C’est un père de famille incrédule qui s’est présenté à la barre, mercredi 8 janvier au tribunal de Nanterre. Accusé par son ex-compagne, et mère de ses enfants, de ne pas payer la pension alimentaire qui lui était due, l’homme a assuré qu’il respectait les sommes qu’il devait verser, malgré des preuves contre lui. Il a finalement été reconnu coupable et condamné à dédommager son ex-femme et à une amende avec sursis.

« Cette pension n’a pas pour but de vous endetter monsieur, mais de permettre à madame de s’en sortir », explique la magistrate au prévenu. Le père de famille, qui n’a pas la garde des enfants, doit verser 1 000 euros par mois à son ex-compagne. Pourtant, depuis 11 mois, il ne lui a versé que 9 060 euros. « C’est faux, assure-t-il. Je n’ai jamais payé moins de 1 150 euros par mois. »

Pourtant, l’avocate de la défense arrive avec un tableau répertoriant les différents versements effectués par le père de famille. « Il verse de l’argent parce qu’il y a malheureusement eu une plainte pour abandon de famille, explique-t-elle. Mais jamais le même montant selon les mois, et quand il paie. »

Au mois de novembre, il n’a par exemple versé que quelques centaines d’euros. « Elle a été hospitalisée quatre semaines en psychiatrie, c’est moi qui me suis occupé des enfants », assure le prévenu. L’affirmation fait bondir l’avocate de la défense de son siège : « Elle n’a en aucun cas été hospitalisée en hôpital psychiatrique, mais pour un diabète assez grave, lâche-t-elle. Et dans ce cas, pourquoi avoir versé 300 euros en décembre ? »

Lancée, elle accuse aussi l’homme d’avoir exercé des menaces envers son ancienne compagne. « On a un SMS de monsieur à madame fin décembre dans lequel il la menace en lui disant « si je suis condamné, ne compte plus sur moi ». » Mais l’homme, qui n’a pas de défenseur, continue à nier tous les faits qui lui sont reprochés, il jure aussi que son ex-compagne « a les moyens », et n’a pas besoin de son argent.

« Ce n’est pas la question, lui assène la magistrate. Nous ne sommes pas là pour discuter d’une précédente décision de justice. » La procureure de son côté, requiert une peine de six mois de prison avec sursis. L’avocate de la défense elle, demande que sa cliente soit indemnisée de 21 000 euros au total. « C’est beaucoup, reconnaît-elle. Le seul moyen de lui faire comprendre qu’il faut qu’il paie, c’est la menace qu’il paie encore plus cher. »

« Je vous apporte les justificatifs qui prouvent qu’elle a les moyens, mais vous ne voulez pas les voir », martèle le prévenu, qui ne comprend visiblement pas pourquoi il est face au tribunal ce mercredi là. « Un de mes fils a vécu chez moi pendant 15 mois, raconte le père de famille. Elle a continué à toucher les allocations quand même, elle a même eu la prime de rentrée. »

Finalement, le tribunal le reconnaît coupable de ne pas avoir payé la totalité des sommes dues. Il est condamné à 1 000 euros d’amende avec sursis. Il doit aussi verser 2 000 euros au total à son ancienne compagne, à titre de dédommagement, une somme bien moindre que celle que demandait l’avocate de la défense.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE