Le vélo est un moyen de transport de plus en plus utilisé en ville, la Défense ne fait pas exception. Ainsi, de nombreux collectifs de cyclistes fleurissent à Nanterre, Courbevoie, Puteaux ou dans d’autres villes de la région. En septembre dernier, le Collectif vélo Pold (comprendre Paris Ouest La Défense, l’établissement public territorial) a d’ailleurs été fondé avec un objectif affiché : convaincre les diverses administrations de lancer un vaste chantier, le RER V.

S’il est encore provisoire, ce nom a été donné à un projet d’autoroute à vélos qui relierait la grande banlieue à la petite couronne et Paris. Des routes réservées moins importantes relieraient aussi les villes de banlieue entre elles. Pour l’heure, les administrations ont été approchées et se sont montrées ouvertes. Le projet est cependant loin d’être entériné.

« Ce projet consiste à faire comme ils ont fait à Londres, explique Nicolas Benos, membre du Collectif vélo Pold. Il y a un système d’autoroutes à vélos. » Le collectif, né très récemment, s’inscrit ainsi dans l’objectif des différentes organisations de cyclistes d’Ile-de-France, elles-mêmes réunies sous une même bannière.

« Il y aurait un axe primaire qui irait de Cergy jusqu’au cœur de Paris en passant par Bezons et la Défense, illustre Nicolas Benos. Le but du jeu, c’est de pouvoir rejoindre Paris depuis la petite et la grande banlieue, et de proposer des radiales qui permettent d’aller de banlieue à banlieue. » Évidemment, la Défense s’avère être un point particulièrement important du projet.

« Depuis Neuilly, c’est l’accès privilégié depuis l’Ouest parisien, explique-t-il. Faire traverser la Défense sur ces autoroutes à vélos va être la grande question. » Et en effet, sur la dalle, les cyclistes sont tolérés même si l’esplanade est avant tout piétonne. « Ça risque de créer beaucoup de conflits d’usage, indique Nicolas Benos. On ne va pas envoyer l’équivalent de 5 000 vélos par heure sur la dalle. »

La solution serait donc souterraine, comme l’explique le membre du Collectif vélo Pold. De nombreux tunnels très peu utilisés, pour les livraisons notamment, pourraient ainsi être mis à profit après des rénovations « en matière de sécurité et d’éclairage » pour les cyclistes. Ces axes souterrains pourraient être utilisés pour les axes Nanterre – Neuilly et Puteaux – Suresnes.

« Ce sont des voies très larges, de très bonne qualité, qui permettent de faire passer deux cyclistes de front dans chaque sens », illustre le Courbevoisien du Collectif vélo Pold, lui-même cycliste pour la majorité de ses trajets. Pour l’instant, la carte du projet du RER V n’est pas tout à fait terminée. « C’est encore provisoire, mais d’ici fin novembre, une carte définitive va être publiée », informe Nicolas Benos.

Le salarié dans la tour PB5 se veut tout de même rassurant quant à la conduite du vaste projet. « Le collectif vélo Ile-de-France a rencontré Valérie Pécresse et Patrick Ollier (présidente du conseil régional et président de la métropole du Grand Paris, Ndlr), les deux structures ont été très intéressées par le projet, se félicite-t-il. Ils vont essayer de faire que ça se réalise. » La métropole du Grand Paris a « d’ores et déjà accepté de financer un poste dans l’association vélo Ile-de-France pour aider à développer le sujet ».

Pour lui, la création de telles voies réservées aux cyclistes permettrait « d’aider à désaturer les transports en commun » pour un coût moindre. « Les infrastructures vélo, ça n’est pas très cher à faire, assure-t-il. Et on sait que les chantiers de transport en commun, ça coûte cher et ça prend du temps. »

Le chemin est encore long, cependant, pour que le RER V voit le jour. « Le problème, c’est qu’en Ile-de-France, on a un flou. C’est difficile de savoir qui est responsable de la mise en place d’un réseau vélo », explique Nicolas Benos. Au niveau de la Défense par contre, le dialogue semble être plus simple. Une commission vélo a d’ailleurs été créée mercredi 6 novembre. Elle permettra aux cyclistes engagés de rencontrer régulièrement les responsables de Pold. « Parler d’échéance, c’est encore trop tôt. Mais on espère que ça va se faire », conclut Nicolas Benos.

Des victoires « rapides » pour les cyclistes à la Défense

Différentes associations de cyclistes des villes faisant partie de la Défense se sont réunies en un collectif dès 2012. Plusieurs de leurs propositions ont d’ailleurs été écoutées par les pouvoir publics. Le collectif vélo Défense (CVD) a vu le jour en juin 2012 et est composé de dix entités de Courbevoie, Puteaux ou encore Nanterre. A l’origine, le CVD a été fondé « uniquement pour que la dalle soit enfin accessible aux vélos », explique Béchir Kechiche, de l’association Mieux se déplacer à bicyclette (MDB) Courbevoie.

Et grande surprise pour le CVD : la dalle devient accessible aux cyclistes dès 2015. « On l’a eu en trois ans. Pour nous cyclistes, c’est très rapide, poursuit Béchir Kechiche. Généralement, on raisonne en dizaines d’années, les gens ne se rendent pas compte. On était super contents. » Après cette première victoire, le CVD ne s’est pas arrêté là et a continué à militer pour une meilleure implantation du vélo dans le quartier d’affaires et ses alentours. « Les politiques avaient besoin d’interlocuteurs en face », explique Béchir Kechiche.

« Dans le cadre du projet Eole (le rallongement de la ligne de RER E vers Mantes-la-Jolie, Ndlr), il se trouve que la SNCF construit un nouveau pont au-dessus de la Seine à Nanterre », indique à son tour Michel Mathys, retraité et membre co-fondateur du Collectif vélo de la commune. « Les associations de cyclistes, dont le CVD, ont demandé à ce que soit étudiée une passerelle piétons et vélos qui n’était pas prévue dans le projet initial, poursuit le Nanterrien. La SNCF a accepté de faire l’étude et a chiffré les travaux à 9 millions d’euros. »

Le CVD a ensuite dû trouver des financeurs : la Région, Nanterre, le territoire des Boucles de la Seine et les Hauts-de-Seine ont donné leur aval en juin dernier. « Avoir un pont cycliste, c’est une fierté pour nous, assure Béchir Kechiche, ravit de voir le projet aboutir. Sans le CVD, ce pont n’aurait pas existé. »

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE