Le plus grand quartier d’affaires d’Europe continentale n’échappe pas à la mode de l’anti-gaspi. Alors que les applications fleurissent, les enseignes de la Défense se mettent au vert en permettant à leurs clients d’acheter leurs produits alimentaires invendus à des prix très réduits. Dans le centre commercial Westfield les 4 Temps, des dizaines d’entreprises jouent le jeu.

« On a développé pas mal de partenariats avec des chaînes présentes dans les centres commerciaux, comme Paul ou Monoprix et la Brioche dorée, explique Stéphanie Moy de l’application Too Good To Go. Et c’est vrai que ça draine pas mal de clients. » Si l’application est la plus connue des solutions anti-gaspi, elle n’est pas la seule. L’entreprise Phénix est elle implantée aux abords de la Défense, dans une moindre mesure cependant.

« Nous récoltons une partie des invendus pour les donner à des associations, basées à la Défense notamment », assure de son côté le service de communication de Phénix. L’autre partie des invendus est en vente pour les particuliers. Des Franprix, à Puteaux et Nanterre, sont ainsi partenaires de l’initiative.

« On est à 120 commerçants partenaires, 20 000 utilisateurs et il y a 85 000 repas qui ont été sauvés, énumère de son côté la communicante de Too Good To Go. Et comme on bénéficie d’un très bon bouche à oreille, les commerçants nous contactent d’eux-mêmes pour rejoindre Too Good To Go. » Car si les utilisateurs, aux petits moyens ou à la fibre écologique, sont intéressés par le projet, les entreprises y voient aussi un bon moyen de se développer.

« C’est tout bénef pour eux, ils n’ont rien à débourser pour s’inscrire sur l’application, illustre Stéphanie Moy. Ça leur permet de revaloriser leurs invendus et à côté de ça, ça leur permet aussi de toucher une nouvelle clientèle et de montrer leur engagement pour la planète. Donc il y a aussi un petit avantage marketing. » L’entreprise percevrait tout de même une commission sur chaque panier ainsi que sur les frais de dossier des commerçants participants.

Petits plus pour les commerçants : « Ils peuvent faire des économies liées aux déchets. Comme ils jettent moins, ils vont louer moins de poubelles », se réjouit-on chez Too Good To Go. Et l’initiative marche, à en croire le vendeur d’une boulangerie du Westfield les 4 Temps, croisé vendredi 13 décembre dans son magasin.

« En temps normal, tous les jours les dix paniers sont écoulés », assure-t-il. Cependant, depuis le début de la grève et que le télétravail est préféré par les salariés du quartier, l’enseigne ne propose pas tous les soirs de vendre ses invendus. « Mais sinon, ça marche très bien », explique-t-il. Habitué à la fin de service, il décrit d’ailleurs les clients qui viennent retirer leur panier en fin de journée, vers 19 h.

« On a de tout : des couples de vieux, de jeunes, des gens en costume… », énumère-t-il. Pour Jean, jeune stagiaire dans la tour Ariane, ces applications anti-gaspi sont une vraie aubaine. « La vie est chère en région parisienne, et les stagiaires pas souvent bien payés, sourit cet habitué du Monop’ de Nanterre – Préfecture. Pour cinq euros, j’ai de quoi manger pour la semaine. Je congèle certains trucs, parfois ça me fait aussi des petits plaisirs et en plus, je fais un geste pour la planète. »

Sans grande surprise, le secteur de la Défense est en pleine expansion pour les applications anti-gaspi. Dans le secteur, les établissements les plus prisés sont le magasin Monop’ de Nanterre, la Croissanterie, Pomme de pain, la Cantine libanaise au Westfield les 4 Temps et la supérette A 2 Pas de Courbevoie.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE