Courbevoie en a inauguré un il y a quelques semaines, et la Défense ne compte plus les incubateurs destinés aux jeunes pousses du numérique dans divers domaines, des start-up de la finance ou de l’assurance à celles qui travaillent sur la « smart city ». À son tour, la mairie de Puteaux réfléchit sérieusement à la création d’un tiers-lieu, mélange d’incubateur, d’espace de coworking et d’information aux nouveaux entrepreneurs. Celui-ci pourrait cependant être d’abord virtuel avant qu’il ne soit décliné par un lieu physique.

À cet effet, la commune a été partie prenante du Curious lab, dispositif testé cette année par les conseils départementaux des Hauts-de-Seine et des Yvelines, visant à faire travailler des étudiants sur certains projets de municipalités volontaires des deux départements. A Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Reynaud (LR) leur a donné pour mission de réfléchir à ce que pourrait être ce futur tiers-lieu, dont elle pourrait bien faire une proposition de campagne électorale lors des élections municipales de 2020.

« Les étudiants apportent du souffle, de l’agilité, s’enthousiasme dans les locaux du Département ce vendredi 7 juin Marie-Pierre Limoge (LR), vice-présidente chargée de l’économie au conseil départemental, et adjointe à Courbevoie. C’est plus intéressant de travailler sur un projet comme ça que sur le packaging de la nouvelle boisson sucrée sans sucre ! » Devant elle, élus et étudiants d’écoles ou d’universités préparent leurs présentations.

« Quand le Département nous l’a proposé, on a bondi tout de suite dessus, car ça correspondait à quelque chose que Madame le maire voulait faire », indique à l’assistance Pascal Moreau-Luchaire (LR), conseiller municipal en charge du développement international. Ayant récemment créé une entreprise, déjà créateur d’entreprise il y a deux décennies, l’élu raconte alors ses difficultés pour obtenir rapidement des informations utiles et trouver des prestataires locaux : « Je pensais qu’en quelques clics ce serait fait, je me suis rendu compte que rien n’avait changé en 25 ans ! »

Les étudiants proposent la création d’un espace virtuel, loin du tiers-lieu physique sur lequel ils réfléchissaient en mars dernier, lors du premier atelier de ce Curious lab (photo).

Les étudiants proposent alors la création d’un espace virtuel, loin du tiers-lieu physique sur lequel ils planchaient en mars dernier, lors du premier atelier de ce Curious lab. « Notre projet se répartit en trois outils : un réseau et une plate-forme, une carte, et une animation locale des acteurs sur le terrain, expliquent-ils. La plate-forme serait d’ailleurs un réseau social, où les acteurs de la nouvelle économie se retrouvent et échangent, où chacun renseigne ce qu’il propose et ce dont il a besoin, avec une fonction de recherche. »

Dans la foulée, ils suggèrent la création d’une monnaie locale « que ces acteurs pourraient utiliser pour créer des liens et des partenariats directs de manière horizontale ». La carte, elle, recenserait les espaces de coworking et autres tiers-lieux « de la nouvelle économie », tout comme des gardes d’enfants ou des services de restauration, mais aussi les outils de financements des collectivités ou de l’État envers les créateurs d’entreprise. Bref, « tout ce qui peut contribuer à rendre le territoire attractif », résument-ils, car « cette plate-forme doit aussi s’adresser aux acteurs qui ne sont pas dans la nouvelle économie ».

« Au fur et à mesure des réunions, on s’est dit que ce pourrait être un outil virtuel, quitte à ce qu’ensuite, on le développe par un lieu physique, témoigne après les présentations Emma Harb, étudiante en Master 2 à la Neoma business school. Dans un premier temps, ce serait plus facile de débuter par un outil virtuel qui, après, permettra de comprendre ce dont les Putéoliens auront vraiment besoin, pour créer un lieu physique plus adapté. »

« Nous allons présenter le projet à Madame le maire. Nous sommes en période pré-électorale, ça peut faire partie d’un projet sur un programme. À nous de le vendre ! », explique de son côté Pascal Moreau-Luchaire. Plutôt enthousiaste, il se dit cependant favorable, comme le serait Joëlle Ceccaldi-Reynaud, à la création parallèle d’un tiers-lieu physique : « Rien n’est figé, on est dans l’agilité permanente, il faut être souple. »