Depuis plusieurs mois, les campagnes de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement scolaire sont de plus en plus nombreuses et abordent désormais la question du cyberharcèlement (harcèlement en ligne, Ndlr). Organisée par la Ligue de l’enseignement 92 (Hauts-de-Seine) et la Ville de Nanterre à l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, la soirée sur le cyberharcèlement jeudi 7 novembre a permis aux collégiens et parents d’échanger et de se renseigner sur les moyens de lutter contre.

« On sait aujourd’hui qu’il y a 2,14 millions d’enfants dans le monde qui sont harcelés » explique Yasmina Buono, fondatrice et présidente de l’association Générations connectées. De la définition du harcèlement et cyberharcèlement par l’ONU, elle précise « le cyberharcèlement consiste a envoyer ou a poster des messages pouvant contenir des textes, des images et des vidéos en vue de harceler, menacer ou prendre pour cible une autre personne dans les médias ou des plateformes variées ».

« La déclinaison du harcèlement scolaire, via les outils numériques ont pris vraiment une place importante dans les enjeux actuels » souligne Vera de Sousa, chargée de mission innovation et citoyenneté à la Ville de Nanterre au début de la conférence devant la petite vingtaine de personne réunies. « On peut tous à un moment donné être touché par ce que l’on appelle le cyberharcèlement » rappelle-t-elle.

Le meilleur moyen de lutter contre le harcèlement scolaire ou en ligne, libérer la parole et lever le tabou pour permettre aux victimes ou potentielles victimes de témoigner. « C’est extrêmement difficile pour les enfants et les ados d’en parler […] Ils ont du mal à mettre des mots sur ce qu’il leur arrivent » souligne Yasmina Buono rappelant l’importance d’aider les jeunes « à remettre des mots » sur cette nouvelle forme de violence.

« Demain, ça peut être vous, nous, c’est pour ça que c’est très important d’en parler » insiste la présidente de l’association. Aux collégiens qui pourraient être touchés et auraient peur de parler à leurs parents, Yasmina Buono conseille de faire des captures d’écran et d’en parler entre jeunes. « Souvent ça marche, vous dîtes, je ne t’autorise plus à le faire je vais porter plainte […] Bien souvent quand c’est entre pairs, entre ados, ça s’arrête » souligne-t-elle.

« Quelles sont les choses qui permettraient d’aider les enfants qui souffrent de cyberharcèlement ? » interroge alors un parent. « Il faut bloquer la personne, explique Yasmina Buono. On signale, on bloque, on interdit l’autre, on ne le prend pas en ami, déjà, c’est la première chose ». Elle rappelle également l’importance de faire des captures d’écran pour les utiliser en cas de dépôt de plainte, les auteurs ou complices de harcèlement et cyberharcèlement pouvant être poursuivis.

« Plus on est sur les réseaux sociaux, plus on trouve ça banal et plus en fait, nos actions nous paraissent anodines, donc à force de rester, je ne sais pas moi sur Snapchat, Facebook, Instagram, la méchanceté elle peut paraître très minime et on ne se rend pas compte de la gravité des actions » réagit un adolescent.

« C’est exactement ça » répond Yasmina Buono, fondatrice et président de l’association Générations connectées. « Tout est fait pour qu’on reste sur les écrans, et plus on est abreuvé d’images difficiles, violentes, plus on devient insensible » ajoute-t-elle des dérives des réseaux sociaux, des jeux en ligne ou encore des sites internet.

PHOTO : ILLUSTRATION LA GAZETTE DE LA DEFENSE