Chaque jour, les Altoséquanais empruntant l’A86, l’A14 ou l’A13, et plus généralement l’ensemble des grands axes rapides d’Île-de-France constatent leur progressive saturation. Le Forum métropolitain du Grand Paris (ex-Paris métropole, Ndlr) a réuni l’ensemble des acteurs publics franciliens et des équipes d’urbanistes afin d’étudier « les routes du futur du Grand Paris », d’ici à 2030 et 2050. Chez les spécialistes consultés, un point fait consensus : la création de nombreuses lignes de bus supplémentaires de banlieue à banlieue, pour désengorger les grands axes routiers.

Depuis son inauguration jeudi 5 septembre et jusqu’à ce samedi 14 septembre, l’Agora nanterrienne présente sur des panneaux les propositions de quatre équipes de techniciens et chercheurs pour repenser les routes d’Île-de-France d’ici à 2030 puis 2050. Si l’ambition semble récolter l’approbation des élus, le financement de ces mesures fait réapparaître les clivages politiques traditionnels des décideurs politiques franciliens.

« La ville est traversée par de nombreux grands axes dont certains, auparavant nationaux, ont été conçus comme de véritables autoroutes urbaines », indiquait de sa perspective sur le passé l’édile de Nanterre, Patrick Jarry (DVG), dans le magazine municipal annonçant l’exposition. « Avant, nous construisions les infrastructures, puis ensuite on répondait à la question des transports pour y aller, note au soir de l’inauguration le maire de Courbevoie Jacques Kossowski (LR). Il faut désormais penser en premier la façon dont on va dans un endroit avant d’y construire. »

Quatre équipes d’urbanistes, d’architectes, de paysagistes et de sociologues ont travaillé pour proposer des pistes d’évolutions des grands axes routiers, du boulevard périphérique à la Francilienne en passant par l’A86. Leurs conclusions sont exposées depuis juin au Pavillon de l’Arsenal parisien, et de manière itinérante en Île-de-France, à l’instar de la session nanterrienne.

Selon ces spécialistes, le bus serait à court terme la solution incontournable à une réduction de la densité du trafic, donc des embouteillages, comme des émissions de gaz à effet de serre. L’Atelier des mobilitiés propose ainsi la création d’un réseau de bus dans la continuité de 60 stations du réseau ferré et des futures gares du Grand Paris express. Il est également proposé un grand nombre de lignes circulant sur une voie dédiée de l’A86, afin de désengorger cet axe stratégique.

Un autre groupement, le New deal pour les voies rapides, suggère la création de 200 lignes de bus supplémentaires entre la grande et la petite couronne. Une mesure qui permettrait d’après ces experts de réduire de 30 % le trafic sur les voies rapides en six ans. Une seconde piste repose sur l’installation de bus sur l’A86, avec une connexion aux 24 gares présentes dans les villes traversées. Cet aménagement permettrait ainsi, selon eux, de soulager de 30 % le trafic routier entre la petite couronne et le boulevard périphérique d’ici à 2030.

Lors de son inauguration à Nanterre, le maire Patrick Jarry (DVG) soutient cette croissance du réseau de bus. Si son homologue de Courbevoie et président de l’Etablissement public territorial Paris Ouest La Défense, Jacques Kossowski, est sur la même ligne, il fait remarquer que la question du financement, des bus comme des autres dispositifs proposés (voir encadré), sera bien plus sensible que le constat qui les réunit.

« Si on attend que les financements soient uniquement publics, je pense que l’on fait une erreur, déclare l’édile. Il faudra qu’il y ait une forme de participation du privé, que ce soit des délégations de services publics ou des partenariats public-privé. » Une position que ne partage pas forcément le premier magistrat de Nanterre : « La réflexion est forcément publique […] mais le privé peut intervenir à l’aide de services numériques, par exemple comme Blablacar. »

Les urbanistes proposent vitesses abaissées, espaces verts et boulevards urbains

Au rang des suggestions les plus traditionnelles figurent ainsi la réservation d’une voie pour certains types de véhicules, comme les bus, engins de secours ou de transport de produits frais.

Parmi les solutions exposées par le Forum métropolitain du Grand Paris, dans le cadre de sa consultation d’urbanistes quant à l’avenir des grands axes routiers d’Île-de-France, bien d’autres propositions plus ou moins innovantes ont été suggérées : abaissement de la vitesse en temps réel, voies dédiées, implantation d’espaces verts et remodelage de routes en boulevards sont au programme des études prospectives.

Au rang des suggestions les plus traditionnelles figurent ainsi la réservation d’une voie pour certains types de véhicules, comme les bus, engins de secours ou de transport de produits frais. Est aussi avancée une limite de vitesse adaptable en temps réel selon l’état du trafic ou de la qualité de l’air. La vitesse passerait ainsi de 110 km/h, à 70 km/h, voire 50 km/h, à l’image de la modulation mise en place sur l’A13, entre 130 km/h et 90 km/h.

Des routes réaménagées avec des arbres plantés dans le terre-plein central et des zones de dépollutions sont envisagées à partir de trois éléments : une noue (un large fossé, Ndlr) permettant le stockage des eaux de pluie polluées, un espace-tampon composé d’arbres, et un autre bassin mis en eau. Cet ensemble permettrait de réduire le bruit du trafic à un niveau inférieur à 68 dB et la température de la chaussée serait 1,5°C moins chaude qu’actuellement, selon le collectif Holos.

Par ailleurs, les routes nationales et autoroutes faisant le lien entre l’A86 et la RN104 pourraient s’intégrer aux villes traversées sous forme de boulevard urbain, où la vitesse maximale serait abaissée à 50 km/h. Selon le groupe de recherche, le pont de Gennevilliers, qui supporte l’A15, pourrait ainsi devenir un noeud alliant voiture, vélo, tramway et bus, envisage le même collectif.