Particulièrement choquées, elles sont venues témoigner au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre mercredi 2 octobre. Deux vieilles dames qui affirmaient être victimes de plusieurs vols à leur domicile à Boulogne-Billancourt en juin dernier ont toutes deux porté plainte contre leur aide ménagère. Cette dernière n’avait pas jugé utile de se rendre à l’audience.

Les deux femmes, toutes deux âgées de plus de 85 ans, se sont présentées sans avocat. Elles s’étaient portées partie civile, et ont demandé un dédommagement. Mais c’est surtout la perte de leurs souvenirs qui les a affectées, tout comme le sentiment de « confiance bafouée », selon l’une d’elles. Absente à l’audience, la femme de ménage n’avait pas non plus de défenseur.

« C’est un très gros choc de voir que des choses disparaissent comme ça », explique une plaignante, âgée de 92 ans, la gorge serrée. Dépendante, elle se déplace très difficilement mais a tenu à venir témoigner. En juin dernier, elle a remarqué la disparition de bijoux dans son appartement de Boulogne-Billancourt. « De l’argent » liquide a aussi disparu, assure-t-elle. Elle demande plus de 4 800 euros de dédommagement et s’était déjà portée partie civile.

« Le préjudice est surtout moral, c’est nos souvenirs », renchérit la seconde plaignante, octogénaire. En plus de 350 euros, dont ses « gains du loto », de « beaux napperons qui étaient à [sa] tante » ont disparu. « Ce n’est pas bien, je ne comprends pas : on fait confiance, on est handicapées, on a besoin de se faire aider et voilà », soupire-t-elle, visiblement touchée par le vol. Déboussolée, elle n’a « pas d’idée » quant à la somme qu’elle souhaite demander en réparation, mais se porte partie civile à l’audience.

La femme de ménage « n’a pas jugé bon » de venir au procès, constate le président. « Son précédent employeur s’était séparé d’elle pour des faits similaires », rappelle le procureur. Elle avait ainsi fait l’objet de plaintes et de signalements de la part de clients. Une perquisition menée chez elle n’a pas été concluante, mais il assure que même sans preuves ADN ni vidéos, « les éléments accablent » la prévenue qui ne travaille plus dans son entreprise aujourd’hui.

« En prenant en compte le sentiment de trahison » éprouvé par les deux plaignantes, le ministère public requiert huit mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende. Des réquisitions retenues par le tribunal, qui condamne aussi la prévenue à verser au total 5 500 euros de dédommagement aux personnes âgées.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE