En plein après-midi du samedi 2 novembre, un jeune homme masqué a été surpris avec deux couteaux de cuisine face au restaurant McDonald’s du Westfield les 4 Temps. Le suspect de 23 ans a immédiatement été interpellé par la police, prévenue par une passante, et placé en détention provisoire après avoir blessé un policier en se débattant. Lors de son audition, le jeune prévenu au lourd passé psychiatrique a expliqué aux agents qu’il avait simplement voulu faire des vidéos pour les publier sur le réseau social Snapchat.

Lors de son procès au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre mardi 5 novembre, il a assuré ne pas avoir fait exprès de blesser l’un des policiers qui l’interpellaient. Tant bien que mal, il a expliqué qu’il n’avait voulu faire peur à personne et a martelé qu’il n’avait aucun problème psychiatrique, fait qui a laissé le tribunal plus que dubitatif. Il a finalement été condamné à une peine de prison ferme.

« J’ai utilisé le couteau comme accessoire, comme au cinéma. C’était pour des likes sur internet », explique le jeune homme dans le box des accusés à Nanterre mardi 5 novembre. Le tribunal reste pantois face à cette déclaration suivie de brefs regrets. « Clip sur Snapchat ou pas, il est interdit de se balader avec un couteau », lui rétorque la présidente de séance.

Samedi 2 novembre au début de l’après-midi, une femme croise la route de ce Bougivalais de 23 ans à la sortie du T2 à la Défense. « Je descendais du tram près de l’hôtel Pullman, détaille la femme aux policiers. Il mettait un foulard sur son visage, deux couteaux étaient posés près de lui. Il est allé sur l’esplanade en roulant des mécaniques. » Alertée, elle décide d’appeler la police, qui intervient immédiatement.

Les agents retrouvent le jeune homme au visage masqué face au restaurant McDonald’s du Westfield les 4 Temps. Les couteaux ne sont alors pas visibles : il les a cachés dans les manches de sa veste. Mais il ne se laisse pas faire. S’ensuit une empoignade durant laquelle un policier est blessé à la main par l’un des couteaux du jeune, qui a transpercé la manche de sa veste. Il se voit prescrire sept jours d’Incapacité totale de travail (ITT). Une de ses collègues manque d’être blessée au visage lors d’un geste brusque du jeune, dont les agents estiment qu’il a été délibéré.

« Je ne suis pas un terroriste, plaide le jeune homme. Je n’avais pas décidé de faire de mal à quelqu’un ou de planter un flic. » Son avocat tente, quant à lui, de faire requalifier les faits en rébellion et blessure involontaire. « Il s’est débattu. On peut supposer qu’il n’était pas animé des meilleures intentions », lui assène le conseil des parties civiles. Le policier blessé au doigt est lui aussi présent dans la salle et demande réparation.

La présidente de séance, elle, s’attarde sur le lourd passé psychiatrique du jeune homme au casier judiciaire vierge. S’il assure ne pas avoir de problème, la juge lui fait remarquer : « Vous avez pourtant été hospitalisé deux ans. » Une expertise psychiatrique a d’ailleurs été menée en vue de l’audience. Le médecin a ainsi décelé « un risque important d’un nouveau ­passage à l’acte ».

Alors que la procureure requiert huit mois de prison dont deux avec sursis, en plus d’une obligation de soin et de travail, l’avocat de la défense s’interpose. « Une injonction de soins renforcés serait plus utile qu’un maintien en détention », estime-t-il en s’appuyant sur les recommandations du psychiatre qui a examiné le jeune homme.

« L’intention n’était pas grave mais débile, concède-t-il ensuite. En tout état de cause, vouloir des likes, ce n’est pas répréhensible. » Mais la plaidoirie de l’avocat ne convainc pas le tribunal, qui suit les réquisitions de la procureure et ajoute à la peine de prison une interdiction de se présenter au Westfield les 4 Temps ainsi qu’une interdiction de détenir une arme. Deux policiers qui se sont portés partie civile percevront au total 2 000 euros. « Je refuse ! Je ne suis pas fou, crie le jeune homme alors qu’il se fait menotter. Je ne ferai aucun soin psychiatrique. »

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.