Trois voleurs, deux femmes et un homme, ont été interpellés dans la soirée du lundi 18 novembre à Montrouge. Lorsqu’ils ont été arrêtés, leur voiture en très mauvais état contenait des fils électriques en cuivre issus d’un chantier de l’avenue de la République. L’homme, qui était interdit de territoire, ne sera pas jugé et a été immédiatement envoyé dans un centre de rétention administrative. Il devrait prochainement être transféré dans son pays d’origine : la Roumanie.

Les deux femmes comparaissaient quant à elles devant le tribunal de Nanterre le mercredi 20 novembre. Leurs avocates ont souligné les multiples zones d’ombre laissées par l’enquête en dénonçant les clichés racistes qu’elles subissaient dans cette affaire. Malgré tout, elles ont été condamnées à de la prison avec sursis.

« Des Roumains qui volent des bobines de cuivre, on est dans le cliché », dénonce l’avocate d’une des jeunes femmes accusées de vol. Sa cliente, enceinte de six mois est interdite de séjour en France comme son compagnon qui était avec elle lors des faits. Elle assure qu’avec ses amis, elle n’est pas entrée dans l’enceinte du chantier et qu’ils ont trouvé les bobines électriques devant.

Si l’homme et les deux femmes ont bien été retrouvés en possession des bobines, les caméras de vidéosurveillance n’ont pas été contrôlées pour vérifier leur version des faits. La personne qui les a surpris alors qu’elle passait par là et qui a appelé les forces de l’ordre n’a même pas été entendue comme témoin. « On a voulu juger vite, mais on n’a pas voulu que vous jugiez bien », dénonce de son côté l’avocate de la seconde prévenue. Elle s’étonne en plus que l’homme ne soit pas jugé avec elles et pointe du doigt « une justice à la carte ».

Le responsable du chantier assure quant à lui que les bobines étaient neuves, enchaînées et cadenassées. Mais aucune pince coupante n’a été retrouvée sur les lieux ou dans la voiture. « Il faut féliciter les OPJ (officiers de police judiciaire, Ndlr) de Montrouge pour cette enquête rondement menée, raille l’avocate de la jeune femme enceinte. À minima, il aurait fallu vérifier dans la voiture. »

« On n’est pas allé au bout de la démarche parce que ce sont des Roms. Ce sont des voleurs de cuivre et on les balance en comparution immédiate », s’indigne sa consœur. Elle ne cesse de dénoncer les idées reçues « racistes » auxquelles les deux jeunes femmes sont confrontées depuis le début de l’affaire et demande leur relaxe. « Le doute doit leur profiter, je vous demande de respecter ce principe », plaide-t-elle.

« Plusieurs éléments permettent de caractériser l’infraction », la contredit la procureure qui requiert deux mois de prison et la révocation des peines de sursis de quatre et deux mois auxquelles elles avaient déjà été condamnées. « Elles se sont laissées interpellées sans problème parce qu’elles n’ont pas commis de vol », martèle l’avocate de la jeune femme enceinte, qui doit être assistée d’un interprète pour témoigner.

Dans le box, les deux jurent les larmes aux yeux qu’elles faisaient « les poubelles ». La jeune femme enceinte, explique qu’elle veut rentrer en Roumanie retrouver son compagnon. « Vous faites bien », lui intime la présidente. L’autre jeune femme quant à elle est « parfaitement insérée » selon son avocate. Elle travaille sur les marchés et est logée par le 115. Toutes les deux ont déjà été condamnées : la première pour des vols et la seconde des vols et des violences. Elles sont d’ailleurs toutes les deux en état de récidive légale.

Finalement, et malgré les demandes de relaxe de leurs avocates, les deux jeunes femmes sont condamnées à de la prison ferme. La première écope de trois mois sans mandat de dépôt et de la révocation de ses quatre mois de sursis. « Plutôt que de faire sept mois de prison en France, il vaut mieux que vous partiez rejoindre votre chéri », lui conseille la présidente. La seconde jeune femme, qui a produit des justificatifs d’emploi qui n’ont que partiellement convaincu le tribunal, écope aussi de trois mois de prison ferme, sans mandat de dépôt également.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE