Faute d’organisation, il passera encore un mois en prison. Un homme de 27 ans devait être jugé par le tribunal de Nanterre mercredi 28 août, mais son procès a finalement été renvoyé. Certains points cruciaux qui auraient dû être prévus pour ce jour ont en effet manqué, comme la convocation d’un interprète, ou encore la venue d’un avocat pour défendre le prévenu.

En détention provisoire depuis son arrestation à Colombes le 28 juillet dernier, il devait répondre d’actes de dégradation de biens publics, d’outrage envers des policiers, de refus d’obtempérer et de violences conjugales sur sa compagne enceinte de quelques mois. La jeune femme s’est d’ailleurs vu prescrire dix jours d’Incapacité totale de travail (ITT) après des coups présumés de son compagnon, qui l’aurait aussi étranglée.

« Je n’ai jamais vu ça. » Rapidement après le début de l’audience, un problème est apparu aux yeux de Félicie Callipel, présidente de la séance. En effet, le prévenu, qui avait obtenu le renvoi de son audience pour pouvoir préparer sa défense justement, n’a aucun avocat devant lui. La situation étonne particulièrement la magistrate, et la rumeur d’un renvoi probable de l’audience se propage.

« Je n’ai pas compris ce qu’il se passait, c’est la première fois que j’allais en prison », explique le prévenu de 27 ans visiblement perdu face à cet imprévu de taille. Alors qu’une avocate commise d’office « embarrassée » vient de refuser de le défendre, ne connaissant pas le dossier, le prévenu demande immédiatement à la magistrate de le juger quand même, le tout dans un français très approximatif.

La bonne tenue du procès se heurte ensuite à une autre très mauvaise surprise : la victime présumée ne parle pas un mot de français. Le prévenu de nationalité algérienne, paniqué, ne comprend déjà pas entièrement les questions et remarques. Il supplie la présidente de le juger, sa compagne s’adresse à la magistrate en espagnol. La présidente apprend dans la foulée qu’aucun interprète n’est mandaté pour suivre le procès.

Les faits qui sont reprochés au jeune homme ne sont pas évoqués durant la séance, malgré les pleurs de la compagne du détenu et les supplications de ce dernier. Très angoissé, il insiste pour être jugé immédiatement afin de sortir de prison et rejoindre l’Espagne où sa femme est censée accoucher. Niant les faits qui lui sont reprochés, il ne comprend pas pourquoi la magistrate refuse de l’entendre sur ce point.

C’est dans une ambiance peu habituelle et assez chaotique qu’après délibération, le jeune homme, affolé et complètement perdu face à la tournure des événements, apprend qu’il restera encore un mois en prison, pour éviter qu’il ne quitte le territoire notamment. Le procès du jeune homme qui logeait dans le quartier de la Goutte d’or à Paris a été renvoyé au 25 septembre prochain.

« Je ne comprends pas ce qu’il se passe », lâche-t-il alors que la présidente lui explique qu’il aura un avocat et un interprète à la prochaine audience. Le jeune homme, reparti menotté du tribunal, dort en prison en attendant la tenue de son procès. Sa compagne, elle aussi, devra s’y présenter une nouvelle fois.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.