« On n’est pas venu pour casser, mais juste revendiquer nos droits ! », s’exclame Nacer Sekiou, du collectif Chapelle debout, devant l’entrée du siège du géant de la restauration collective Elior. Comme lui, de 200 à 300 manifestants ont fait le déplacement jusqu’à la Défense cet après-midi du mercredi 12 juin, pour protester contre l’emploi par cette société de travailleurs étrangers en situation irrégulière. La grande entreprise, suite à cette action, a indiqué se pencher sur le sujet et vouloir assister les travailleurs concernés à obtenir leur régularisation.

Les manifestants ce jour-là sont des salariés étrangers en situation irrégulière, dont de nombreux membres du collectif Chapelle debout, qui milite en faveur de la régularisation des travailleurs sans-papiers. « Il faut le mentionner, aucun des sans-papiers venus sur cette action n’est lui-même concerné directement, puisqu’ils ne sont pas salariés de cette entreprise », a cependant précisé après la m­anifestation le collectif Chapelle debout sur sa page Facebook.

Installés devant le siège d’Elior, à deux pas du Cnit, ils reprochent notamment à Elior d’employer des salariés en situation irrégulière pour nettoyer et nourrir des centres de rétention d’étrangers en voie d’expulsion. La récente arrestation d’un travailleur sans-papiers à la sortie de son travail, au centre de rétention administrative de Plaisir (Yvelines), serait à l’origine de la manifestation du jour, expliquent-ils. Chez les manifestants, l’indignation est palpable : interpellé devant le centre de rétention, l’homme y a aussitôt été incarcéré.

De 14 h à 18 h, ces « gilets noirs », dont le mouvement emprunte leur nom à celui des Gilets jaunes, sont restés devant l’accueil de la tour Egée comme dans son hall d’entrée, dix jours après avoir mené une action similaire au terminal 2F de Roissy – Charles de-Gaulle. « Elior travaille avec les centres de détention où l’on nous enferme, il faut qu’Elior arrête la collaboration », souhaite Diakité, un membre du collectif.

Au-delà des reproches adressés à la société de restauration collective, ils évoquent leurs situations respectives au sein de bien des entreprises françaises. « On n’a pas le droit de parler, sinon c’est la porte, nous, on veut juste nos papiers pour vivre dignement », confie Nacer Sekiou, en situation irrégulière et lui aussi membre du collectif. Affirmant être présent en France depuis dix ans, il déplore de devoir toujours faire appel « à un marchand de sommeil » pour trouver un logement, dans lequel passe « quasiment toute sa paye » d’environ 800 euros par mois.

Lors de leur action, une entrevue est obtenue par une délégation de manifestants dans les étages du siège d’Elior. Ils y auraient obtenu « un engagement écrit et signé pour un rendez-vous le 8 juillet affirmant qu’Elior s’engagerait dans une procédure de régularisation […] de ses personnels, avec des examens de dossier », indique un membre du collectif Chapelle debout.

Quelques heures après la manifestation, Elior diffuse un communiqué de presse. L’entreprise y « déplore l’intrusion de manifestants dans le hall de son siège social », tout en tenant « à affirmer son engagement à respecter le droit du travail et à veiller à son application stricte sur l’ensemble de ses sites ». Elle a également confirmé son engagement à « recevoir d’ici un mois une délégation pour étudier au cas par cas les éventuels dossiers qui pourraient lui être remontés de collaborateurs rencontrant des difficultés de régularisation ».