Les réseaux sociaux sont-ils la nouvelle éloquence ? Le 20 mai dernier se tenait une audition libre pour les candidats souhaitant participer au concours d’éloquence organisé par l’Alternatif, nouveau lieu culturel et d’affaires de la Défense, et l’organisme de formation professionnelle par le théâtre d’entreprise, Playitagain. Parmi les participants, étaient présents de nombreux étudiants, alternants ou bien débutants dans leur carrière au sein du quartier d’affaires.

À première vue, la majorité d’entre eux estime que non, éloquence et réseaux sociaux n’ont rien à voir. « C’est intéressant de voir des jeunes sur ce thème », commente Delphine Soulier, directrice de l’Alternatif. Si les novices rejettent l’idée de lier les deux, Nathalie, salariée chez RTE venue « se challenger », pense tout le contraire. Pendant six minutes, environ 30 candidats se sont exprimés sur le sujet devant un jury, avant de répondre pendant trois minutes à des questions.

« J’ai défendu la négative, déclare Marine, salariée chez Deloite, en sortant de son audition. Les réseaux sociaux ne sont pas la nouvelle éloquence, pour moi, le canal n’est pas approprié. » Un peu plus loin, Anis, alternant à Allianz, attend son tour. « Pour moi, l’éloquence, ça passe par les émotions, c’est transmettre et véhiculer un message, alors que les réseaux sociaux, c’est un moyen de diffuser une information », analyse-t-il. Selon lui, regarder et entendre n’ont pas « du tout » le même impact.

Nathalie, 52 ans, se présente devant le jury composé de comédiens et de professionnels. « Oui, les réseaux sociaux sont la nouvelle éloquence, décrète-t-elle. Les réseaux relayent notre façon de s’exprimer, on se retrouve derrière notre écran et on se sent protégé, nous n’avons pas le recul nécessaire parfois, alors qu’on est lu par les gens. » D’après la salariée de RTE, l’éloquence prend toute sa place sur les réseaux, puisque, donne-t-elle en exemple, si notre éloquence est mauvaise sur le réseau social professionnel Linkedin, nous nous mettons en danger. « Nous devons sans cesse faire face au jugement d’autrui », conclut-elle.

Quelques pas plus loin, Kaba relit son texte. Comme Anis, il a participé aux sessions d’entraînement et de formation du concours qui ont débuté en mars dernier. « L’éloquence, c’est un art, c’est abstrait, il faut la connaître pour la cerner, réfléchit l’étudiant à l’Ascencia business school de la Défense. Les réseaux sociaux, c’est de la mascarade, c’est moins authentique que la parole, même si ça peut avoir le même impact. »

« Sur les réseaux sociaux, on a tendance à jeter tout ce qu’on pense, nos états d’âme, façon poubelle, suggère Cécile Julienne, jeune chargée de communication et développement pour Playitagain. Finalement, travailler notre discours comme l’éloquence, ça nous amène peut-être à réfléchir vraiment au sens, à faire un travail de fond, contrairement à la réaction hyper spontanée qu’on peut avoir sur les réseaux. » Pour elle, c’est « faire la part des choses entre action et réaction ».

Boris, alternant à la Société générale, considère que les réseaux sociaux ne parlent pas : « Il n’y a que les hommes qui leur donnent de la voix. » À la fin de la journée, 10 candidats ont été sélectionnés pour participer à la finale le 7 juin prochain. Ils devront répondre à l’un de ces sujets : La Défense, nouvelle place du village ? L’entreprise est-elle un théâtre ? Ou encore, l’art peut-il faire la différence ? Anis et Boris seront du voyage.