Elle souhaitait juste déposer plainte. Après un rendez-vous donné à un inconnu rencontré sur l’application de rencontre Tinder dans la nuit de lundi à mardi 18 juin, le cuistre, trop insistant, s’en prend physiquement à cette jeune trentenaire. Elle se rend alors au commissariat de Montrouge pour porter plainte, où elle a fini en garde à vue, a révélé le site internet d’actualité Streetpress. Deux jours après les incidents, elle se dit « humiliée » par les méthodes de la police et elle affirme à nos confrères du Parisien avoir saisi l’IGPN via une pré-plainte en ligne.

La soirée avait mal démarré, pour cette salariée d’une agence de gestion locative. Son rendez-vous avec un homme rencontré sur Tinder à Châtillon se termine sur les chapeaux de roues. Selon la femme de 32 ans, lorsqu’elle refuse les avances de l’homme, ce dernier se fait menaçant.

« Il a tenté de m’embrasser, je l’ai repoussé, il m’a poussée vers la porte. Il a claqué plusieurs fois la porte sur mon corps, alors que je voulais récupérer mes affaires. Puis sur le palier, il m’a saisie à la gorge », se remémore-t-elle. De cette altercation, elle garde des ecchymoses dans le dos, sur les jambes, et écope d’un jour d’interruption totale de travail.

Elle appelle alors la police qui se rend sur place quelques minutes plus tard, en bas de l’immeuble de l’homme, qui est entendu par les forces de l’ordre. La trentenaire, elle, est emmenée au commissariat de Montrouge pour un dépôt de plainte.

C’est ici que sa soirée aurait pris une tournure bien plus glauque. Installée dans une salle d’attente seule, on lui mesure son alcoolémie. Lorsqu’elle insiste pour porter plainte, un policier l’aurait mise en doute : « Vous êtes sûre ? Il peut prendre quinze ans, ça pourrait gâcher sa vie… »

Contacté par le Parisien, le parquet de Nanterre défend les policiers de Montrouge : « Elle était en état d’alcoolémie au-delà du seuil autorisé. Les policiers auraient pu la placer en cellule de dégrisement mais ils ne l’ont pas fait car elle se présentait comme victime. Ils lui ont donc proposé d’attendre dans la salle d’attente avant de porter plainte et de pouvoir s’expliquer plus clairement ».

De son côté, la préfecture de police assure « qu’[elle]a été invitée à patienter [au commissariat] le temps de son complet dégrisement, ses propos étant impossibles à recueillir compte-tenu de son état d’ivresse manifeste corroboré par un dépistage positif de son imprégnation alcoolique au moyen d’un éthylotest ».

Plusieurs éléments semblent pourtant corroborer cette version. Après avoir appelé son avocat, Mr Philippe-Henry Honegger, ce dernier contacte le commissariat : « ils m’ont dit que ma cliente était hystérique et incohérente. Mais je l’avais eue plusieurs fois au téléphone, elle avait tous ses esprits ».

Le trentenaire assure également avoir « tenu une conversation en anglais pendant plus de 20 minutes avec un locataire à la porte » et « échangé plusieurs textos avec l’une de mes collaboratrices », textos, qui, précise-t-elle, « étaient clairs et bien écrits .

Son avocat lui conseille alors « de partir » du commissariat. Alors que la jeune femme prend alors ses affaires et se dirige vers la sortie, à bientôt 3 heures du matin, la situation dégénère : « L’un des policiers hurle qu’il ne faut pas me laisser partir, ils se sont mis à trois sur moi. Le haut de ma robe a été quasiment arraché, mon téléphone confisqué. Ils ont fini par me menotter à un banc », confie-t-elle au Parisien.

Après une fouille au corps où elle doit enlever son soutien-gorge et lacets, la jeune femme est descendue en cellule, où elle serait restée plusieurs heures sans eau ni possibilité d’aller aux toilettes. À 5 h 30, on lui informe de sa garde à vue pour violences volontaires, charges qui seront pas la suite alourdies en outrage et rébellion.

Relâchée le lendemain matin, elle retrouve son avocat à midi. Mercredi 26 juin, elle saisit la police des polices via une pré-plainte. « Je veux juste qu’on reconnaisse qu’on m’a humiliée, traitée pire qu’un animal et qu’on me demande pardon », témoigne-t-elle, encore sous le choc de l’incident. On ne sait toutefois toujours pas si son agresseur Tinder sera poursuivi, ou s’il a même été convoqué.