Un trentenaire s’est présenté face au tribunal de Nanterre, mercredi 15 janvier. À la barre, l’homme a avoué avoir falsifié des attestations d’une psychologue, de peur de retourner en prison. Aujourd’hui très bien inséré professionnellement, marié et père d’un enfant de deux ans, le prévenu a été condamné en 2017 à deux ans de prison totalement aménageables pour deux braquages à main armée, commis en 2008.

Pour éviter d’être incarcéré, le trentenaire devait suivre un contrôle judiciaire mais aussi des soins psychologiques. Seulement, l’homme a négligé ce dernier point, pourtant indispensable pour assurer sa liberté. Voyant qu’il ne pourrait pas honorer cette obligation lors d’un entretien avec sa juge d’application des peines (JAP), il a falsifié ses attestations de suivi de soins psychologiques. Mais la JAP s’est rapidement rendu compte de la supercherie. Il a finalement été condamné à des jours amende.

« J’étais paniqué, j’étais au pied du mur et je me suis vu repartir en prison », explique le prévenu, accusé d’escroquerie après avoir falsifié des attestations de soins psychologiques, fournies par la suite à sa juge d’application des peines. Condamné à deux ans de prison aménageables et sans mandat de dépôt en 2017, suite à deux braquages à main armée en 2008, il devait, entre autre, se soumettre à un suivi psychologique.

Malgré les deux ans qui lui ont été laissés pour avoir un suivi, l’homme n’a rencontré une psychologue que deux fois. En décembre dernier, alors qu’il a un rendez-vous déterminant avec sa JAP, l’homme prend conscience que ses deux attestations de soins ne suffiront pas. Il entreprend alors de modifier l’un des fichiers originaux. Résultat : il assure à la magistrate, documents à l’appui, qu’il a rencontré ladite psychologue à sept reprises.

« Il ne comprend pas le sens de cet aménagement de peine, plaide son avocate. Il n’a pas cherché de façon délibérée à trahir la justice. » Son conseil met ainsi les mots sur ce qu’il tente d’expliquer, parfois maladroitement, au tribunal. Les faits pour lesquels il a écopé de deux ans de prison remontent à plus de dix ans, « c’est un autre temps pour lui », assure son avocate. « Mon passé, j’essaie de l’oublier au maximum, je n’ai pas envie d’en parler et d’en reparler », abonde l’homme en larmes, qui a aujourd’hui un travail stable, une femme et un enfant de deux ans.

Le père de famille s’est ensuite rapidement fait démasquer. A réception des attestations, la JAP a voulu vérifier la bonne foi du prévenu en contactant la psychologue par mail. Les fichiers étaient en effet signés électroniquement. Mais la praticienne a tardé à répondre. La magistrate a alors décidé de croire en l’honnêteté du trentenaire en mettant en place un bracelet électronique. Quelques jours plus tard seulement, la psychologue finit par lui répondre. « Elle ne vous a vu que deux fois » illustre la présidente de séance.

« Elle vous laisse deux ans en décembre, et vous lui présentez un florilège de faux », s’agace de son côté la procureure qui requiert une peine de 12 mois de prison avec mandat de dépôt, estimant que « la confiance est rompue ». L’avocate du trentenaire ne l’entend cependant pas de cette oreille : « Le mandat d’arrêt va mettre un coup d’arrêt dramatique à sa vie ».

Alors qu’il est en larmes dans le box, tout comme sa femme et son père dans le public, le tribunal le condamne à 100 jours d’amende à huit euros. Comme la loi le prévoit, il bénéficiera d’une réduction de 20 % s’il paie la totalité de la somme dans un délai d’un mois. Le verdict est donc bien moindre que les réquisitions de la procureure, au grand soulagement de la famille du prévenu.

« Restera à voir quelle conséquence aura votre acte sur votre aménagement », lui annonce la présidente de séance avant qu’il soit reconduit au dépôt. En effet, il devra à nouveau rencontrer la JAP qu’il a tenté de tromper pour définir les termes de son aménagement de peine, qui pourrait être remis en question après l’affaire des attestations de soins falsifiées.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE