Un chef d’entreprise demandait à être libéré en vue de son procès, mercredi 4 décembre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Incarcéré en détention provisoire depuis la fin du mois de novembre pour des faits de violences et de vol, il ne pouvait pas payer ses employés. Face à un casier judiciaire quasi-vierge, le tribunal a accepté que l’homme de 29 ans soit remis en liberté dans l’attente de son procès.

« L’agression a eu lieu dans un contexte un peu particulier », plaide son avocate. En effet, le 22 novembre dernier, ce patron d’une petite entreprise de transport à Colombes surprend deux hommes qui volent un des véhicules de la firme. Avec des amis, dont un salarié, il se lance alors à leur poursuite puis les agresse. Les deux voleurs se voient par la suite prescrire deux jours d’incapacité totale de travail (ITT). Le téléphone, les clés et les cigarettes sont aussi volés.

Mais depuis que le chef d’entreprise est derrière les barreaux, tout comme ses complices, rien ne va plus dans sa société. « Il n’avait pas l’habitude de déléguer », explique son avocate. « Il y a des commandes qui ne sont pas traitées », assure quant à lui le patron qui ne peut pas non plus payer ses employés.

L’entreprise « risque de partir en déconfiture », s’alarme son conseil. Elle s’efforce de motiver la demande de libération du jeune patron en évoquant également son « casier judiciaire de jeune de cité ». Si dans son adolescence l’homme a eu de brefs démêlés avec la justice, il a seulement écopé d’une amende et d’un travail d’intérêt général. « Le casier est ancien et ne comporte pas de violences », acquiesce d’ailleurs la procureure qui ne « s’oppose pas à un placement sous contrôle judiciaire ».

La présidente quant à elle s’intéresse à cette fameuse entreprise de transport, dont il espère qu’elle « ressemblera un jour à DHL ». À ces mots, la magistrate s’exclame : « Je ne vous le conseille pas, DHL est une entreprise qui marche très très mal. » Mais celle du prévenu prospère, d’après son avocate qui assure que son chiffre d’affaires « s’élève à 325 000 euros par an ».

Finalement, et face aux garanties apportées par le chef d’entreprise, la demande de libération est acceptée par le tribunal. L’homme est ainsi placé sous contrôle judiciaire et a interdiction d’entrer en contact avec les victimes et ses complices, qui sont toujours en détention. « Votre salarié est derrière les barreaux et vous, vous êtes libres. Ce n’est pas glorieux cette affaire », conclut la présidente.

RAPPEL :
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE