Les chercheurs de l’université Paris – Nanterre arriveront-ils à imaginer la Défense de demain ? En partenariat avec organismes publics et grandes entreprises qui la financent, une chaire baptisée la Défense en perspectives a été créée lundi 9 septembre. L’initiative doit permettre à chacun de comprendre et d’appréhender l’avenir du quartier d’affaires grâce à une approche pluridisciplinaire.

Mutations du travail, urbanisme ou transports, les sujets étudiés par la chaire de l’université seront vastes. Entre expérimentation et travaux prospectifs, les chercheurs devront analyser le quartier d’affaires, et proposer rapidement des solutions concrètes aux entreprises pour améliorer leur attractivité auprès des salariés.

Le président de l’université Jean-François Balaudé, porte ce projet d’envergure et « unique » depuis un peu plus d’un an. Aussi membre depuis 2015 du comité d’administration de l’Association des utilisateurs de la Défense (Aude), qui regroupe les grandes entreprises de la Défense (soit 85 % des salariés du quartier d’affaires, Ndlr), il se montre particulièrement heureux de le voir aboutir en cette rentrée universitaire.

Aux premières loges avec « un pied dans le monde universitaire et un pied dans celui de l’entreprise », il explique s’être rendu compte du souhait des sociétés du quartier d’affaires de participer à son évolution. Un moyen de « penser ensemble le projet la Défense » idéal pour son université : au bout « d’un peu plus d’un an » de négociations, l’université peut ouvrir une chaire permettant l’étude « de sujets aux enjeux larges ».

C’est aussi l’occasion pour l’université d’avoir « une expertise utile », estime son président qui compte bien accompagner l’évolution du quartier d’affaires « en s’appuyant sur des recherches et études sérieuses ». Pour Marie-Célie Guillaume, directrice générale de Paris La Défense, l’établissement public aménageur et gestionnaire, les entreprises et établissements publics ont réussi à « sortir de leur boîte » et à échanger sur des sujets communs.

« C’est quelque chose qui va nous apporter beaucoup », se félicite-t-elle en saluant Jean-François Balaudé d’avoir fait que l’université Paris-Nanterre « s’ouvre vers l’extérieur et vers les acteurs territoriaux ». Elle rappelle aussi qu’avant 2018 et la création de Paris La Défense, les relations entre les différents acteurs du quartier étaient « inexistantes ».

La chaire de l’université Paris-Nanterre dispose pour l’instant d’un budget de 150 000 euros par an. Cette collaboration avec de grandes sociétés privées est une vraie nouveauté pour la faculté.

Le projet a particulièrement emballé le géant du BTP Vinci, dont quatre structures financent la chaire. L’aménagement du territoire et l’habitat seront en effet une des préoccupations des chercheurs. Même son de cloche pour l’entreprise Génie des lieux, spécialisée dans le conseil en aménagement d’espaces de travail. « L’espace est un outil pour une entreprise et un outil de management », rappelle d’ailleurs son PDG Pierre Bouchet du basculement en cours des open space vers le flex office.

Ces sociétés mais aussi EDF, la BNP cardif et Samsic facility attendent maintenant des solutions concrètes, et rapides. Si la chaire est lancée pour trois ans, Stanislas Chevalet, directeur général adjoint de Cardif, ne veut pas d’un « travail en tunnel » pendant ces années. « Comptez sur moi pour ne pas attendre trois ans pour avoir des résultats », souligne celui qui désire « travailler sur les besoins du futur ».

« Nous attendons du concret », abonde Eric Gasparotto, directeur stratégique business clients tertiaires d’EDF qui espère rapidement savoir comment « flexibiliser les espaces » et créer des « espaces favorisant la qualité de vie » à la Défense. Des attentes bien comprises par Ségolène Le Men, professeure émérite et présidente de la Fondation de l’université Paris-Nanterre, qui espère pouvoir « nouer un dialogue entre le monde des entreprises et le monde universitaire » et en faire « un enrichissement mutuel ».

Pour Jean-Yves Durance, président de l’Aude, la « création d’une collectivité autour de thèmes communs », comme la mutation des techniques de travail, l’urbanisme mais aussi les transports, est primordiale. « Cette mise en perspective est importante, des sommes considérables sont en jeu », explique-t-il de l’avenir des espaces de travail et du quartier lui-même.

Au sujet des recherches menées et de leur impact hors du quartier, le président de l’université souhaite pouvoir « contribuer aux débats mondiaux sur l’avenir du travail ». Dès la mi-octobre, un appel à candidature sera lancé. Rapidement, une vingtaine d’étudiants doctorants ou en master et de chercheurs se regrouperont pour débuter leurs études.

Stages, prospections et expérimentations les pousseront à effectuer un travail pluridisciplinaire. En effet, de nombreux domaines d’expertise seront représentés : géographie, psychologie, urbanisme, économie, droit… autant de thèmes abordés pour « mieux comprendre les problématiques du monde du travail », explique Ségolène Le Men.

L’établissement public territorial Paris Ouest La Défense (Pold), la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-Seine comme Paris La Défense financent conjointement le projet avec les entreprises partenaires qui ne participent pas toutes au même niveau. La souscription financière minimum s’élevait à 15 000 euros par an durant trois ans, dont 60 % sont déductibles de l’impôt sur les sociétés.

La chaire de l’université Paris-Nanterre dispose pour l’instant d’un budget de 150 000 euros par an, dans le cadre de ce partenariat peu commun pour elle. En effet, si de nombreuses chaires ont déjà été mises en place par le passé, elles étaient généralement organisées sur la base de partenariats avec des institutions publiques. Cette collaboration d’envergure avec établissements publics et grandes sociétés privées est donc une vraie nouveauté pour la faculté.

Mise à jour, 16 septembre 2019 : Une occurrence du nom du président de l’université Paris Nanterre, Jean-François Balaudé, était mal orthographié.