Mercredi 19 août, un jeune homme de 25 ans se tenait debout dans le box des accusés d’une salle d’audience du Tribunal de grande instance de Nanterre pour demander sa remise en liberté. Soupçonné de trafic de drogue de grande envergure et en détention provisoire depuis plus d’un an, le Nanterrien, assisté de son avocat, a martelé qu’il était innocent.

« Les détentions provisoires sont de plus en plus longues et de plus en plus assurées », a dénoncé l’avocat du jeune homme devant le tribunal, alors qu’il tentait de le faire libérer. Incarcéré dans l’attente de son procès depuis juillet 2019 pour une affaire de trafic de cannabis et de cocaïne dans la cité Pablo Picasso, son client jurait de son côté qu’il était innocent.

Pourtant, et si le fond de l’affaire n’est que brièvement évoqué, de lourds soupçons pèsent contre lui. Lors d’une perquisition à son domicile en juillet 2019, les policiers chargés d’enquêter sur une filière de trafic de stupéfiants, découvriront « près de 20 000 euros en liquide et de nombreux habits de luxe », souligne la présidente de séance. Une analyse de ses relevés bancaires atteste aussi « d’importants transferts d’argent, avec des personnes qui n’ont pourtant aucun emploi ».

D’ailleurs, le jeune homme n’est pas non plus salarié et n’a aucune ressource officielle. Sur ce point, son avocat a aussi une justification : « Il avait une activité qui n’était pas déclarée, il a aussi des gains de la Française des jeux ». L’argument semble laisser le tribunal dubitatif, mais le jeune homme dans le box abonde dans ce sens.

« J’ai fait de la location de voiture de luxe au noir. C’était une erreur de jeunesse, je ne le referai plus », assure-t-il, en évitant toutefois d’évoquer à nouveau ses potentiels gains à des jeux d’argent. Mais le tribunal, comme la procureure, ne semblent toujours pas convaincus. « L’un des éléments essentiels contre monsieur, c’est un témoignage anonyme », peste son avocat.

Mais ce témoignage est édifiant : « C’est un caïd, assure en substance cet habitué du quartier Pablo Picasso à Nanterre. Il fait la loi et il est très discret ». Le prévenu assure que si c’est là la condition à sa libération, il ne mettra plus un pied dans cette cité. Son avocat souligne ainsi qu’un proche offre de l’héberger à Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise) et ajoute qu’un restaurant japonnais d’Argenteuil se propose de l’embaucher en CDI.

Il revient aussi sur les antécédents du jeune homme, déjà condamné pour des faits de vols, lorsqu’il était mineur, mais aussi pour détention de stupéfiants. Cependant, il n’a jusque-là jamais fait de séjour en prison. « Ce n’est pas le casier judiciaire d’un professionnel du trafic de stupéfiants », s’agace-t-il.

« Maintenant, ça va être boulot – maison, assure le jeune prévenu en détention provisoire. Comme ça il n’y aura plus de problème. » Face à lui, la procureure n’estime pas ces preuves de bonne volonté suffisantes. « Il me semble que ce projet […] ne permet pas d’écarter le risque de réitération des faits », déclare-t-elle en préconisant le maintien en détention provisoire du jeune homme.

« Ça fait 13 mois que je suis en prison et je ne sais même pas pourquoi. Je n’ai jamais vendu de drogue de ma vie », clame-t-il avant que le tribunal ne se retire. Plus tard, la décision tombe. La demande de libération est finalement rejetée, le tribunal estimant que les garanties, apportées par le prévenu et son avocat, sont insuffisantes. Il dormira donc à la maison d’arrêt de Nanterre en attendant son procès.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE