La profonde méconnaissance du fonctionnement des moteurs de recherche en général, et de l’archi-dominant Google en particulier, est-elle dommageable aux patrons et cadres supérieurs français ? Ce jour de septembre dans l’incubateur de la tour Coeur Défense, elle l’est manifestement pour la quinzaine de présents, du start-upper vingtenaire à l’inventeur octogénaire, en passant par les quadras et quinquas en reconversion professionnelle.

Au programme ce 18 septembre : un atelier d’une heure prodigué par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-Seine portant sur le référencement « naturel » et le référencement payant. Il vise tant les créateurs de jeunes pousses hébergées au sein du Catalyseur, l’incubateur d’entreprises de l’établissement public territorial Paris Ouest La Défense (Pold), que des inscrits conseillés par la CCI, dont beaucoup d’anciens salariés en reconversion.

« 93 % des recherches passent par Google », indique à la petite assistance Thierry Stahl, l’expert digital de la CCI des Hauts-de-Seine et enseignant au Conservatoire des arts et métiers (Cnam). « Un cours en université, c’est 80 h minimum, là, on va procéder avec une approche métier très pragmatique, pour voir ce qui fonctionne », annonce-t-il à de jeunes ou futurs patrons qui pensaient pour certains trouver à l’atelier tout ce qu’il leur faudrait pour se lancer, et surtout se promouvoir efficacement.

« La SEO (Search engine optimization, Ndlr), c’est le référencement dit naturel ou organique », entame-t-il des résultats de recherche proposés par Google. L’enseignant diffuse alors un résultat de moteur de recherche. Sur la page, le premier site internet n’ayant pas payé n’est que le cinquième affiché, les quatre autres comportant « annonce » en petits caractères. C’est une première découverte pour une partie de l’assistance.

Une future naturopathe, un coach, une jeune patronne se lançant dans le e-commerce demandent comment parvenir sur la première page de Google avec des recherches sur leurs noms de métiers. La réponse tombe, négative : « Sur certains secteurs d’activité, je ne serai jamais devant. » Il précise, des géants du e-commerce : « Ils ont des équipes qui bossent dessus toute la journée.  » Seul salut pour certains : payer de la publicité, assurant la visibilité… mais nécessitant d’en surveiller de près la rentabilité.

L’expert recommande d’essayer d’apparaître sur les trois premières pages de recherches très spécifiques, avec plusieurs mots-clés. « À chacun de vos secteurs, il va falloir arriver à travailler sur des mots-clés de la longue traîne avec une offre qui se différencie, travailler la SEO avec des mots-clés plus précis, enjoint Thierry Stahl. Maintenant, le travail se fait au minimum avec trois à quatre mots-clés, sur des mots génériques, il y a trop de concurrents. […] et la multiplication des mots-clés rapproche de l’acte d’achat. »

Les créateurs de jeunes pousses présents posent des questions plus précises, avec un ton cependant parfois un peu désespéré face aux difficultés manifestement rencontrées pour bien se faire référencer. « Le niveau de connaissance est très bas », analyse sans concession l’enseignant en fin d’atelier. « Les start-up, c’est le pire, note-t-il. Ce sont des ingénieurs, des techniciens, ils ne sont pas dans les secteurs marketing et commerciaux, c’est un problème qu’ils ont souvent. » Il précise que c’est également un problème en cas de demande à des prestataires extérieurs, notamment pour évaluer les devis.

À la sortie de l’atelier, Guillaume, stagiaire à 24 ans dans une jeune pousse de conseil aux entreprises, s’indigne de son propre manque de formation en la matière, lui qui a dû apprendre sur le tas. « J’ai fait une école de commerce, on nous forme en marketing mais pas en SEO, […] alors que sans SEO, tu ne vas nulle part : les écoles ont un train de retard, déplore-t-il très directement. Mes potes ont aussi fait des écoles de commerce, soit on leur en parle dans leur boulot, soit c’est du chinois. Les deux fondateurs [de la société] sortent d’écoles de commerce « top 4 » et n’étaient pas non plus formés. »