Une guerre rude et sans retenue. Lundi 8 juillet, les entreprises de réparations et d’aménagement de péniches Vandenbossche et les Chantiers du Nord Van Praet se sont fait face devant la 17e chambre du tribunal, rapportent nos confrères du Parisien.

Les temps fastes semblent bien loin, à Villeneuve-la-Garenne, autrefois affublée du surnom de « petite Saint-Nazaire sur Seine ». Seules ces deux entreprises concurrentes subsistent. La première a dénoncé en 2015 la seconde pour l’emploi de quatre travailleurs portugais non déclarés.

En conséquence, les Chantiers du Nord Van Praet se retrouvaient lundi devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre pour prêt de main-d’œuvre à but lucratif, marchandage et travail dissimulé. Résultat, l’entreprise a été condamnée à 50 000 € d’amende, tandis que son PDG et sa directrice générale écopent tous les deux d’une amende de 5 000 euros.

Ces derniers avaient créé une société sous-traitante au Portugal, Neptune People, dans le but de recruter de la main-d’œuvre sur place et de la faire travailler à moindre coût sur leurs chantiers de Villeneuve-la-Garenne. La société, placée en liquidation judiciaire depuis, a été condamnée à une amende de 10 000 euros.

Les inspecteurs du travail ont effectué leur contrôle, un jour de décembre 2015, et trouvent les quatre Portugais travaillant parmi les dix autres salariés de l’entreprise. Ils effectuaient le même travail de soudure et de montage de structure métallique que les autres employés. Pour l’accusation, ils étaient moins payés.

L’entreprise Neptune People avait émis des factures pour les salaires de ces ouvriers, pour un montant de 20 euros de l’heure, mais ils n’étaient pas payés sur cette base. Ils ne bénéficiaient ni des mêmes avantages, ni de la couverture sociale, ni de la même convention collective que leurs collègues locaux. Ils dormaient sur place dans des bungalows.

« Ils percevaient 4 € de moins que les autres salariés et effectuaient entre 50 et 60 heures par semaine, ce qui va au-delà du seuil autorisé », renseigne la procureure, qui avait requis 50 000 € d’amende pour chacune des sociétés Van Praet et Neptune People.

« Quand on a racheté la société Van Praet, il y avait 150 000 euros de dettes et aucun fournisseur ne nous faisait crédit, pose la directrice générale. Le recrutement par intérim était impossible. L’idée avec Neptune People n’était pas de désavantager des salariés mais de redresser la société. On avait des salariés usés depuis trois ans, qui n’avaient plus tellement de travail », poursuit-elle en sanglots, alors qu’elle répondait seule à la barre, car le PDG serait absent en raison d’une « rage de dents ».

« C’est une illusion de charges pour l’État, l’intérêt des salariés est atteint et c’est de la concurrence déloyale pour votre voisin », sermonne le juge. « Je comprends bien qu’il a les mêmes contraintes de recrutement que nous. On est quatre chantiers navals en Ile-de-France. On a eu de l’espionnage industriel, on a tout eu depuis la reprise », a plaidé la directrice générale.