Un détenu de la maison d’arrêt de Nanterre a été condamné à une nouvelle peine de prison ferme mercredi 11 septembre. Il était accusé, avec sa sœur qui comparaissait libre, d’avoir fait passer du cannabis en prison, mais aussi d’avoir utilisé un téléphone portable. Lors de l’audience, il expliquait qu’il avait agi sur ordre d’autres détenus qui menaçaient de le frapper s’il n’obéissait pas.

« Je vous assure que quand tu es en détention, soit tu le fais, soit tu sors sur une civière », expose le jeune homme au tribunal. Épileptique, il jure par ailleurs avoir lui-même arrêté de consommer du cannabis, même si une petite quantité de drogue a été découverte dans sa cellule lors d’une perquisition : « Ça fait deux semaines que je n’ai pas touché à un joint. »

À l’audience, des agressions subies par le prévenu, âgé de 19 ans, survenues lors de son incarcération sont d’ailleurs évoquées par la présidente de séance. Des faits corroborés par la sœur du jeune majeur, elle aussi à la barre. « Quand il n’avait pas de cannabis, il se faisait parfois agresser en prison », explique celle qui était jusque là une visiteuse régulière.

Le 7 août dernier, la jeune femme de 25 ans et mère d’une petite fille de six ans arrive au parloir. Son sac diffuse « une forte odeur de stupéfiants », mais aucune trace de drogue n’est trouvée par les surveillants. Quelques 14 grammes de drogue sont finalement découverts dans « le pli fessier » du jeune homme après la visite. Il est rapidement apparu aux enquêteurs qu’il avait utilisé un téléphone pour demander à sa sœur, au casier judiciaire vierge, de lui apporter cette dose de cannabis.

La jeune femme, assistante de gériatrie en CDI dans une entreprise privée, qui aspire à devenir aide-soignante, tente de défendre son frère avec qui elle entretien « une relation fusionnelle » à l’audience. « Il a eu des problèmes parce qu’il a de mauvaises fréquentations », explique-t-elle. « Les trafiquants de drogue ne sont pas des gens gentils », lui assène la présidente de séance en citant les neufs condamnations passées du jeune homme. Parmi elles, des faits de violences, de vols ou encore des affaires de stupéfiants.

« Le trafic de stupéfiants est un fléau, surtout en prison », estime de son côté le procureur face au prévenu qui une dernière fois, tente d’expliquer qu’il a agi sous le coup de menaces. « Je sais que j’ai déjà une peine lourde, commence le jeune homme. Je n’ai pas envie qu’elle soit alourdie pour quelque chose que j’ai fait pour quelqu’un d’autre. » Il est aussi soutenu par sa sœur aînée, ce qui n’échappe pas aux magistrats.

« Elle veut prendre une partie des faits pour elle pour ne pas accabler son frère », analyse le procureur de la République. « C’est plus moi la fautive que mon frère », poursuit la jeune femme après les réquisitions en demandant que son portable, placé sous scellé, lui soit rendu. Elle explique en avoir besoin pour son travail. Il ne lui sera finalement pas restitué.

Malgré l’énergie que la jeune femme met à défendre son frère, elle n’arrive pas à convaincre la présidente de la séance, Dominique Marcilhacy. « Le pauvre petit chéri qui se fait frapper, laissez-moi rire », lance-t-elle. La juge rappelle que le prévenu a déjà été condamné pour des violences ayant entraîné plus de huit jours d’incapacité totale de travail.

La jeune femme écope d’une peine de quatre mois de prison avec sursis. « Une peine dissuasive » selon le procureur, mais qui lui permettra tout de même de rester près de sa fille et d’exercer son métier. Son frère, qui devait sortir de prison en décembre, passera six mois de plus en détention. « Je resterai en cellule mais au moins, il ne m’arrivera plus rien », conclut-il.

Alors que son frère, dans le box, est menotté pour être reconduit en prison, sa sœur s’avance vers la présidente de séance et évoque un potentiel droit de visite à la maison d’arrêt de Nanterre. La magistrate s’exclame qu’évidemment, les deux n’auront très probablement plus le droit à des visites en parloir : « Enfin vous pouvez demander, mais avec ce que vous avez fait, n’y comptez pas. »

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.