Trois mois seulement après l’annonce de la scission du groupe parapétrolier TechnipFMC en deux entités distinctes, un rapport sur la rémunération des dirigeants de sociétés paru le 6 novembre dernier révèle le montant de rémunération du président-directeur général du groupe, Doug Pfederhirt.

Ce dernier affiche une rémunération totale de 11,7 millions d’euros sur l’exercice 2018, en augmentation de 10,7 %. Une nouvelle qui ne ravit pas les syndicats du groupe, lesquels rappellent que les niveaux d’augmentation de salaire pour les salariés français du groupe étaient « de 2,4 % pour la même année. »

« Une rémunération totale qui s’élève à 11,7 millions d’euros (+10,7%). » Tel est le montant de rémunération attribuée, sur vote du conseil d’administration, le PDG de TechnipFMC, Doug Pferdehirt en 2018. Publié le 6 novembre dernier, le rapport Provinxest, détaille la rémunération et estime une telle hausse de revenu du patron de TechnipFMC incohérente.

« La société affiche des pertes nettes de 1,7 milliard d’euros mais également une baisse de 16% de son chiffre d’affaires, une baisse de son cours de 61% depuis la fusion, et un contexte social très dégradé. », rappellent les auteurs du rapport. Un niveau de rémunération qui n’étonne pas les syndicats du groupe parapétrolier franco-américain.

« En 2017, il était le PDG du CAC 40 le mieux payé, alors que de 2015 à 2017, les salaires avaient été gelés pour tout le monde », se souvient, Christophe Héraud, de la CFDT TechnipFMC, syndicat majoritaire. « C’est encore plus insupportable, car le salaire du PDG est complètement décorrélé des résultats de la boite. », déplore le syndicaliste.

« C’est indécent », s’indigne Jean-Pierre Henry, délégué CFE-CGC. On a eu 2,7 % d’augmentation individuelle en 2019, ce n’est rien ». Défaitiste, celui-ci souligne que si le PDG « obtient un tel niveau de rémunération, c’est que le Conseil d’administration du groupe est satisfait. »

À la CFDT, « on en a marre d’être à la Une concernant les rémunérations de nos PDG. Nous espérons que Catherine MacGregor (future patronne de Technip Energies, l’une des deux sociétés issues de la scission de TechnipFMC, Ndlr) ne fera pas la même erreur. »

Du côté de la CGT de TechnipFMC, on s’inquiète surtout de l’attractivité du groupe. Depuis 2015, Technip France a fusionné avec l’Américain FMC. Les salariés, dans ce cadre, ont subi une pression accrue de la part des dirigeants.

Une réorganisation à marche forcée, laquelle est devenue caduque en août dernier : la direction annonçant la scission du groupe en deux entités distinctes : Spinco, un spécialiste de la construction de plateformes pétrolières ou d’usines de raffinage et Remainco, dédiée à l’assistance des productions pétrolières, gazières et sous-marines.

« On a un PDG qui s’octroie toujours plus et les salariés ne récupèrent pas derrière, déplore Emmanuelle Fraichet, de l’UGICT-CGT. On a eu quatre démissions le mois dernier dans le service tuyauterie. Ces salariés ont trouvé du boulot avec un salaire 20 % supérieur à TechnipFMC  ». Un exode qui pose « question pour ceux qui restent », explique la syndicaliste.

Contactée tardivement, la direction de TechnipFMC n’a pas eu le temps de donner suite aux sollicitations de la Gazette. En attendant la scission, le consensus est de mise concernant le futur nom de Spinco. Cette dernière s’appellera finalement Technip Energies, une « bonne nouvelle » pour les salariés et clients attachés à la marque « Technip ».

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE