Du conseil en informatique aux pâtisseries afro-chic, il n’y a qu’un pas pour Nafy Ndiaye. Après avoir été consultante en gestion de projet informatique dans le quartier des affaires parisien, cette mère de famille nanterrienne de 37 ans se reconvertit dans la création de gâteaux décorés selon le wax, le bogolan et le madras, des motifs afro-caribéens.

Ces derniers enjoliveront le comptoir d’un salon de thé et espace de travail partagé afro-chic dont l’ouverture est prévue début 2020, et dont Nafy Ndiaye complète le prêt bancaire par une campagne de financement participatif (voir encadré). Le filon, l’ancienne étudiante de l’Ecole de management Léonard de Vinci (EMLV) l’a trouvé en liant plusieurs aspects importants de sa vie : la pâtisserie, sa culture africaine et ses compétences en management.

« Tout est parti d’un gâteau factice que j’avais décoré avec des motifs inspirés du wax », se remémore-t-elle. Le concept, inspiré des motifs égayant les traditionnels boubous, plaît à sa famille et ses amis qui la motivent à faire de vrais gâteaux. En parallèle de son travail de consultante fort bien payée, cette mère de famille enchaîne les créations et les gâteaux pour les anniversaires et les mariages.

Le bouche-à-oreille et son compte Instagram, sur lequel elle publie ses créations, font exploser son carnet de commandes. Depuis le début de l’aventure courant 2017, la jeune entrepreneure a confectionné tout en travaillant pas moins de 300 gâteaux, dont 30 pour des mariages. « J’ai des commandes en wedding cakes jusqu’à juin 2020 », se réjouit-elle.

« C’est surtout le titre de « coup de coeur du jury » à la Foire de Paris en 2018 qui a fait office de déclic pour moi, se rappelle-t-elle. Cela faisait deux ans que je publiais mes photos de gâteaux sans que personne ne reprenne le concept. » Ne voulant pas avoir de regrets et voir filer son idée, elle décide de se lancer à la suite de la naissance de son troisième enfant, il y a quelques mois.

Nafy Ndiaye s’est appliquée, samedi 7 septembre, à la décoration d’un gâteau de mariage qui lui a été commandé. La patience est de mise pour un travail de 4 h environ.

« Je me suis posé la question : est-ce que je veux reprendre mon travail à la rentrée ? », se souvient-t-elle. « J’ai cette passion qui est là, et mon poste de manager étant très prenant, je ne voulais pas que mon temps avec ma famille soit sacrifié », argue-t-elle. La cheffe d’entreprise va en effet pouvoir confectionner ses gâteaux et gérer son salon de thé « sans avoir à rentrer à des heures tardives comme auparavant », espère-t-elle.

« Je solde actuellement mes congés après une rupture conventionnelle pour bien préparer cette aventure », détaille-t-elle. Pour ce faire, la néo-entrepreneure a approché la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-Seine. « Au-delà de l’aide financière de 20 000 euros, j’ai pu intégrer une formation intensive de cinq jours permettant de penser mon business plan, le statut juridique de la société ou encore la gestion administrative », détaille Nafy Ndiaye.

Comment décliner en société son idée ? Ce sera un salon de thé afro-chic. Le business plan prévoit la vente de gâteaux et d’épicerie fine salée comme sucrée, toujours sur le thème de l’Afrique. Certains objets de décoration inspirés de la culture et du savoir-faire africain seront également à l’honneur. Sans que les prix ne soient encore figés, le projet repose sur des parts de gâteaux à 5 euros environ.

Enfin, elle prévoit un espace de coworking complètement intégré au salon de thé et à la boutique. « L’objectif est d’attirer autant le cadre supérieur pendant sa pause que l’indépendant ou l’étudiant qui a besoin d’un cocon pour travailler », précise Nafy Ndiaye. Elle compte proposer ce service à 5 euros de l’heure ou 25 euros la journée, des tarifs proches d’autres espaces de cotravail de la Défense.

Un crowdfunding à succès pour boucler le budget de son salon de thé

Dans le cadre de la création de son salon de thé afro-chic à Nanterre, Nafy Ndiaye a suivi une formation au sein de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), durant laquelle les banques et un opérateur de crowdfunding sont intervenus. Après avoir ficelé son projet avec les établissements bancaires, « il fallait encore couvrir l’achat du stock, de la vaisselle, de la décoration et du mobilier, soit 30 000 euros ».

Nafy Ndiaye s’est donc tournée vers le financement participatif en créant une campagne de 40 jours sur le site internet Kisskissbankbank. « Le projet plaît, à la moitié de la campagne, nous étions à 8 779 euros obtenus à l’aide de 177 contributeurs, se félicite-t-elle. Si tout se passe bien, le premier palier [de 10 000 euros] devrait donc être atteint ». En début de semaine, le compteur était à plus de 9 000 euros. La présentation du concept et la campagne de financement se trouvent sur le compte Instagram et la page Facebook du projet : le Kori doré.