Le premier tour des élections municipales aura lieu partout en France le 15 mars prochain. Si l’épidémie de coronavirus a ces derniers jours pris une part très importante dans l’actualité, reléguant parfois en seconde position ces élections, les différents candidats ont tout de même pu présenter leurs projets. À Nanterre, Puteaux ou Courbevoie, la place du vélo dans la ville a été au centre de bien des débats.

Signe que le cyclisme citadin sera l’un des sujets de la prochaine mandature, les candidats de tous les partis l’ont intégré dans leur programme. Les associations dédiées à la bicyclette qui fleurissent sur le territoire ont aussi profité des élections municipales pour faire entendre leur voix, faire des propositions construites aux candidats en leur apportant leur expertise et dessiner avec eux la ville de demain.

Car après des dizaines d’années à penser la ville en fonction des voitures, la prise de conscience écologique pousse administrations et citoyens à repenser la ville et la mobilité. Dans ces trois communes qui composent le quartier d’affaires de la Défense, et si proches de Paris, les nouvelles mobilités ont été au cœur de la campagne.

« On compte maintenant 130 adhérents ou adhérentes, expliquait Laurent Lévêque, l’un des cofondateurs de La Rustine de Nanterre lors d’un débat autour du vélo organisé par l’association pour les municipales le 12 février dernier. Tous les trois jours, il y a un ou une cycliste qui nous rejoint parce qu’elle ou il est motivé ou qu’il ou elle est frustrée par son expérience du vélo à Nanterre ».

« Il faudra bientôt aller plus loin et demander à ce que piétons et vélos soient priorisés par rapport à d’autres modes de transport moins efficaces, plus consommateurs d’énergie et plus polluants » conclut Nicolas Denos.

Ce soir-là, à la Maison de quartier du Chemin de l’île, quatre candidats aux municipales débattent ensemble. Difficile ce 12 février de départager Camille Bedin (Nanterre ensemble), Rossana Morain (Nanterre en commun), Adam Oubuih (Nous sommes Nanterre) et Julien Sage (conseiller municipal et représentant du maire sortant Patrick Jarry, pour la liste Nanterre pour toutes et tous), tant leurs bonnes intentions se rejoignent concernant le vélo, même si Rossana Morain semble ce soir-là moins informée et emballée que ses concurrents.

La Rustine de Nanterre, association créée à l’été 2018, leur a ainsi demandé de s’exprimer sur cinq propositions vélo pour la ville de Nanterre. Le groupe demande ainsi aux candidats d’intégrer « la promotion des pratiques cyclables, le développement du réseau, la politique vélo et la construction d’une culture vélo » à leur programme. Si les candidats sont globalement tous prêts à largement intégrer la question du vélo dans la prochaine mandature, c’est tout de même avec quelques points de convergence selon les listes.

La liste menée par Adam Oubuih est ainsi contre la généralisation des zones 30 dans la ville. « Nous généraliserons les zones de vitesse à 30Km/h sur les axes traversant secondaires afin d’y généraliser l’usage du vélo et des mobilités douces. Généraliser la vitesse à 30km/h sur l’ensemble de Nanterre serait impossible au regard de flux de circulation », indique son colistier Eric Maldiney dans la liste des engagements pris par les différents candidats dans un fichier diffusée par La Rustine.

À Nanterre, ce n’est pas le programme vélo qui permettra de départager Adam Oubuih de Camille Bedin ou Patrick Jarry. Les deux derniers, qui n’hésitent pas à s’affronter frontalement sur bien des sujets, se rejoignent sur celui du vélo en proposant par exemple le triplement des places de stationnement dans la ville ou un apprentissage du vélo et de ses bonnes pratiques dès l’école. Conscients que le vélo sera un des sujets majeurs de ces prochaines années, tous les candidats se sont ainsi engagés à créer un comité vélo régulier, chapeauté par un conseiller municipal délégué aux mobilités douces ou à l’aménagement durable.

Dans chacune des villes qui composent la Défense, les cyclistes se disent ainsi plein d’espoir quant à l’avenir du vélo dans leur commune. Même à Puteaux, ville régulièrement décriée pour son manque d’infrastructures vélo et parfois pour son absence de politique concernant les mobilités douces, les responsables associatifs veulent y croire.

« Ils proposent tous plein de choses sur le vélo, parce que ça reste quand même un enjeu municipal, il faut bien le dire », analyse Patricia Marché, responsable de l’association Puteaux à vélo, à la suite d’une réunion à l’île de Puteaux le vendredi 6 mars. « Globalement, on est plutôt très satisfaits de tout ça, se félicite-t-elle. Après, il faut attendre les élections ».

Considérant « qu’il y a du boulot à faire sur Puteaux », l’association a organisé deux « balades » dans la ville avec l’équipe municipale en place et toutes les listes en lice, pour leur montrer les difficultés que rencontrent les cyclistes au quotidien. « On leur a montré entre autre que l’accès à la Défense par Puteaux c’est assez compliqué, illustre la responsable associative. C’est vrai qu’on aimerait que l’accès à la Défense en vélo se développe, aussi bien par dessus que par en dessous ».

L’association, qui communique régulièrement avec sa publication La Putocyclette, a comme La Rustine de Nanterre demandé aux différents candidats de signer une charte « pour une circulation apaisée en vélo à Puteaux ». Ce texte reprend cinq grands axes : la mise en place d’un plan vélo, le développement d’un réseau de pistes cyclables, des déplacements plus sécurisés, une amélioration des solutions de stationnements et enfin un accompagnement des cyclistes à Puteaux.

« Les trois listes d’opposition ont signé la charte, même si certaines ont apporté quelques modifications, note Patricia Marché. Mais le maire adjoint présent à la réunion vendredi soir (le 6 mars, Ndlr) nous a laissé entendre que s’ils repassaient, il y aurait des discussions tous les trois mois. Donc, c’est plutôt positif ».

À Courbevoie aussi l’espoir est de mise. Comme les associations nanterriennes et putéoliennes, MDB Courbevoie a proposé une charte aux différents candidats aux élections municipales. Là aussi, des axes majeurs sont soulevés : « permettre à Courbevoie de rattraper son retard en terme d’aménagement et de culture vélo, rejoindre le peloton de tête des villes cyclables des Hauts-de-Seine et avoir une politique vélo ambitieuse et faire de Courbevoie une ville leader en France » , indique Nicolas Denos de MDB Courbevoie.

« On a décidé d’aller assez loin sur nos niveaux d’ambition », explique le membre de l’association, de cette charte qui propose entre autre de créer un comité vélo régulier, des pistes cyclables sécurisées ou encore de donner la priorité aux vélos dans les aménagements de voirie. « Tous les candidats ont une position assez favorable au vélo, analyse-t-il. En général, sur les niveaux 1 et 2, il n’y a pas d’opposition, et sur le niveau 3, il y a quelques propositions sur lesquelles ils tiquent un peu plus de manière générale ».

« Celles qui posent le plus de soucis, et où on voit la différence entre les candidats, c’est par exemple sur le stationnement des deux roues motorisés », note-t-il. En effet, la charte de l’association propose de rendre ce stationnement payant. Si toutes les listes ont finalement signé le texte, cette proposition est la seule à avoir essuyé un refus par une liste : celle du mairie sortant Jacques Kossowski.

« On compte maintenant 130 adhérents ou adhérentes, explique l’un des cofondateurs de La Rustine de Nanterre. Tous les trois jours il y a un ou une cycliste qui nous rejoint. »

La liste menée par Aurélie Taquillain ne dit pas non, mais propose plutôt de « repenser la tarification des parkings publics pour reporter le stationnement en surface, libérer les trottoirs et avoir recours à la verbalisation », avant de passer à un stationnement payant. Dimanche 8 mars, MDB Courbevoie publiait d’ailleurs l’intégralité des réponses des candidats à leurs propositions pour permettre aux Courbevoisiens de voter pour le « candidat le plus vélofriendly ».

Globalement, « les propositions qui reviendraient à clairement favoriser un mode de transport par rapport à un autre ne font pas encore l’unanimité », analyse Nicolas Denos. Aussi, le cycliste remarque que la liste de l’équipe municipale sortante à Courbevoie n’est pas toujours dans une position confortable. Les édiles sortants à Puteaux et Nanterre rencontrent d’ailleurs le même problème.

« C’est compliqué de dire qui est le plus enthousiaste. De la part de tous, on sent vraiment une envie d’améliorer les choses au niveau du vélo. Il y a aussi des profils de candidats qui font que. Mais, lorsque nous nous sommes entretenus avec la majorité sortante, évidemment, ils essaient aussi de défendre leur bilan alors que nous sommes là pour leur en demander plus », analyse Nicolas Denos.

Dans tous les cas, et à en croire tous les candidats aux mairies de Nanterre, Puteaux et Courbevoie, le vélo aura sa place lors de la prochaine mandature. « Il faudra bientôt aller plus loin et demander à ce que piétons et vélos soient priorisés par rapport à d’autres modes de transport moins efficaces, plus consommateurs d’énergie et plus polluants aussi, conclut Nicolas Denos. Mais on sent que les candidats ne sont pas encore prêts à s’engager ».

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE