La ligne 15 Ouest qui permettra à terme de relier Pont-de-Sèvres à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) continue à faire parler d’elle et surtout les chantiers de grandes ampleurs qui devraient permettre sa construction. Alors qu’une enquête publique avait été lancée durant l’été dans le but de recueillir les observations des riverains, une réunion publique à la fin du mois de juillet a permis aux associations les plus inquiètes de l’avenir de leur quartier de recueillir quelques réponses à leurs interrogations.

Une mobilisation quasiment sans précédent qui a également poussé les élus de Courbevoie et Puteaux à réagir à certains projets de la Société du Grand Paris. À Puteaux notamment, c’est le projet de construction d’une nouvelle gare dans le quartier en pleine transformation de la Rose de Cherbourg qui inquiète.

La réunion publique du 22 juillet concernant la ligne 15 Ouest aura duré plus de deux heures et les débats auront été animés entre les riverains, les associations et les responsables de la Société du Grand Paris. Trois sujets ont été choisis par les responsables du projet face aux très nombreuses observations qui avaient déjà été reçues dans le cadre de l’enquête publique qui avait débuté quelques semaines plus tôt et devait prendre fin quelques jours plus tard.

L’occasion pour la Société du Grand Paris de revenir sur les modifications qu’elle souhaite apporter à la déclaration d’utilité publique sur la nouvelle localisation de la gare de la Défense sur la commune de Puteaux, concernant l’emprise de chantier dans le parc des Bruyères à Courbevoie et enfin sur le chantier autour de la future gare de
Bécon-les-Bruyères.

Quelques semaines plus tard, une fois l’enquête publique clôturée et l’été passé, les associations impliquées dans la défense de leur quartier et de leur cadre de vie ont fait le bilan de cette enquête et de cette réunion. De belles surprises pour les deux associations face à l’ampleur de la mobilisation autour de l’enquête publique.

« Ce qu’a permis cette enquête […] c’est que comme il y avait beaucoup d’affichages partout dans la ville, tout d’un coup notre action a eu une résonance, raconte Pascale Hardy, membre de l’association Franklin Louvain. Les gens se sont dit : “ On peut prendre la parole quelque part et on va le faire ”. Il y a eu beaucoup de personnes soit de l’association, soit qui gravitent autour de l’association qui nous on dit : “ Nous-même, on va aller mettre des choses ” ».

Les inquiétudes soulevées par l’association du quartier de Bécon-les-Bruyères n’étaient pourtant pas présentées dans l’enquête publique puisque c’est contre une proposition faite à la Société du Grand Paris par la mairie que l’association se bat (voir notre édition du mercredi 7 juillet 2021, Ndlr). Pour se faire entendre, l’association a rendu un rapport d’une vingtaine de pages aux commissaires enquêteurs pour expliquer leur combat.

« On a compris enfin que la Société du Grand Paris avait clairement identifié notre problématique puisqu’on a été mentionné par eux-mêmes dans cette réunion et donc ça c’était un point hyper important pour nous », relate Pascale Hardy.

Durant la réunion, de nombreuses questions ont ainsi pu être posées concernant ce chantier et le projet. Les réponses de la Société du Grand Paris semblent avoir quelque peu rassuré les membres de l’association. La SGP semble ne pas être convaincue par la proposition de la Mairie, sans pour autant l’abandonner totalement.

« Il y a eu un début de réponse qui a été mentionné, mais encore une fois avec beaucoup de vigilance parce que l’on sait que tout bouge très vite, analyse Pascale Hardy. Maintenant qu’ils ont ce sujet Franklin Louvain, ils ont dit qu’ils étudiaient la possibilité d’y mettre des installations sans nuisances. […] On est identifié comme un point de vigilance, on est dans des discussions de la Société du Grand Paris […] donc c’est plutôt des éléments je dirais
rassurants ».

Pour autant, la membre de l’association l’affirme, le combat ne s’arrête pas avec la fin de l’enquête publique et ce début de réponse à leurs questions. Des tractages sont toujours organisés et la pétition est toujours en ligne pour ceux qui souhaiteraient la signer. Pour l’association Sauvons le parc des Bruyères, la mobilisation continue également. « On ne lâchera pas », affirme Claude Dalmasso, président de l’association, à la fin de l’été.

La réunion publique a à nouveau mis un coup de projecteur sur le parc des Bruyères. « Elle a été d’une très grande importance cette réunion publique parce que l’on s’est aperçu, en tout cas c’est la perception que nous avons, qu’il y a avait un consensus quasiment sur la façon dont le projet de la ligne 15 est mené par la SGP ». Pour le président de l’association, il y a eu « un déferlement » après le 22 juillet. En tout, ce sont plus de 680 observations qui ont été déposées sur le site internet de l’enquête publique.

Claude Dalmasso parle ainsi d’une « récompense » pour l’association qui mène un combat contre la Société du Grand Paris, « une puissance » selon lui, et son projet « absurde à notre sens et au sens de tous ces gens qui ont participé ». À la fin de l’enquête publique, l’association a eu la surprise de découvrir une observation du maire de Courbevoie Jacques Kossowski (LR) qui avait déjà insisté pour que les habitants participent à cette enquête en laissant des tracts dans les rues de la ville.

« Il y a eu un courrier de notre maire déposé sur les observations de l’enquête publique où là, il a pris une position très très ferme contre le projet sur le parc. Une position très ferme que nous avons nous même grandement appréciée parce que par le passé nous avions eu quelques contacts, mais nous n’avions pas ressenti la même position », relate le président.

Dernier sujet, le premier pourtant a avoir été abordé durant la réunion publique, l’emplacement de la future gare de la ligne 15 dans le quartier d’affaires inquiète toujours. Initialement prévue pour être installée sous le centre commercial Westfield les 4 Temps, une question de place et de financement aura finalement poussé la Société du Grand Paris à revoir sa position.

La gare pourrait désormais voir le jour dans le quartier en cours de réaménagement de la Rose de Cherbourg à Puteaux. Durant la réunion publique, un riverain a même abordé la possibilité de ne pas construire cette gare. Le magazine municipal Puteaux Infos de l’été 2021 pointe du doigt les inquiétudes autour de ce changement. « Ligne 15 Ouest : OUI au métro, NON à la fermeture de la RN 1013 », est-il ainsi écrit. D’expliquer ensuite que le mode de construction choisi par la Société du Grand Paris pour cette gare « impliquerait une fermeture de cette voie pendant cinq ans ».

Des travaux pour créer une gare nouvelle et la relier au quartier d’affaires qui pourraient fortement gêner le trafic et la circulation sur le long terme. Selon le magazine municipal, « La SGP a procédé à des modélisations de reports de trafic sur le territoire. Ces études mettent en évidence que la situation va être très difficile en terme de circulation, puisque le trafic de la RN 1013 (qui sera fermée durant la totalité des travaux) induit des reports de trafic dans toute la ville. De plus, le modèle de report de trafic n’a pas pris en compte des éléments cruciaux ». Parmi ces éléments, les travaux qui ont lieu dans la ville à plus ou moins long terme comme les travaux de l’écoquartier des Bergères (voir notre édition du mercredi 26 février 2021, Ndlr).

Désormais, associations, riverains, élus attendent les résultats et conclusions de l’enquête publique qui tardent à arriver. Cela devrait être l’occasion de comprendre un peu mieux les intentions de la Société du Grand Paris concernant les différents points de crispation autour de la construction de la ligne 15 Ouest.

Une journée pour découvrir les autres chantiers

La Société du Grand Paris organise pour la première fois une visite des chantiers du Grand Paris Express qui sont déjà lancés. Samedi 16 octobre, ce sont ainsi près de 40 sites qui seront ouverts au public pour cette journée portes ouvertes sur les 150 du projet. Selon la SGP, c’est « une occasion unique de découvrir les coulisses du projet et rencontrer les femmes et les hommes qui participent à ce grand projet ».

Dans les Hauts-de-Seine, le chantier de la gare de Châtillon-Montrouge devait par exemple être ouvert pour découvrir les travaux autour de la ligne 15 Sud tout comme celui de Bagneux. « Chaque site a ses spécificités. Cependant, nous devons quand même penser à un schéma unique, pouvant plus ou moins se décliner à tous les chantiers, afin de ne pas rendre la logistique trop complexe », a indiqué dans l’article relatif à ces visites José Losada, directeur des productions de l’agence événementielle Live !, chargée par la Société du Grand Paris d’organiser cet évènement d’ampleur.

Pour participer à cette journée portes ouvertes, il faut s’inscrire sur une plateforme dédiée, le nombre de places pouvant être limitées à cause de la situation sanitaire, mais également pour assurer la sécurité de tous sur le chantier. Pour fêter la fin de cette journée, une fête sera organisée sur le chantier KM9 de Massy (Essonne), l’un des chantiers de la ligne 18.

CRÉDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE