La bombe est venue d’Europe 1 mercredi matin, par la plume comme la voix de l’éditorialiste Michaël Darmon : le président de la République, selon une note interne consultée par la radio, envisagerait d’accorder la fusion demandée par les conseils départementaux des Yvelines et des Hauts-de-Seine. Mais cette validation serait conditionnée à l’intégration d’élus et militants LREM au sein de listes lors des élections municipales, puis départementales.

Dans la journée, du côté de l’Etat, l’information est démentie tant par l’Elysée que par le ministère chargé des relations avec les collectivités territoriales. Le commentaire est identique au sein des deux conseils départementaux, engagés dans un rapprochement de leurs services depuis maintenant quatre ans. Ils continuent cependant d’espérer leur fusion prochaine, tablant sur un processus achevé d’ici aux prochaines élections départementales, en 2021.

« Jusqu’à présent, le gouvernement y avait toujours mis son veto. Or, selon des informations d’Europe 1, l’Elysée vient de lever cette interdiction. Le feu vert a discrètement été donné au printemps par Emmanuel Macron, assure la radio mercredi 18 septembre sur son site internet. L’Etat négocie désormais la fusion entre ces deux bastions de droite. »

« Selon une note qu’Europe 1 a pu consulter, la négociaton prend l’allure d’un raid sur la droite régionale, avec un deal à la clé, précise ce matin-là au micro l’éditorialiste politique Michaël Darmon, également auteur de l’article. En échange de la fusion, les « marcheurs » seront intégrés dans les listes aux municipales, puis aux départementales, afin d’être capables de prendre la Région Île-de-France en 2021. On le voit, Emmanuel Macron enjambe déjà les municipales et vise les régionales avec une cible : Valérie Pécresse. »

Les démentis pleuvent le jour même, suite aux sollicitations de la presse. « Aucune décision n’a été prise […] Aucun feu vert n’a donc été donné par la présidence », indique au Parisien l’Elysée. « Aucune décision n’a été prise », répète-t-on aussi à plusieurs reprises au cabinet du ministre Sébastien Lecornu (LREM), sollicité par La Gazette, et ce malgré le maintien de ses informations par l’éditorialiste d’Europe 1.

« Sébastien Lecornu, en tant que ministre chargé des collectivités territoriales, a rencontré les présidents des deux Départements pour en parler, à la suite du voeu [qu’ils ont formulé], poursuit-on au ministère. Notre objectif, c’est de présenter un scénario avec toutes les implications au président, […] et ce sera au président de décider dans le cadre d’une réflexion plus globale sur le Grand Paris (en 2017, le préfet de région avait recommandé la suppression des Départements de petite couronne, provoquant une levée de boucliers de leurs responsables politiques, Ndlr). »

Le son de cloche est strictement identique du côté des deux conseils départementaux. « Le feu vert n’a pas été confirmé par le gouvernement », indique laconiquement celui des Hauts-de-Seine. « L’Etat, pour le moment, est en train de s’instruire sur ce que nous faisons, et d’en comprendre l’intérêt », développe vendredi matin son président Patrick Devedjian (LR), en aparté d’une présentation des bilans de santé en école maternelle, dont les modalités sont inspirées d’un dispositif yvelinois.

« On est au même point qu’il y a six mois, commente pour sa part son homologue des Yvelines, Pierre Bédier (LR). « Cette fausse info ne venait pas des Yvelines, pas plus que des Hauts-de-Seine, nous sommes trop respectueux de l’institution présidentielle pour parler à sa place, précise-t-il. On est toujours dans ce moment d’instruction du dossier, on est toujours convaincu de la pertinence de ce rapprochement, on ne change pas de cap et en aucun cas on anticipe, même si nous, on continue. »

Selon lui, aucune décision ne sera officialisée avant les élections municipales. Il souhaite cependant qu’une décision « intervienne à l’été 2020 » afin de permettre des élections départementales, prévues en 2021, dans un unique département. « Tous les jours, nous sommes un peu plus fusionnés : avant d’être un fait juridique, c’est une réalité tangible », analyse de con côté Patrick Devedjian, qui s’affirme « patient et persévérant ».

« Pour moi, la note évoquée est du n’importe quoi, ils expliquent qu’ils vont faire entrer des élus « marcheurs » sur des listes, c’est une déconnexion de la réalité politique que nous vivons actuellement », jauge sèchement Isabelle Florennes (Modem), députée de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, à cheval sur Nanterre et Suresnes. « Les parlementaires des Hauts-de-Seine ont été consultés par le ministre [Sébastien Lecornu] mi-juillet, il y a des réticences [à la fusion] », rappelle-t-elle par ailleurs. « On ne sait même pas si ça bougera dans cette mandature », estime donc la parlementaire, qui appelle plutôt à la continuité des coopérations entre les Départements « dossier par dossier ».