Les prières de rue n’auront bientôt plus cours à Nanterre. Mardi 10 décembre dernier, le conseil municipal a voté à l’unanimité une convention avec l’association Irchad Institut Ibn Badis, pour lui céder des locaux, actuellement occupés par l’Afpa lui permettant ainsi de s’agrandir. La mosquée va donc pouvoir accueillir plus de fidèles dans les prochaines années.

C’est une bonne nouvelle pour l’Institut Ibn Badis et ses fidèles, mais le chemin reste encore long avant que des prières puissent être organisées dans le local communal que l’association devra acheter à la mairie. Une levée de fonds pourrait donc être organisée comme l’explique le président de l’institut, Rachid Abdouni avant de lancer des travaux pour pouvoir accueillir des fidèles.

« Nous sommes très satisfaits », assure Rachid Abdouni, président de l’association, du vote du conseil municipal qui n’a d’ailleurs fait quasiment aucun débat parmi les élus. « Après rien n’est encore fait », poursuit-il. En effet, si la mairie a donné son accord pour que la mosquée s’implante aussi dans ses locaux voisins situés au 229/231 avenue Clémenceau, le chemin reste encore long.

« Pour l’instant, l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes, Ndlr.) occupe toujours les lieux. On ne sait pas encore où ils vont déménager », illustre Rachid Abdouni. Car ce sont ces locaux que l’association pourrait investir, au départ de l’établissement de formation bien entendu.

« On ne sait pas encore à quel montant le local sera vendu par la mairie », explique le président de l’association. Selon le prix du bâtiment, l’Institut Ibn Badis pourrait alors faire un appel aux dons, à destination de ses fidèles, pour pouvoir acquérir les locaux. « Après, il y aura des travaux à faire, poursuit Rachid Abdouni. On ne sait pas encore combien de temps cela va durer, il faudra tout évaluer. »

« Il ne faut pas compter sur l’ouverture de l’agrandissement avant 2021 », prévient-il cependant. Pour l’heure, l’établissement est trop petit pour recevoir tous les fidèles. « Le vendredi, certains restent à l’extérieur faute de place. Nous n’aurons plus de problème de prières de rue avec cet agrandissement. » Seulement 1 500 personnes peuvent être accueillies à l’Institut Ibn Badis, l’agrandissement permettrait de doubler la capacité d’accueil.

Cette décision du conseil municipal, prise lors du tout dernier conseil avant les élections, a tout de même posé des questions, venues d’élus d’opposition. Maguy Edorh (MoDem), a ainsi dénoncé le fait que l’équipe majoritaire ne lui ait pas fait parvenir des documents qu’elle et son groupe (MoDem et citoyens) demandait à ce sujet. « Mon groupe ne prendra pas part au vote », a-t-elle annoncé face à ce manque d’informations.

Camille Bedin, élue et candidate DVD aux prochaines élections, a repris l’argumentaire de sa collègue en ajoutant un reproche contre l’équipe municipale. Elle a ainsi pointé du doigt et dénoncé une décision électoraliste, juste avant les élections. « La façon dont vous avez fait avancer le dossier a été rapide, trop rapide. Et pour des raisons qui n’échappent à personne », a ainsi lâché la candidate DVD.

Globalement, l’agrandissement de la mosquée n’a sur le fond, posé de problème à aucun élu. C’est plutôt la manière dont la mairie avait géré la cession qui a irrité certains groupes de l’opposition. Cependant, la candidate DVD et une partie de son groupe Nanterre ensemble ont voté pour la décision. L’autre partie de ce groupe, comme d’autres élus, a préféré s’abstenir. Par ailleurs, un seul vote contre la cession du bâtiment de l’Afpa à l’Institut Ibn Badis a été enregistré mardi 10 décembre dernier.

« Lorsque les demandes sont faites par les associations en 2019 et que nous répondons dans les six mois qui suivent la demande, je crois qu’on est dans notre rôle », lui a rétorqué le maire, Patrick Jarry (DVG). Le fait que le vote ait eu lieu avant les élections fait le bonheur de l’association. « Même si demain, il devait y avoir un autre maire, il aurait l’obligation de résoudre ce problème avec cette solution », expliquait Rachid Abdouni dans les colonnes de La Gazette de la Défense en septembre dernier, alors que l’idée que l’accession du bâtiment voisin était annoncée.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE