Pour son premier match à domicile de la saison le 29 septembre dernier, Nanterre 92 recevait Gravelines-Dunkerque au palais des sports Maurice Thorez. A quelques minutes du coup d’envoi, une grande silhouette verte s’agite au milieu du terrain. C’est Dunky, la mascotte du Nanterre 92. Avec le speaker, ce soir-là, la mascotte chauffe la salle accompagnée par les irréductibles ultras de la Mafia kop Nanterre et des Dunkers.

Avec des pas de danse dont lui seul a le secret, Dunky enflamme les 3 000 supporters et les nombreux enfants présents dans les tribunes. Tous attendent impatiemment l’arrivée des joueurs sur le parquet. Curieux de savoir ce qu’était la vie de mascotte, l’intérêt de celle-ci pour un club, la Gazette a pu rencontrer l’homme qui incarne pour sa huitième saison Dunky.

« Tout est parti d’un défi entre potes, raconte Alexandre, 30 ans qui revêt bénévolement les traits de Dunky chaque soir de match à Nanterre. Je gérais déjà bénévolement la modération du forum internet du club et en voyant l’annonce postée par le club, j’ai voulu essayer. » De la blague à la passion, en outre, il n’y a qu’un pas. « J’ai tellement adoré le faire que j’entame cette année ma huitième saison en tant que Dunky », explique souriant le jeune homme.

« C’est un exutoire, un véritable défouloir. À l’exception du protocole qui est millimétré, je peux faire ce que je veux en dehors du protocole du match », explique celui qui est par ailleurs salarié dans l’informatique. « Au début c’est de l’amusement, et puis après, c’est le bonheur que tu apportes aux gens », se réjouit-il, content de pouvoir réussir à « tisser des liens avec les supporters en étant masqué et sans parler ».

« Une fois, pendant un match, je salue une famille et ils me disent « Dunky on ne vient que pour toi !», se remémore-t-il. C’est juste dingue, les gens payent leur place et emmènent leurs enfants juste pour la mascotte. » Nanterre a réinvesti dans une mascotte pour la saison 2007-2008, juste après la finale de Coupe de France. Cela fait désormais 12 ans que Dunky anime chaque match à domicile du Nanterre 92.

« L’objectif de la mascotte est de toucher un public supplémentaire et de créer du lien et de l’intérêt pour les enfants », explique le responsable du marketing et de la communication du club, Anthony Marques. « Pour l’anecdote, personne ne sait si Dunky est un crocodile ou bien un dinosaure », renchérit-il.

Cela fait partie du mythe autour de la mascotte du club, laquelle aurait « été volée, il y a de nombreuses années », selon Alexandre. Dunky est un mythe dans lequel se glisse, avec l’aide d’un assistant pour enfiler le costume, Alexandre pour enflammer le palais des sports. Mais comment vit-on un match en tant que mascotte ?

« Dunky est sur le terrain 30 min avant et part 30 min après le match. Ce à quoi il faut ajouter les quatre quart-temps de 10 min chacun et la mi-temps de 15 min, compte Alexandre. Donc je peux passer entre deux et trois heures par match dans le costume, et plus s’il y a beaucoup de fautes (lesquelles arrêtent le chronomètre, Ndlr) ou des prolongations ». Il faut donc faire le spectacle dans une combinaison pas forcément pratique.

« Les costumes de mascottes ne sont pas fabriqués pour avoir des activités dynamiques : il fait super chaud à l’intérieur, la tête est lourde et on ne voit pas grand-chose », raconte-t-il. Mais rien n’est insurmontable pour se glisser dans la peau de Dunky et faire plaisir aux supporters. Pour cela, il y a toute une préparation physique à faire et une coordination avec tous les acteurs présents pour animer ce soir de match.

« Être mascotte apprend à connaître ses limites et savoir quand il faut s’économiser et pas tout donner », relativise-t-il. Il l’a appris à ses dépens lors de deux temps morts demandés coup sur coup, qu’il devait animer : « Pour le premier, je me suis donné à fond, et j’étais claqué pour le second qui est tombé quelques secondes plus tard. »

« Je m’échauffe entre une heure et demi et une heure avant le début du match, souligne-t-il. Bien avant que les portes du palais des sports ouvrent. » Et l’échauffement est digne des plus grands sportifs. « Je cours dans les coursives à l’étage, puis je fais des étirements, des exercices, énumère Alexandre. Puis après, je redescends au bord du terrain et je continue mes étirements en même temps que les équipes. »

Une fois gonflé à bloc, Alexandre devient Dunky pendant les deux heures qui suivent. Au préalable, il lui faut d’abord se coordonner avec tous les participants de l’animation du soir : « Je dois prendre connaissance du protocole d’avant-match, connaître les heures précises pour me caler », décrit-il : « Et pendant le match, je me cale avec les animations du soir qui peuvent être faites par des cheerleaders ou des danseurs hip-hop, etc… »

C’est tout ce petit programme et une discussion avec le « speaker et la régie son » qui assurent un Dunky show réussi. « C’est très écrit et très millimétré, mais cela laisse tout de même une grosse part d’improvisation », nuance-t-il. De 2007 à 2011, il s’est arrêté un temps mais en restant impliqué en tant qu’assistant de Dunky, puis de nouveau de 2016 à aujourd’hui. Une période qui lui a permis d’incarner 177 fois la mascotte du club de basket.

Le Racing 92 et l’université Paris Nanterre misent aussi sur les mascottes

À l’instar du Nanterre 92 et Dunky, le Racing 92 et l’université Paris Nanterre ont également chacun une mascotte. Il n’est même plus nécessaire de présenter Mahout, l’éléphant bleu mascotte du Racing 92 depuis 2011, incarné par un prestataire rémunéré. Quant à l’université Paris Nanterre, elle s’est également équipée d’une mascotte en avril 2015. « Le choix de la mascotte s’est effectué par un sondage de la communauté (étudiants, enseignants-chercheurs, personnels) », explique la direction de l’université. C’est ainsi que naît Jason le mouton noir avec 49 % des suffrages. « L’objectif était de créer du lien et un sentiment d’appartenance », est-il indiqué.

CREDIT PHOTO : HÉLÈNE BRASSEUR