Depuis jeudi 29 octobre au soir, la France est à nouveau confinée, quelques mois après une première période similaire totalement inédite, pour tenter de ralentir la progression de la seconde vague de Covid-19. Dès l’annonce de ce reconfinement par Emmanuel Macron, mercredi 28 octobre au soir, les entreprises ont dû s’organiser en urgence pour pouvoir répondre aux nouvelles exigences de la situation sanitaire du pays.

À la Défense, plus grand quartier d’affaires du pays, les entreprises sont aussi concernées. Le territoire, très tributaire des entreprises et animé en grande partie par la présence de leurs nombreux employés, est dorénavant bien plus calme qu’il y a quelques jours, alors même que tout le monde n’avait pas repris le chemin du travail de façon régulière.

Chez Paris la Défense, organisme public gestionnaire du quartier, « l’activité continue », assure-t-on en ajoutant que « le télétravail est la norme pour les activités qui peuvent se faire à distance ».

Les entreprises installées dans le quartier et interrogées par La Gazette de la Défense se sont ainsi toutes soumises aux nouvelles réglementations et indications du gouvernement et ont donc opté pour le télétravail de façon quasi-systématique pour leurs employés des tours de la Défense. « Nous sommes 2 300 dans la tour. En ce moment, 99,9 % des salariés sont en télétravail », illustre ainsi Régis Blugeon, directeur des ressources humaines France de Saint Gobain, fabricant de matériaux et « de solutions pensées pour le bien-être de chacun et l’avenir de tous ».

« Suez recommande le télétravail cinq jours sur cinq pendant la période de reconfinement », indique aussi le service communication du groupe de gestion de l’eau et des déchets. Même chose chez Enedis, qui préconise le « télétravail généralisé pour tous les salariés dont les missions le permettent », indique un communiqué publié le 30 octobre.

Chez Paris La Défense, organisme public gestionnaire du quartier, « l’activité continue », assure-t-on en ajoutant que « le télétravail est la norme pour les activités qui peuvent se faire à distance ». Comme l’a bien souligné Emmanuel Macron, « l’économie ne doit pas s’effondrer » et Paris La Défense pourra poursuivre certains projets et chantiers. Ces derniers ne devraient d’ailleurs pas subir de nouvel arrêt, « pour le moment », en tout cas.

Signe que ce deuxième confinement, qui durera jusqu’au moins au 1er décembre, est plus souple que celui du mois de mars, certaines entreprises n’ont pas fermé leur siège de la Défense. « La tour n’est pas fermée en tant que telle, car certain services tels que lasécurité et la sûreté y demeurent. Nous y avons aussi des travaux en cours, d’où la présence d’ouvriers, la tour est toute récente, mais ce ne sont pas des salariés de Saint-Gobain », explique le directeur des ressources humaines France de l’entreprise.

Suez indique ainsi s’organiser « avec plus de souplesse et de tolérance par rapport au premier confinement ». Comme pour Saint-Gobain, « le siège reste ouvert pour les activités critiques et pour les collaborateurs qui souhaitent travailler au bureau pour des raisons d’organisation ou de logistique à domicile ». Chez Suez, 10 à 15 % des effectifs pourront ainsi être présents dans la tour CB21, sur la place des Reflets. Mais, « les déplacements professionnels inter-régions sont suspendus ainsi que les visites externes », indique le service de la communication. 

Pour l’heure, si le recourt au télétravail est massif dans ces sièges d’entreprises, Suez et Saint-Gobain n’ont « pour le moment » pas eu besoin de mettre certains de leurs collaborateurs de la Défense au chômage partiel. « Nous ne recourons pas au chômage partiel, assure d’ailleurs Régis Blugeon. Nous voulons maintenir l’activité ».

Mais, comme pour le premier confinement, les entreprises doivent s’adapter et revoir tout leur système de fonctionnement, jusqu’à la manière de recruter leurs collaborateurs. Saint-Gobain, dont les volumes du 3ème trimestre « montrent un fort rebond » selon Régis Blugeon, continue de recruter.

Signe que ce deuxième confinement, qui durera jusqu’au moins au 1er décembre, est plus souple que celui du mois de mars, certaines entreprises n’ont pas fermé leur siège de la Défense.

« Les entretiens d’embauche se font via Teams (platerforme permettant de mener des visioconférences, Ndlr), indique le directeur des ressources humaines. Les programmes d’intégration se feront de façon progressive et en réunion face à face ».

Mais, outre les recrutements, c’est aussi les salariés déjà présents au sein de l’entreprise qu’il faut accompagner. En effet, et comme La Gazette de la Défense l’indiquait dans son numéro du 2 septembre dernier, les entreprises ont du gérer le télétravail à 100 % jusque-là inédit et donc réinventer les relations entre les équipes tout en soutenant les collaborateurs souffrant de la solitude.

Depuis mai dernier et le déconfinement, les entreprises n’avaient pas repris une activité en présentiel totale pour respecter les nouvelles mesures sanitaires. Ainsi, depuis mai « 50 à 60 % des collaborateurs étaient présents chaque jour » chez Suez. « Nous étions à 50 % de présentiel et à 50 % de télétravail au moment de l’annonce du reconfinement», déclare le directeur des ressources humaines France du groupe Saint Gobain.

Si les groupes ont déjà une expérience conséquente en ce qui concerne le télétravail total, les mêmes problématiques ressurgissent et les services de ressources humaines et de médecine du travail vont à nouveau être en première ligne, notamment pour soutenir les salariés les plus isolés et supportant mal la situation.

« Lors du premier confinement en mars, nous nous étions aperçus que certaines personnes avaient souffert psychologiquement de cette distanciation, malgré l’organisation de très fréquentes réunion d’équipes. Il va falloir conserver encore davantage le lien social et si nécessaire inviter certaines personnes à revenir dans la tour pour éviter des syndromes d’insolement », confirme Régis Blugeon.

« Nous incitons les managers à créer des communautés sur le réseau social interne du groupe afin de maintenir le dynamisme des équipes et l’esprit  gagnant », indique-t-on aussi chez Saint-Gobain. Ce genre de réunions en ligne régulières semblent avoir déjà été privilégiées entre mars et mai. « De très nombreuses équipes ont mis en place les calls (appels, Ndlr) quotidiens ou hebdomadaires. Des communautés de discussion et d’échanges se sont mises en place sur différents outils pour préserver le lien et s’épauler les uns et les autres », expliquait ainsi Cécile Deman-Enel, DRH des unités Ressources et Performance opérationnelle et Data, Client et Communication d’Allianz en septembre dernier.

Le télétravail à 100 % étant à nouveau la norme, ces liens digitaux devraient à nouveau être privilégiés jusqu’à la fin de ce deuxième confinement, qui devrait se terminer au 1er décembre prochain. À cette date, la Défense pourrait ainsi reprendre le visage qu’on lui connaît et son agitation ou tout du moins retrouver la fréquentation qu’elle a connue ces dernières semaines. 

Pour le moment, Paris la Défense ne connaît pas le taux de fréquentation du quartier d’affaires. «  Il est trop tôt pour répondre. Nous aurons les premiers chiffres en milieu de semaine prochaine » soulignait-il en fin de semaine, après les annonces du gouvernement. En septembre, après le retour des congés d’été, il était revenu à environ 60 % (voir notre édition du mercredi 23 septembre). Dans un communiqué de presse du 18 septembre, l’établissement public indiquait ainsi : « Malgré un contexte sanitaire, encore mouvant, l’activité du quartier d’affaires a repris très nettement depuis la rentrée, avec près de 60% des salariés de retour au bureau ». 

Suez et Saint-Gobain n’ont « pour le moment » pas eu besoin de mettre certains de leurs collaborateurs de la Défense au chômage partiel.

Le gouvernement avait mis en place un couvre-feu en Ile-de-France, la semaine précédente. Une nouvelle mesure qui n’avait pas eu d’impact dans le quartier d’affaires selon Paris La Défense, « La fréquentation du quartier était stable depuis début septembre ».

Cependant, le mois de décembre ne ressemblera pas aux autres, même si le confinement est levé. Paris La Défense, organisme gestionnaire du quartier d’affaires, annonçait, vendredi 30 octobre, l’annulation du traditionnel marché de Noël, normalement installé face à la Grande Arche (voir page 7). 

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE