Investis pour leur première journée d’action, les jeunes de l’association Unis-cité, engagés dans leur service civique, n’avait d’autre choix que de se tourner les pouces. Et pour cause, mercredi 12 juin, il pleuvait des cordes en ce début d’après-midi. Alors qu’ils étaient formés le jour même dans le cadre de l’opération Trier c’est donner de Citeo, entreprise privée chargée par l’État du recyclage des emballages ménagers, ils confient ne pas avoir l’habitude de trier et recycler au quotidien.

Venues de Bondy (Seine-Saint-Denis), Villiers-le-Bel (Val d’Oise), La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ou encore Montfermeil (Seine-Saint-Denis), aucune des adolescentes envoyées sur place ne semble avoir le tri pour habitude. « Moi je ne trie pas chez moi, ce qu’il y a à jeter, je le jette à la poubelle et c’est tout. De toute manière, dans ma résidence il n’y a pas de tri sélectif », confie Rokia. Bérénice, comme Colleen, admettent elles aussi « jeter tout dans la même poubelle », même si « après cette journée, [elles] compte[nt] faire un effort ».

Après avoir été « globalement briefées », ces jeunes sortent de leur journée d’aide au stand de Citeo avec quelques chiffres en tête. « Je ne savais pas qu’avec six bouteilles recyclées, on peut faire une peluche par exemple », sourit l’une d’elles. En partie grâce à leur action, 522 personnes ont pu être sensibilisées au recyclage sur la dalle.

« Ces jeunes du service civique sont souvent dans un break dans leurs études et ne sont pas forcément au top des préoccupations environnementales », concède Stéphanie Foucard, directrice mobilisation et engagement de Citeo. « C’est leur première journée, ils vont au contact des gens pour les amener aux animateurs présents dans notre stand », ajoute-t-elle.

Partenaire depuis deux ans avec le programme Unis ci-tri, Citeo a choisi cette année de mettre les équipes du service civique en soutien à celles de l’opération Trier, c’est donner, qui a pour but de sensibiliser la population sur les enjeux du recyclage. « Ils découvrent une thématique qui touche tout le monde et qui, malheureusement, comporte encore beaucoup d’idées reçues », continue la directrice. Le témoignage de ces jeunes, qui affirment ne pas disposer de tri sélectif dans leurs résidences, est toutefois une réalité concrète.

« Il existe encore des zones blanches où il n’y a pas de tri sélectif », explique Stéphanie Foucard. Selon les chiffres de la mairie de Paris, si officiellement, le tri sélectif couvre l’intégralité du territoire, 12 % des immeubles ne disposent pas de dispositifs de tri. Dans le département des Hauts-de-Seine, qui comporte trois centres de tri, « les performances sont en dessous des moyennes nationales », reconnaît-elle, avec « 28 kg d’emballages recyclés par habitant et par an contre 48,9 kilos sur le plan national » (et 32 kg en Île-de-France, Ndlr).

Ces disparités s’expliqueraient aussi par le rythme de vie urbain : « Les freins matériels se succèdent : moins de temps, rythme de vie dense, consommation nomade avec des repas à l’extérieur ou sur le pouce. » Résultats, les zones urbaines denses seraient à la traîne en matière de tri par rapport à la campagne.

Une note d’espoir est constituée par le fait que Citeo travaille à l’uniformisation et à la simplification des consignes de tri : « En Ile-de-France, la moitié de la population pourra trier tous ses emballages fin 2019. ». La société souhaite même, à horizon 2020, que toute la population française puisse le faire en bénéficiant du même code couleur : le jaune.