L’émotion était forte samedi 7 mars après-midi face au 114 avenue André Morizet à Boulogne-Billancourt. Là, s’étaient réunis une cinquantaine de personnes à l’appel d’Aude, une mère de famille ayant perdu son fils de deux mois en mars 2019. Le petit Timothée est décédé après avoir été secoué trop violemment par son père. En plus d’un hommage, c’est aussi pour prévenir ce genre de drames que la maman endeuillée organisait une marche blanche.

« Aujourd’hui, ce sont au moins 400 bébés qui sont secoués chaque année en France, explique Aude, très émue, face aux participants du cortège. Une année c’est 365 jours, je vous invite à faire le calcul, c’est plus d’un bébé par jour. » La vie d’Aude, aussi maman d’une petite fille très énergique présente à la marche, a basculé dans la matinée du 28 février 2019. Ce jour-là, le père de Timothée est au domicile familial avec la nounou du petit.

En tentant de calmer le bébé qui ne cessait de pleurer, l’homme l’a violemment secoué. « Hélas, les secousses ont été si violentes qu’elles ont laissé l’enfant quasiment sans vie », indiquait d’ailleurs La Gazette dans son édition du 13 mars 2019. Transféré en urgence à l’hôpital Necker à Paris, le bébé n’a pas pu être sauvé par les médecins spécialistes du syndrome du bébé secoué (SBS).

« Ce geste a des conséquences qui vont jusqu’au décès. C’est ce qui est arrivé à mon bébé il y a un an, indique la mère de famille. Et pour les bébés qui survivent, ce sont des séquelles pour la victime et pour sa famille. Et ça les accompagnera toute leur vie. » En plus d’un hommage à son fils, dont le visage est imprimé sur les t-shirts des participants, la marche blanche a pour vocation de sensibiliser autour de ce syndrome.

« On est tous réunis pour briser le tabou autour de cette maltraitance, poursuit Aude. Il faut engager la parole pour qu’un jour le chiffre (de bébés morts secoués, Ndlr) tombe à zéro. Alors, on va marcher pour Timothée, on va marcher pour Augustin, on va marcher pour Rose, pour Perrine, pour Eva, pour Noa… Enfin la liste est tristement longue ».

Le petit cortège a ainsi traversé les rues de Boulogne-Billancourt jusqu’au nouveau cimetière, où est enterré le petit Timothée, « même si je sais qu’il est dans les étoiles et dans nos cœurs », souffle sa maman. Ballons, roses blanches et pancartes ont ainsi attiré l’œil de tous les passants croisés ce jour-là. Certains s’arrêtent, demandent des informations à des participants.

D’autres sont visiblement au courant du drame qui s’est joué dans leur ville il y a un an. C’est le cas d’une mère de famille, avenue Edouard Vaillant. À la vue du cortège, elle explique à son fils le syndrome du bébé secoué. La marche aura donc bien rempli son rôle. Ce syndrome se caractérise par des lésions cérébrales, oculaires ou même de la moelle épinière.

« Sous l’effet des secousses, la tête du bébé se balance rapidement d’avant en arrière et son cerveau heurte les parois de son crâne. Des vaisseaux sanguins cérébraux peuvent être arrachés. D’autres blessures sont aussi possibles au niveau du cerveau et de la moelle, à savoir un écrasement du tissu cérébral contre la boîte crânienne à chaque secousse et un phénomène de cisaillement du tissu cérébral ou médullaire », indique ainsi le site internet de l’Assurance maladie, ameli.fr.

Si les bébés peuvent en mourir comme Timothée, d’autres sont sauvés. Mais, les lésions cérébrales qu’ils ont subi sont irréversibles, comme l’expliquait l’organisatrice de la marche blanche. Cette forme de maltraitance peut alors entraîner des retards de développement, des troubles du comportement, un déficit visuel ou même des paralysies.

L’Assurance maladie prodigue quelques conseils aux jeunes parents sur son site internet, afin d’éviter de tels drames. « Gardez toujours votre calme et n’hésitez pas à vous faire aider pour ne pas être tenté de secouer votre bébé. Un bébé  en bonne santé peut pleurer 2 à 3 heures par jour pour diverses raisons : faim, couche humide, position inconfortable, besoin d’un câlin, ennui, fatigue, etc ».

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.