Tout un chacun sait désormais que pour réduire ses déchets à la maison, il est possible de réutiliser, composter ses déchets organiques, réparer ses appareils électroménagers ou encore donner ses vêtements pour qu’ils aient une seconde vie. Si les particuliers ont été sensibilisés et culpabilisés concernant le poids et la gestion de leurs déchets, les entreprises se font discrètes sur la question.

Ce sont pourtant bien elles qui produisent le plus de déchets, comme le rapporte les chiffres 2018 de l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Selon ce rapport de l’Ademe, les entreprises produiraient 87,8 % des déchets en France (en incluant les déchets du secteur de la construction, Ndlr). Une situation d’autant plus préoccupante, que les deux tiers de ces déchets sont incinérés.

Pour faire prendre conscience aux salariés de la question des déchets au travail, une journée de sensibilisation a été organisée dans le hall d’entrée de la tour Coeur Défense, vendredi 22 novembre. Derrière ce stand, se tient Michelle Gary, cofondatrice de la jeune pousse Citytri. « Il faut cesser le discours culpabilisant sur les déchets envers les particuliers, estime l’entrepreneuse. Plus de 80 % des déchets en France sont produits par des entreprises, ce sont donc à elles d’agir pour que le volume des déchets baisse. »

Car le constat est déjà dressé. Un salarié du tertiaire va gaspiller entre 150 et 200 g par repas, soit une moyenne de 35 kilos par an. De plus, il va également produire 120 à 140 kg de déchets par an. Ces déchets peuvent être optimisés, et réduits. Michelle Garry est donc convaincue de la nécessité de sensibiliser les salariés : « Un employé au courant du constat va se poser des questions, et questionner sa direction. Il va vouloir agir. »

Ce matin-là, les curieux se succèdent devant le stand de Michelle Garry. « Je trouve que c’est une bonne initiative, explique Bertrand, descendu de son bureau pour se fumer une cigarette. Il est vrai que l’on n’arrête pas de nous répéter que s’il y a trop de déchets, ce sont les ménages qui les produisent, mais ce n’est pas vrai. »

«C’est bien de sensibiliser les salariés, estime Stéphanie en partant déjeuner. Mais à la fin, ce sont les directions qui mettent les choses en place, et elles feront à chaque fois le minimum légal », regrette-t-elle, lassée. « Cela ne changera rien, estime David, très sceptique sur l’initiative. Les entreprises ne font que se conformer à la loi et les politiques ne feront pas de lois plus contraignantes ».

Malgré ce défaitisme, Michelle Garry ne se laisse pas abattre pour autant. « Il y aura toujours des réticences, admet-elle, tout comme lors de la mise en place des bacs de tri pour les particuliers. Quelques années plus tard, personne ne remet cela en question, cela est désormais naturel. »

« Il faut que les entreprises soient sensibilisées aux modalités de collectes des déchets, prévoit-elle. Les bacs seraient donnés gratuitement et les journées de collectes indiquées aux entreprises. » Mais au-delà de la sensibilisation, il faudrait que les entreprises fassent un examen de conscience : « Un audit permettrait de pointer du doigt l’origine précise des déchets et comment en réduire la quantité. »

Si la masse des déchets des entreprises a baissé de 8 % et celle des ménages de 0,3 % en 10 ans, l’Ademe note a contrario une hausse de 2 %, sur la même période, des déchets issus de la construction. Quant à la réduction de 10 % des déchets ménagers produits par habitant entre 2010 et 2020, souhaitée par le projet de loi de transition énergétique, le compte n’y est pas.