Comment alimenter en électricité les petits conteneurs métalliques faisant office de stations de recharge pour les trottinettes de la start-up française Wetrott’, tout en évitant les câblages disgracieux parcourant la dalle piétonne de la Défense ? Le gestionnaire du quartier comme l’institut public hébergé dans ses locaux comptent sur la production d’énergie renouvelable directement sur place, mais hésitent encore sur le mode le plus efficace : les pas des piétons, le rayonnement solaire ou les flux d’air des vents qui soufflent sur la dalle.

Paris La Défense et Efficacity (créé en 2013 à l’initiative de l’Etat, il rassemble universités, industriels et bureaux d’études, Ndlr) lancent un appel à projets nommé Oasis luxuriante, permettant des candidatures jusqu’au mercredi 23 octobre. Si leur premier usage sera donc destiné à alimenter les stations de recharge de trottinettes, les deux institutions souhaitent dans un second temps pouvoir y brancher des modules d’alimentation électrique des foodtrucks, ou des bornes de recharge de vélos, dans le cadre d’un programme Oasis comprenant quatre types de modules (voir encadré).

« De plus en plus de services, éphémères ou non, […] nécessitent une connexion à une source d’énergie », expose l’appel à projets : « Bulles de ventes temporaires, bornes de recharge de vélos et trottinettes électriques, animations connectées, signalisations temporaires… » Mais les usagers du quartier d’affaires, qu’ils circulent à pied, en trottinette, à vélo ou en monoroue, apprécient modérément de devoir franchir les câblages de plus en plus présents pour les alimenter.

« Les contraintes d’accessibilité au réseau sur l’esplanade et le développement de services énergivores sur l’espace public de Paris La Défense, invitent à repenser les moyens classiques de production et de mise à disposition de l’énergie », résume donc du besoin cet appel à candidatures. L’objectif est donc ici d’implanter « des systèmes plus modulaires et flexibles » de production électrique autonome « tout en intégrant les problématiques de la transition énergétique ».

Alors, il est proposé de baser ces modules de production d’électricité sur l’énergie piézoélectrique, c’est-à-dire sur la récupération de l’énergie mécanique des pas des piétons, ou sur les solutions plus traditionnelles que sont les énergies solaire et éolienne. Trois candidats seront sélectionnés pour un an afin d’expérimenter leurs prototypes dont la production électrique est « l’enjeu essentiel », afin de « maximiser la production possible par rapport aux potentiels existants ».

Car l’objectif poursuivi en la matière, comme les contraintes inhérentes à la dalle piétonne et le souhait que ces modules soient déplaçables, semblent relativement ambitieux. L’alimentation électrique des stations de recharge des trottinettes Wetrott’ nécessite ainsi une production quotidienne estimée à 3,45 kWh, avec une puissance maximale possible de 1 350 W si toutes les trottinettes sont en cours de recharge.

Pour mémoire, un panneau solaire standard de 1,7 m² peut produire environ 300 W dans des conditions idéales d’implantation et au meilleur moment de la journée. Par ailleurs, la dalle piétonne du quartier d’affaires permet de supporter de 250 kg/m² à 500 kg/m². Les concepteurs des modules de production auront donc fort à faire, sans oublier d’intégrer « un dispositif de sensibilisation à l’énergie produite », afin de « rendre l’énergie visible sur l’espace public ».

Trois autres Oasis électriques à venir

Au-delà des Oasis luxuriantes faisant l’objet de cet appel à projets de production d’électricité à base de sources renouvelables, l’établissement public Paris La Défense et l’institut public Efficacity comptent mettre en place trois autres Oasis liées à l’énergie électrique sur la dalle piétonne du quartier d’affaires. L’objectif global est de répondre aux besoins suivants : « Une offre d’énergie mobile sur l’espace public en lien avec de nouveaux usages et services, une production et une distribution d’énergie locale et renouvelable, une communication pédagogique sur la maîtrise des consommations d’énergie. »

L’Oasis café serait ainsi un « module mobile de stockage et de distribution d’énergie sur l’espace public permettant d’alimenter des services sur l’espace public de type coffee truck et foodtruck ». L’Oasis kiosque serait de son côté un « kiosque proposant des services diversifiés et évolutifs, autonome en énergie grâce à une autoproduction ». Enfin, l’Oasis to go désigne un « kiosque proposant des services diversifiés et évolutifs, autonome en énergie grâce à une autoproduction ».