Joue-là comme Ada. Voilà comment aurait pu s’appeler la séance de coaching que la meilleure joueuse du monde, Ada Hegerberg, Norvégienne de 23 ans, a dispensé à une trentaine de jeunes femmes le 17 juin dernier, dans l’enceinte de l’Urban soccer de Nanterre. Organisé par Go sport, l’évènement était complet en quelques jours, preuve de l’engouement croissant du football féminin en cette période de coupe du monde.

« C’est une très belle initiative de Go sport de donner cette opportunité aux filles, déclare la buteuse de l’Olympique Lyonnais à La Gazette. C’est important de créer du buzz ». La footballeuse professionnelle, détentrice du premier ballon d’or féminin, venait de participer à deux évènements similaires à Grenoble et Lyon, et terminait son parcours à Paris. « Il y a eu de bons échanges », commente celle qui est venue avec son père.

« La coupe du monde a un bon impact sur les filles, surtout en France, estime-t-elle. C’est important d’être performant sur le terrain, de leur montrer du beau jeu et de gagner, mais surtout de plus en plus médiatiser les matchs ». La jeune femme, humble, considère que c’est aux footballeuses comme elle de « bien travailler », mais rechigne la comparaison entre le jeu masculin et le jeu féminin de la discipline. « On n’est pas là pour faire des comparaisons entre les filles et les garçons, il y a un respect mutuel à avoir pour valoriser le foot dans son ensemble », déclare-t-elle.

Si Ada Hegerberg participe à ce coaching, c’est parce qu’elle ne fait pas partie de l’équipe Norvégienne au mondial. Cette décision, elle l’a prise il y a deux ans, après l’euro, parce que selon elle, il n’y avait pas les conditions réunies pour que les femmes réussissent dans le foot, dans son pays. « Ce n’est pas un boycott de la coupe du monde, rappelle son manager, Victor, de l’agence A&V sport. Quand elle a pris cette décision il y a deux ans, elle savait très bien qu’elle allait se couper d’une grande scène mondiale, et elle l’a tenu, il faut beaucoup de courage ».

« Ada a ce rôle maintenant, de promouvoir le football, c’est une ambassadrice globale du football féminin et du foot en règle générale », rappelle Victor. « Quand elle était petite, Ada n’avait pas de modèle féminin, parce que les matchs de foot n’étaient pas diffusés à la télévision, explique-t-il. Son but c’est d’inspirer les petites filles et de dire que le foot c’est pas que pour les garçons ».

Entre les passes et les matchs, Ada discute avec les jeunes filles, un grand sourire aux lèvres. « Vous jouez ensemble ? » s’enquière-t-elle auprès de deux brunes. « Je suis venue avec ma fille Isabelle, qui a 16 ans, témoigne un papa. Elle fait du foot depuis 5 ans dans un club, et elle était surtout intéressée pour rencontrer la meilleure joueuse au monde ».

Selon lui, il faudrait que les sponsors s’intéressent plus aux femmes, pour que le foot féminin rattrape le retard qu’il a sur le masculin. « Je pense que de mon vivant on n’y arrivera pas » commente le manager d’Ada d’une potentielle égalité de salaires entre femmes et hommes dans le foot.