Un sans domicile fixe de 24 ans comparaissait dans le box des accusés, mercredi 19 août devant le tribunal de Nanterre. Sans papiers et en grande précarité depuis le début de la pandémie, il avait été interpellé la veille au Leclerc de Colombes où il avait dérobé l’équivalent de 14 euros de nourriture. Son arrestation a aussi permis aux enquêteurs de le suspecter dans une autre affaire de vol, survenue en janvier dernier.

La procureure a requis quatre mois de prison ferme à l’issue de l’audience, ce qui a provoqué de fortes protestations de la part de l’avocate du prévenu. Soulignant qu’il n’avait pas de casier judiciaire, elle a aussi démontré qu’aucune preuve ne pesait contre lui dans la première affaire de janvier.

« Donc, comme il s’est rendu responsable de filouterie hier, il est forcément responsable de l’autre vol ! », s’insurge l’avocate du prévenu. Le ministère public vient de requérir quatre mois de prison ferme contre ce SDF d’origine algérienne sans casier judiciaire. La veille, il a été interpellé dans le Leclerc de Colombes après avoir été surpris en train de « manger des denrées alimentaires », illustre la présidente. « Depuis longtemps, je n’ai pas de travail. Avant le Covid, je travaillais au noir, confie le jeune homme. J’ai besoin d’argent pour manger ».

S’il reconnaît les faits, les policiers vont rapidement s’apercevoir qu’il pourrait être lié à une autre affaire de vol, plus importante celle-ci. À la fin du mois de janvier dernier, un pavillon de la ville a été forcé. Des montres, bijoux et autres produits de luxe ont été dérobés. « J’ai été invité par un ami, je pensais que c’était un squat », assure le prévenu qui reconnaît y avoir dormi une nuit avant de repartir, rien de plus.

« Avec les températures en janvier, je comprends, lâche son avocate. Mais ses empreintes sont sur un mégot, sur un soda. Pas sur les tiroirs ou les portes qui ont été forcées ». La juriste poursuit sa plaidoirie assez virulente contre la procureure : « Il faut arrêter de penser que la détention est la solution à toutes les infractions sans tenir compte de la personnalité du prévenu ».

Et, il semblerait que la plaidoirie enflammée de l’avocate ait porté ses fruits. Après s’être retiré, le tribunal relaxe l’homme pour les faits de janvier et le condamne à 400 euros d’amende avec sursis pour celui de la veille. « Il sort de détention ce soir », précise la présidente.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE