche, il n’existe pas encore d’application pour commander. Il faut se rendre sur le site internet pour cela ou décrocher son téléphone. Pour l’heure, l’impact sur les recettes du click & collect reste marginal. « Je crois surtout que cela peut m’apporter de la visibilité et de la notoriété auprès de ceux qui ne me connaissent pas, explique encore Charbel El Hayek. Moi-même, j’ai habité le quartier pendant sept ans et je ne savais pas qu’il y avait ce restaurant libanais, que je tiens maintenant ».

CREDIT PHOTO : CHARBEL EL HAYEK