Alors que la Défense est devenue la semaine dernière une fournaise sous les effets de la canicule et que la majorité des salariés du quartier d’affaires pensent déjà à leurs vacances estivales, les personnes sans-domicile fixe essaient elles aussi de préparer l’été. Entre plan B et système D, certains arrivent à se ménager quelques jours de répit, tandis que d’autres, défavorisés parmi les défavorisés, se préparent à un été d’attente, loin des vacances, mais près du quartier vidé de ses usagers comme de sa structure d’aide aux sans-abris fermée au mois d’août.

« Vous savez, on n’est pas si différents : tout le monde a besoin de vacances », plaide Stefan, rencontré au sein de la Maison de l’amitié, structure qui vient en aide aux personnes SDF de la Défense et de ses environs (elle sera fermée du 3 au 26 août, Ndlr). Pour ce Roumain arrivé en France l’année dernière, la Maison de l’amitié a fait un « super » travail : « C’est le 115 qui m’a présenté, et grâce à eux, j’ai été aidé par l’assistante sociale pour chercher une formation. »

Toutefois, les vacances, ce ne sera « pas pour cette année », glisse-t-il, ajoutant ne pas savoir comment il allait passer son été dans le quartier d’affaires. « Ceux qui ont des soucis d’argent vont rester ici tout l’été », confirme Tonio, habitué des sous-sols de la dalle piétonne, formée d’entrelacs bétonnés de parkings, d’entresols et de recoins.

« L’été, il y a moins de monde alors tout le monde bouge : quand il y a moins de passage c’est plus compliqué de faire la manche », témoigne le sans-abri. « J’essaie d’être malin, parce que ne jamais partir, ça rend fou, j’ai quelques potes dans le quartier, alors on s’entraide du mieux qu’on peut », rapporte-t-il.

« À Creil (Oise), il y a un bon lac, et sinon, on est déjà allés dans une belle forêt à deux heures de route », conseille-t-il de ses bons plans. « Il faut bouger parce que s’il y a bien une contrariété, l’été, c’est la fermeture de la Maison de l’amitié, surtout pour les douches », poursuit Tonio de l’importance de la structure le reste de l’année.


Jon, lui, s’est retrouvé sans domicile fixe après « un problème de copine » il y a près d’un an. Il a trouvé l’été dernier « très long » après avoir « squatté » dans les recoins du parking Saisons (situé côté Courbevoie, Ndlr) qui mènent à la dalle piétonne. Seuls quelques chanceux peuvent compter sur les « séjours de rupture » mis en place par la Maison de l’amitié : courant juin, un groupe de quatre à sept personnes encadrées par des travailleurs sociaux s’est rendu sur des voiliers, en Bretagne.

Kit de survie : la Maison de l’amitié et Entourage unissent leurs forces

« L’été est une période sensible parce que les structures hivernales ont fermé », résume Lucie Poulain, cheffe de service de la Maison de l’amitié. Cette structure historique, présente depuis les débuts du réseau de solidarité de la Défense (qui rassemble des associations d’aide aux sans-abris, Ndlr), ou plus récemment l’application mobile Entourage, qui l’a rejoint il y a à peine six mois, les associations anticipent la période estivale en tentant d’adapter leurs méthodes et leurs accompagnements.

Depuis le 21 juin, Entourage a ainsi lancé une opération de collecte des kits d’été : ils invitent salariés et habitants du quartier à donner le minimum vital parmi leurs affaires. « Une casquette, une bouteille d’eau, une gourde et des produits hygiéniques pour avoir des conditions matérielles plus favorables », renseigne l’association aux utilisateurs de l’application souhaitant venir en aide aux plus précaires.

La Maison de l’amitié, partenaire de l’opération avec le Samu des Hauts-de-Seine, s’emploie à la récolte de ces dons, qu’elle pourra ensuite redistribuer. L’association, véritable repère pour les personnes défavorisées du quartier, bénéficiera également de bons de la part du Carillon, permettant à ses détenteurs de profiter de prendre des petits-déjeuners et des collations gratuits auprès des commerçants partenaires de cet autre réseau d’assistance.