Si les cinq immeubles d’Archipel, dont une tour d’une centaine de mètres de haut, ne constituent pas en eux-mêmes une difficulté particulière pour l’entreprise qu’est Vinci, leur chantier lui-même est l’objet de toutes les attentions du groupe de BTP. Son futur siège, en chantier à Nanterre et surtout à deux pas de la Défense, à un jet de pierre de l’Arena, est en effet imbriqué entre deux autres chantiers de grande envergure et bientôt trois, dont l’un n’est autre que celui des rails et d’une future gare du réseau RER E.

Près de 4 000 salariés doivent emménager en 2021 dans quatre des cinq immeubles. Ceux-ci sont actuellement construits sur une parcelle oblongue de 300 m de long mais seulement 40 m de large, coincée entre le boulevard de la Défense et la tranchée des futures voies comme de la gare Eole de Nanterre – la folie, dont la construction impose des délais très spécifiques aux travaux de l’Archipel.

La structure technique des bureaux que proposera l’Archipel est constituée par « 22 charpentes métalliques en mégastructure » portant des bâtiments sous lesquels passeront les futurs RER.

Dans le quartier des Terrasses, comprenant logements, sièges sociaux et commerces, impossible également de multiplier les nuisances pendant le chantier. Ce dernier, pour Vinci, représente donc une bonne occasion de se montrer à la hauteur du statut de l’entreprise, quelque peu écorné l’an dernier en région parisienne, lorsqu’une de ses centrales à béton de Nanterre (dédiée au projet Eole, Ndlr) a déversé des résidus de ciment en Seine.

« Le bâtiment est construit en grande partie sur des ressorts, un peu sur le même concept que les bâtiments sismiques au Japon (ainsi que certains immeubles des Terrasses, Ndlr), expose d’un des éléments les plus techniques des futurs bâtiments l’un des responsables du groupe de BTP lors d’une réunion destinée aux Nanterriens et proposée le 12 septembre. Quand les trains passent, les vibrations sont absorbées par les structures des sous-sols. »

Le chantier nécessite une étroite coordination avec la SNCF, qui réalise partiellement sous les bâtiments une gare et des rails du RER E (dont la mise en service est prévue en 2022, Ndlr).

Plus de 74 000 m² de bureaux, 1 000 m² de commerces, quatre bâtiments représentant cinq immeubles dont une tour d’une centaine de mètres de haut sont prévus. Leurs concepteurs ? L’architecte-ingénieur Marc Mimram, spécialiste des ponts et structures métalliques, ainsi que Jean-Paul Viguier, bien connu des usagers du quartier d’affaires par l’intermédiaire de sa tour Coeur Défense, érigée en plein centre de la dalle.

L’autre élément saillant de la structure technique des 74 000 m² de bureaux que proposera l’Archipel est constitué par « 22 charpentes métalliques en mégastructure » portant des bâtiments sous lesquels passeront les futurs RER. Ces pièces «  pèsent une quarantaine de tonnes » d’une « structure mixte en acier rempli de béton pour les structures en V » (les poteaux horizontaux étant uniquement en métal, Ndlr), et Vinci a dû, pour les poser, faire venir une grue dédiée apte à porter des charges de plus de 500 t.

Mais il a surtout fallu les poser en intégralité en moins de 48 h, symbolisant l’une des difficultés de ce chantier où travaillent plus de 400 personnes (un nombre qui sera porté à 800 au plus fort de son activité, Ndlr). Il a en effet nécessité une étroite coordination avec la SNCF, qui réalise partiellement sous les bâtiments une gare et des rails du RER E (dont la mise en service est prévue en 2022, Ndlr). « C’était vraiment une étape importante, qui nous a fait tous trembler pendant quelques mois », témoigne-t-on chez Vinci à la réunion.

Vinci devra bientôt composer avec le chantier qui sera mené pour transformer le boulevard de la Défense en une voie plus urbaine, élargie notamment à destination des piétons.

L’imbrication des futurs bâtiments et de la gare est telle que l’entrée de cette dernière se fera, du côté des Terrasses, par un porche passant sous les bureaux de l’un d’eux. Jusque-là locataire à Rueil-Malmaison, Colombes et d’autres localisations des Hauts-de-Seine, Vinci sera entièrement propriétaire de son nouveau siège, à l’emplacement choisi afin d’éviter à ses salariés de devoir déménager.

En attendant, le groupe de BTP doit mener le chantier, terrassement compris, dans un espace restreint délimité par la tranchée d’Eole et le boulevard de la Défense, soit 40 m de large, sans bloquer ni la circulation, ni l’avancée des travaux de la SNCF. Cette dernière, hors des 48 nécessaires à la pose des structures métalliques faisant office de soubassement, a également accepté de mettre à disposition des emprises… mais là encore avec des délais précis d’utilisation.

Le groupe de BTP doit mener les travaux dans un espace restreint délimité par la tranchée d’Eole et le boulevard de la Défense, soit 40 m de large, sans bloquer ni la circulation, ni le chantier de la SNCF.

Il faudra aussi bientôt, pour les équipes de Vinci, composer avec le chantier qui sera mené à l’initiative du conseil départemental des Hauts-de-Seine pour transformer le boulevard de la Défense en une voie plus urbaine, élargie notamment à destination des piétons. Le tout en maintenant une bonne coordination avec un autre chantier exceptionnel, celui d’Origine et de Nouvelle vague, ensemble immobilier de logements et bureaux avec une structure mélangeant béton et bois, érigé face à la Paris La Défense Arena par Icade.

Même la première base-vie des salariés travaillant à quelque mètres, si elle est plus anecdotique, semble symboliser la valeur du bon déroulement de ce chantier pour Vinci : la façade de l’empilement de préfabriqués est en bois. « On a été demandeur et c’est une proposition de Vinci, témoigne un responsable de Paris La Défense, l’établissement public aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires. L’idée était celle d’une base-vie qui s’insère de la manière la plus sympathique possible par rapport aux riverains, la plus habillée possible. »

En chiffres

74 000 m² de bureaux
800 places de stationnement
71 500 m3 de béton
6 441 t d’armatures en acier
2 200 t de charpente métallique
120 000 m3 de terres déplacées
510 000 h de travail
8 jours par étage de la tour