C’est une technique de règlement de compte particulièrement cruelle, importée par la mafia italienne : la « jambisation ». Plutôt que de tirer pour tuer, certaines bandes rivales choisissent d’handicaper à vie, tirant sur la jambe avec un objectif macabre : que la victime continue de circuler, en fauteuil roulant, dans le quartier, pour rappeler quotidiennement « le message » à la vue de tous.

C’est ce dont a été victime, il y a plus d’un an à Asnières-sur-Seine, Leclerc Nogaus, jeune boxeur de 24 ans qui comptait 78 matchs dans sa carrière et envisageait même de participer aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020, rapporte le Parisien.

« Je marche toujours avec des béquilles », rapporte le boxeur auprès de nos confrères. « J’ai encore des douleurs mais heureusement, ce n’est pas permanent. Il est possible que je marche un jour en boitant mais pour moi, la boxe, c’est terminé… », se désole-t-il.

Le récit de son agression fait froid dans le dos. Le 3 mai 2018, vers 14 h 20, le boxeur se rend à un magasin de téléphonie avec Esprit, son chien. En sortant de la boutique, un homme l’accoste par derrière : « Il m’a dit bouge pas et il a tiré sur mon chien. Je me suis retourné. Il m’a ensuite tiré dans la jambe. Je suis resté debout. J’ai vu une dame s’effondrer et j’ai décidé de me laisser tomber moi aussi pour qu’il arrête de tirer mais il a ouvert le feu dessus une seconde fois », témoigne-t-il.

Sauvé par un passant qui lui fait un garrot et un point de compression, le boxeur est transporté à l’hôpital Bichât où les médecins souhaitaient lui couper la jambe. Le jeune homme refuse. Il est finalement envoyé à l’hôpital militaire Percy à Clamart, où les chirurgiens lui enlèvent tous les muscles infectés.

Si le temps a passé, l’enquête, elle, piétine. Les enquêteurs de la police judiciaire des Hauts-de-Seine sauraient de quelle bande il s’agit, mais n’arriveraient pas à identifier le coupable. « Malgré les très nombreuses investigations, l’enquête piétine, ce que nous ne pouvons que déplorer, » commente l’avocat de la victime, Me Manuel Abitbol, auprès du Parisien. Les proches du boxeur demeurent dans l’incompréhension : ils ne lui connaîtraient pas d’ennemis.