Les organisations syndicales minoritaires ont refusé de signer les accords préalables à la scission du groupe TechnipFMC en deux sociétés, et demandent un examen approfondi par l’État. Contrairement à ce qu’indiquait un article publié dans la précédente édition, seul le syndicat majoritaire de TechnipFMC, la CFDT, a signé les accords en question, et ce à cinq semaines des élections professionnelles.

Le 15 octobre dernier, les deux organisations syndicales minoritaires, CFE-CGC et UGICT-CGT, ont envoyé un courrier aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale afin qu’un « commissaire à la scission indépendant » soit nommé. « Nous sommes inquiets sur la santé financière des futurs groupes et particulièrement celui qui gérera l’on-shore et l’off-shore », déplore Jean-Pierre Henry, délégué syndical central CFE-CGC chez TechnipFMC.

Le syndicat estime par ailleurs que l’accord récemment signé par la CFDT, portant sur les conditions de transfert des salariés, « n’est rien de plus que la loi ou bien des engagements tellement vagues qu’ils en sont inapplicables ». L’accord encadre les transferts de salariés jusqu’en 2022, et permettrait aux salariés refusant le transfert dans les futures structures de ne pas être considérés comme démissionnaires, mais licenciés économiquement.

Bientôt trois ans après la fusion entre le parapétrolier français Technip et le groupe américain FMC, une scission a été annoncée le 26 août dernier, et est prévue pour le début de l’année 2020. Spinco deviendrait un spécialiste sur le marché de l’ingénierie et de la construction de plateformes pétrolières ou d’usines de raffinage et de chimie. Les services de Remainco, eux, seront dédiés à l’assistance des productions pétrolières et gazières comme aux infrastructures sous-marines.

La scission répartira 37 000 salariés dans les deux entités, 15 000 chez Spinco (dont 3 000 salariés en France, Ndlr) et 22 000 chez Remainco (dont 1 500 en France, Ndlr). Des négociations entre les syndicats et la direction ont récemment eu lieu à propos des modalités de transferts des salariés d’une structure à une autre. Elles étaient aussi dédiées à la mise en place du Conseil social et économique (CSE), l’institution représentative du personnel issue de la fusion du Comité d’entreprise (CE) et du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

« Ces accords entérinent l’autonomie de la partie subsea (sous-marine, intégrée à Remainco, Ndlr) », estime Jean-Pierre Henry, de la CFE-CGC. « La CFDT a négocié ces accords en sous-marin, pour s’assurer la victoire aux élections professionnelles à venir », estime Emmanuelle Fraîchet, de l’UGICT-CGT TechnipFMC.

« Le fait que la partie « subsea » dépendait de Technip obligeait légalement le maintien des acquis sociaux des salariés en cas de scission ou de fusion. Or avec l’autonomie, il faut tout renégocier », critique Jean-Pierre Henry. « C’est totalement faux ! » réagit Christophe Héraud, de la CFDT, le syndicat majoritaire, seul signataire, qui reste convaincu des « bienfaits de ces accords pour les salariés ».

Cette opposition syndicale n’est pas nouvelle chez TechnipFMC. « La CFE-CGC était majoritaire, il y a plusieurs années avant qu’elle soit détrônée par la CFDT, donc il y a une certaine rancoeur », commente un membre de l’Association des retraités de Technip (ARTP). « À mon sens, cet accord va dans le sens des salariés », estime cet ancien cadre dirigeant du groupe, jamais syndiqué.

Dans ce contexte de scission, et de surcroît à cinq semaines des élections professionnelles en vue de l’exercice 2020, les syndicats émettent toujours des craintes à propos de l’avenir des brevets français. Sollicitée, la direction de TechnipFMC maintient son objectif de créer deux « des leaders mondiaux dans leurs secteurs respectifs. »

Selon Christophe Bélorgeot, vice-président chargé de la communication, « les futures équipes de TechnipFMC ou celles de Spinco […] sont engagées dans les plus grands projets énergétiques mondiaux […] sur de nombreuses années et en particulier dans le domaine du gaz naturel et du GNL(Gaz naturel liquéfié, Ndlr) ». La direction fait référence aux projets Arctic LNG 2 en Russie, ou Rovuma LNG au Mozambique, lesquels sont « des projets dirigés depuis La Défense.»

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE