« Partout où c’est possible, le télétravail sera à nouveau généralisé », indiquait Emmanuel Macron dans son allocution du 28 octobre dernier, alors qu’il annonçait un deuxième confinement dans tout le pays jusqu’au 1er décembre au moins. Mais si en mars les entreprises de la Défense avaient joué le jeu et que le quartier d’affaires était totalement déserté, ce confinement, plus souple, semble parfois avoir eu raison de la mobilisation des firmes dans cette lutte contre la propagation du virus.

« Nous, pour l’instant, on a des remontées qui ne sont pas forcément très positives sur le télétravail », explique Vincent Pigache, secrétaire général de l’Union territoriale interprofessionnelle de l’Ouest francilien à la CFDT. Le syndicaliste a en effet en tête la polémique autour du siège de Total dans le quartier d’affaires.

Dès le début du confinement, le pétrolier aurait semble-t-il renoncé au télétravail à distance pour son siège de la Défense, alors même que la médecine du travail avait relevé 270 cas de Covid-19 et 900 cas contacts depuis le 1er septembre, comme le rappelle Le Parisien. Dans une lettre adressée aux employés au tout début du mois de novembre, la direction assurait que le télétravail était « la règle » tout en invitant ses employés du siège à se déplacer dans la tour Total Coupole deux voire trois fois par semaine, bien loin de la règle émise par les autorités.

« Les employés de Total nous ont appelés en effet, pour nous dire que c’était compliqué, que tout le monde était en présentiel », assure Vincent Pigache qui évoque aussi le cas de la BNP. « Le télétravail c’est quand même assez compliqué dans certaines entreprises pour le faire appliquer. C’est clair que ce n’est pas si simple que l’on pourrait imaginer, et je ne pense pas que toutes les entreprises respectent les consignes », poursuit-il.

Dans certaines entreprises cependant, les règles édictées, lors de l’allocution du 28 octobre, sont suivies à la lettre par d’autres entreprises, à l’image de RTE, à en croire Laure Lamoureux, déléguée syndicale CFDT. « Sur la partie la Défense, le télétravail est très suivi, explique-t-elle. Les salariés sont tous quasiment en télétravail sauf certaines missions particulières comme l’immobilier ou la logistique, il y a aussi une cellule de crise sur site ».

Comme dans d’autres firmes (voir notre édition du 2 septembre), et comme lors du premier confinement de mars à mai, la médecine du travail est pleinement mobilisée pour écouter et venir en aide aux salariés souffrant de la solitude ou atteints du coronavirus. « Malheureusement, ce sont des difficultés que toutes les entreprises rencontrent je pense », estime-t-elle tout en notant des difficultés sur les prêts de matériels, comme des fauteuils de bureau.

Outre le non respect de cette règle autour du télétravail, qui n’expose en fait à aucune sanction, Vincent Pigache s’inquiète d’autres manquements, illégaux ceux-là. « À la sortie du confinement, on a eu deux ou trois remarques d’employés qui nous alertaient parce qu’ils faisaient du télétravail mais en même temps, ils étaient au chômage partiel », assure-t-il en précisant que ces cas, peu nombreux, ne concernaient pas des entreprises de la Défense, mais tout de même des organisations implantées dans les Hauts-de-Seine.

« Je pense que ça doit continuer un petit peu », soutient-il en concédant qu’en télétravail, la frontière entre les journées de travail et les journées chômées est parfois difficile à matérialiser. Vincent Pigache souligne d’ailleurs que la CFDT ne peut voir « qu’une partie émergée de l’iceberg ».

« Les salariés dans le contexte actuel, ils n’ont pas forcément envie de trop parler », concède le syndicaliste, conscient de la crise de l’emploi qui frappe, et va frapper, le pays. « Tant qu’ils touchent leur salaire, même si c’est un peu moins, ils ne se posent pas trop de questions, comprend le  secrétaire général de l’Union territoriale interprofessionnelle de l’Ouest francilien. Et puis celui qui va refuser de répondre à un mail parce qu’il est en chômage partiel… C’est toujours compliqué. »

« En fin de compte, les employeurs ont eu une expérimentation à grande échelle pour le télétravail, conclut Vincent Pigache de la CFDT, lui-même grand défenseur de ce mode de travail, en alternance avec le présentiel cependant. Certains en ont trouvé les bienfaits, pour d’autres ça a été plus compliqué ». 

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE