Un policier âgé d’une quarantaine d’années s’est suicidé dans les locaux de la Direction territoriale de la sécurité de proximité (DTSP) de Nanterre, le 30 décembre dernier. Le Parisien relatait le lendemain ce drame, le dernier de l’année dans les rangs de la police en France. Le ministère de l’Intérieur a mis en place un numéro d’écoute confidentiel et gratuit pour tenter de mettre fin aux trop nombreux drames qui surviennent chaque année.

En 2019, 60 policiers ont mis fin à leurs jours. Le dernier d’entre eux à s’être suicidé était un agent de la Direction territoriale de la sécurité de proximité (DTSP) de Nanterre. Le drame, survenu le 30 décembre dernier, a ainsi clos une année dramatique dans la police. Si les motifs de ces suicides sont divers et ne peuvent s’expliquer par un seul facteur, la police nationale tente de prévenir ces drames.

« On a mis en place la cellule Alerte prévention suicide qui a été inaugurée par Christophe Castaner en avril 2019 », explique-t-on au sein de la police nationale. Si une cellule similaire existait déjà auparavant et depuis 1996, la nouvelle se veut plus efficace que la précédente. Active depuis le mois de septembre, « elle vient faciliter l’appel à l’aide », assure la police nationale.

« Auparavant, la cellule d’écoute opérationnelle était réservée aux chefs de service, illustre-t-on au ministère. Là, depuis la mise en place de la nouvelle cellule, il y a un service téléphonique 24h/24 à un numéro unique d’appel. Il peut être utilisé par tous les agents de la police nationale, y compris leur conjoint ou leur famille ».

Sans avertir leur hiérarchie de leur mal-être, les policiers peuvent donc entrer en contact avec des psychologues, et ce, de façon tout à fait anonyme, entièrement gratuite, sans répondeur vocal et sans attente. « Une des craintes de se confier pour les policiers, c’était d’éventuellement exposer leurs faiblesses aux yeux des autres. Et malheureusement beaucoup ne se confiaient pas par rapport à cette crainte du qu’en dira-t-on et du regard des autres », illustre-t-on à la police nationale.

Si les consultations se font uniquement par téléphone, les psychologues peuvent pousser leurs interlocuteurs à prendre des mesures dans leur travail, comme demander à être arrêtés pour se soigner. Depuis septembre le 0 805 230 405, le numéro d’écoute, reçoit en moyenne chaque mois 80 appels de policiers venus de toute la France.

En plus de ce numéro d’appel, des « séances de sensibilisations » sont organisées auprès des agents pour leur présenter les différents dispositifs d’aide mis en place. « Le slogan c’est « Être fort, c’est aussi demander de l’aide », c’est totalement ça », explique la police nationale. Dans un métier « où l’on voit des choses très difficiles », et qui est en plus durement pointé du doigt en ces temps de manifestations, les agents ont peine à s’exprimer et s’enfoncent pour certains dans la dépression.

« Tous les services de police sont concernés, assure-t-on. Demander de l’aide ça n’est pas une faiblesse. » Si le numéro d’écoute est effectif et disponible tous les jours à toute heure, la communication autour de celui-ci semble être encore primordiale. Le dispositif, mis en place il y a seulement quelques mois, n’est en effet pas encore connu de tous.

« À partir du mois de janvier, chaque agent de la police nationale va recevoir une petite carte au format carte bleue. Il y aura toutes les coordonnées des réseaux de soutien. On souhaite que chaque policier puisse avoir ces numéros sur lui », annonce-t-on au ministère, alors que l’année 2019 a été « particulièrement difficile ».

Face à la soixantaine de suicides en un an, contre 35 en 2018, la police nationale se refuse cependant à pointer du doigt une cause en particulier. « On ne peut pas donner d’explication. Mais cela fait deux ans que les policiers sont quand même très sollicités avec les Gilets jaunes et la multiplicité des interventions sur le terrain ». Chaque suicide fait d’ailleurs l’objet d’une enquête par les services de police, et les causes de ces drames sont aussi diverses que leur nombre.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE