Lors d’une réunion publique le 28 janvier dernier consacrée à la construction du quartier des Groues, la Société d’Histoire de Nanterre (SHN) a interpellé Paris La Défense, l’établissement public aménageur du quartier d’affaires et en charge de la construction de ce nouveau pan de Nanterre, sur la question de l’avenir de la carrière de la Folie située sous la rue Hanriot.

Cette ancienne carrière du XVIIème siècle a permis l’extraction des pierres nécessaires à la construction en 1642 du collège royal de Nanterre, situé sous le parc des Anciennes Mairies. Les carrières ont également servi pendant la Seconde Guerre mondiale comme abri anti-aérien pour les salariés du site SNCF de la Folie.

Si l’essentiel de ce réseau a été comblé au fil de l’urbanisation de Nanterre et du quartier d’affaires, la carrière Hanriot reste la dernière accessible. Les membres de la SHN et les équipes de Paris La Défense se sont réunis mercredi 4 mars pour discuter de la question. Un point sera fait dans quelques mois, une fois que les conclusions du diagnostic approfondi mené dans les semaines à venir par la Direction Régionale des affaires culturelles (Drac) d’Île-de-France seront délivrées.

« Que va devenir la carrière Hanriot ? », demande un représentant de la Société d’Histoire de Nanterre (SHN), à l’occasion d’une réunion publique d’information sur les Groues organisée par Paris La Défense, établissement public gestionnaire et aménageur de ce futur quartier de Nanterre. « Nous souhaiterions connaître le propriétaire de ces carrières et discuter avec lui de leur avenir », explique le porte-parole du soir de la SHN qui souhaite s’entretenir avec le propriétaire du terrain pour parler de « la conservation de ce site historique ».

L’interrogation émise par la Société d’Histoire de Nanterre a eu lieu alors que la sortie de terre du quartier des Groues, limitrophe de la carrière Hanriot, est en cours. Par delà Archipel, le futur siège de Vinci, et des rails de la future gare du RER E, 210 500 m² de bureaux et 288 000 m² de logements seront construits d’ici à 2030 pour accueillir 10 500 habitants et 12 000 salariés.

« Cette carrière est chargée d’histoire depuis le XVIIème siècle, estime Michel Mathys, auteur d’un livre traitant entre autres de la question des carrières, intitulé Le quartier de la Folie à Nanterre, du 17ème siècle à nos jours. Ces carrières ont été fondées dans le cadre de la création du collège royal de Nanterre par le Père Beurrier ».

Ce collège royal a été construit à partir des pierres extraites des carrières de Nanterre sur commande de la reine Anne d’Autriche qui a posé en personne la première pierre en 1642. Situés sous le parc des Anciennes Mairies à Nanterre, les restes du collège royal sont actuellement sujets à des fouilles archéologiques, a rapporté le 15 janvier dernier Le Parisien.

« Les carrières ont été liées à l’évolution de l’activité de la zone à travers les siècles et notamment à l’activité ferroviaire, explique Michel Mathys. La première ligne de train vers l’Ouest passe par Nanterre, où se sont implantées les différentes installations de la SNCF à l’époque ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, les carrières ont été aménagées en abri anti-aérien pour les cheminots du site de la Folie.

« C’est un lieu historique palpable, selon Michel Mathys. Les traces de coups de marteaux et de burins sont visibles sur les parois tout comme les armatures et panneaux de l’abri anti-aérien. » Des carrières de Nanterre, il ne reste que celle située sous la rue Hanriot, le reste du réseau ayant été progressivement comblé au fil du temps et de l’urbanisation de Nanterre et du quartier d’affaires. Les membres de la Société d’Histoire de Nanterre espèrent sa préservation dans le cadre de l’aménagement du quartier des Groues par Paris La Défense.

De l’avenir de la carrière Hanriot, Michel Mathys envisage « la venue de groupes scolaires pour visiter le lieu, une fois qu’il sera mis aux normes en matière de sécurité. » Le sociétaire émet également l’idée d’en faire « une galerie culturelle ouverte au public ».

À la suite de la prise de parole lors de la réunion publique de janvier, une rencontre entre les membres de l’association nanterrienne et Paris La Défense a eu lieu mercredi 4 mars. « Cette carrière revient dans l’actualité pour deux raisons. Parce qu’il y a un projet d’aménagement d’une part et d’autre part avec le travail en cours sur le collège royal de Nanterre, estime Alain Bocquet présent pour la SHN à la réunion avec Paris La Défense. L’intérêt de cette réunion était de présenter l’intérêt patrimonial, au-delà de Nanterre de cette carrière ».

De la réunion avec Paris La Défense, Alain Bocquet rapporte une « écoute bienveillante et attentive ». Les membres de la société ont présenté « cette carrière [qui] figure au répertoire du patrimoine industriel d’Île-de-France » note Alain Bocquet. Ce statut oblige ainsi le ministère de la Culture à veiller à la préservation du site.

« Dans ce cadre, un diagnostic global est prévu sous l’égide de la direction régionale des affaires culturelles, la Drac, concernant l’ensemble de la zone, explique Alain Bocquet. Donc, on va voir régulièrement des archéologues, faire des repérages sur la zone, ce qui permettra de compléter les informations géologiques de la zone dont on dispose actuellement. »

Si Paris La Défense compte communiquer sur la question dans « les prochains mois », une nouvelle réunion aura lieu d’ici là, « une fois le diagnostic global effectué par la Drac », conclut Alain Bocquet. Une réunion qui permettra d’en savoir davantage sur le sort réservé à la carrière Hanriot.