C’est une matinée d’horreur qu’a vécu une jeune maman le 6 décembre dernier, à son domicile de Levallois-Perret. Ivre, son compagnon a fait preuve d’un accès de violence alors que leur petite fille de seulement cinq mois était présente. Armé d’un marteau, il a bousculé sa compagne et saccagé des meubles dans leur appartement. Si le couple s’est séparé depuis, il n’excluait pas de reprendre une vie familiale lors de l’audience.

L’homme, dont le casier judiciaire ne comportait qu’une mention pour conduite en état d’ivresse, a cependant été reconnu coupable et condamné à une peine de prison aménageable assortie d’un sursis. Lui qui est au chômage depuis son arrestation n’aura pas le droit de se rendre au domicile familial dans un premier temps.

« J’ai vu les vidéos. Ça m’a fait penser à Marie Trintignant », énonce la magistrate en lisant le témoignage du père de la victime. Son beau-fils a violemment bousculé sa fille au matin du 6 décembre dernier. La scène a entièrement été filmée par une caméra de vidéoprotection, placée dans le salon de l’appartement familial.

Alors que la mère de famille partait au travail, la dispute a éclaté. « C’était la grève des crèches, se souvient-elle à la barre. Il devait faire du télétravail pour garder la petite. Quand je me suis réveillée, je les ai retrouvés allongés sur le canapé. » Le prévenu est sorti toute la nuit. Encore ivre, il s’est endormi après avoir donné le biberon à sa petite fille. Mais lorsque la mère les découvre, la petite est dans une position « dangereuse », assurent les policiers.

« Alors forcément après l’avoir réveillé, c’est parti en dispute conjugale », poursuit la victime. « Ce n’est pas une simple dispute conjugale », la reprend la présidente de séance. En effet, si le ton monte entre les deux, il se met rapidement à la bousculer violemment, à « tout détruire », à l’aide d’un marteau notamment, à transpercer les murs avec ses poings ou encore à la frapper au visage, selon le rapport de police.

La victime atteste de tous ces faits, sauf du dernier. « S’il m’avait donné des coups au visage, ça ne se serait pas fini comme ça, souffle-t-elle. Avec ses bagues aux doigts, j’aurais été défigurée. » Effectivement, si elle a été très choquée, elle ne s’est vu prescrire qu’un jour d’incapacité totale de travail (ITT). Les dégâts ont en fait été principalement matériels. En plus de transpercer les murs avec ses poings ou un marteau, l’homme a saccagé la chambre de la petite fille.

Le tribunal doute alors de la sincérité de la victime. Mais rapidement, elle les rassure elle-même. « C’est très grave ce qu’il a fait, commence-t-elle. Mais il faut être juste, et il ne m’a pas frappée au visage. » De son côté, le prévenu a toutes les peines du monde à expliquer son geste. « Vous n’êtes pas encore prêt à comprendre que vous avez été violent, constate la procureure. C’est ça qui est inquiétant pour nous ».

Finalement, le ministère public requiert 20 mois de prison en semi-liberté dont dix avec sursis, avec un mandat de dépôt, dans l’attente d’un aménagement. Mais si les deux protagonistes ont durant l’audience assuré vouloir reprendre une vie conjugale, le tribunal ne l’a pas entendu de cette oreille. Le prévenu est ainsi autorisé à entrer en contact avec la victime et sa fille, ce qui lui était jusque-là interdit par son contrôle judiciaire.

« Nous ne souhaitons pas, à court terme, que vous repreniez une vie conjugale, explique la présidente de séance au prévenu, après l’énoncé du verdict. La violence des faits a été telle que le tribunal n’est pas totalement rassuré. » Le prévenu et la victime pourront se rapprocher du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation,Ndlr) lorsque les tensions dans le couple se seront apaisées.

Lui, doit en plus suivre des soins pour sa consommation d’alcool mais aussi se rapprocher d’un psychologue pour travailler sur ses accès de colère. Le couple va aussi devoir suivre une thérapie conjugale. C’est à l’issue de ce parcours qu’ils pourront se rapprocher du SPIP. « Vous avez échappé à la prison de très peu, poursuit la magistrate. Donc estimez-vous plutôt bien servi ».

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE