Les images de son interpellation ont fait le tour des réseaux sociaux. Jeudi 13 juin, vers 21 h 30, Boubacar Drame, médiateur de la ville de Gennevilliers, a été interpellé de façon musclée devant l’espace éducatif des Grésillons. Selon le média alternatif L’écho des banlieues, qui a publié la vidéo en question, Boubacar tentait d’aider une « femme déboussolée car celle-ci avait égaré sa fille ». Le médiateur sort son portable, et la brigade anti-criminalité de Clichy, qui faisait sa ronde, aurait cru voir une arme, raison pour laquelle elle aurait procédé à l’interpellation.

Deux policiers maîtrisent alors l’homme au sol, avant de le menotter et de l’embarquer dans une voiture banalisée. L’homme lutte, affirme qu’il était sorti faire une course « pour sa femme enceinte de neuf mois », se débat, mais rien n’y fait : il termine au commissariat de Clichy, où il est relâché vingt minutes plus tard.

Le partage de l’interpellation a déclenché une vague d’émoi sur Twitter, où la vidéo a été re-tweetée plus de 14 000 fois. « Boubacar est quelqu’un de calme et non-violent. Toute la lumière sera faite » réagit ainsi Grégory Boulord, maire-adjoint (PCF) à la solidarité et aux affaires sociales.

Les réactions sur les réseaux sociaux ont attiré l’attention du maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc (PCF) et de la députée de la première circonscription des Hauts-de-Seine, Elsa Faucillon (PCF). Les deux élus sont sortis de leur réserve pour adresser une lettre, vendredi 14 juin, au préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet.

Ils y dénoncent « un usage disproportionné de la force sur cet agent municipal » : « la violence de l’interpellation (coups dans les parties génitales) s’est cumulée à des propos déplacés à son égard au commissariat (évidemment sans témoins) ».

Ils voient dans cette interpellation « une humiliation personnelle et publique qui n’est pas acceptable », précisant que « Monsieur Drame est favorablement connu des forces de police de Gennevilliers dans le cadre de son travail et assume ses fonctions avec un grand sens des responsabilités », au sujet de ce médiateur qui travaille notamment avec les collégiens de la ville.

Les deux élus fustigent les deux agents de la brigade anti-criminalité de Clichy au « comportement irresponsable et non acceptable, qui porte atteinte à l’image de la police ». Ils demandent au préfet qu’un « rappel au règlement leur soit signifié » et qu’une « enquête soit engagée sur ces sujets ».

Interrogées par la Gazette, les forces de l’ordre ne voient pour l’instant : « aucun élément particulier à communiquer sur cette affaire ». « Une lettre a été adressée au préfet et au directeur de la direction centrale de la sécurité publique, en fonction de la prise en compte de ce courrier, une enquête pourrait être mise en place. S’il y a nécessité, une enquête administrative sera diligentée », renseigne une source policière, qui met également en garde face à la propagation de vidéo sur les réseaux sociaux, dont il manque souvent des éléments de contexte.