Depuis 2011, les bénévoles de l’association Dir el kheir (faire le bien en arabe, Ndlr) distribuent des repas hebdomadaires aux plus précaires ainsi qu’aux sans-papiers et demandeurs d’asile, de Nanterre comme de Paris. Pendant le mois de ramadan, la générosité accrue des Nanterriens musulmans, à laquelle les invite leur religion pendant cette période, leur a permis de distribuer des dîners quotidiens devant l’hôpital Max Fourestier. Plus de 200 personnes sont venues chaque soir en bénéficier.

Ce 22 mai, dans un local associatif au sous-sol d’un immeuble du quartier des Pâquerettes, ils sont une petite dizaine de bénévoles, rassemblés pour empaqueter soigneusement dans des boites isothermes environ 200 repas chauds. « Ce soir, c’est tajine d’agneau avec des pommes de terre », sourit son président Kaci Bouamirene devant de gigantesques casseroles contenant 30 kg de viande, 10 kg de carottes, plus de 30 kg de pommes de terre et 4 kg de courgettes.

« On a commencé par faire des colis alimentaires en 2011, aujourd’hui, on accompagne 300 familles sur Nanterre, Bezons, Suresnes, Puteaux et Courbevoie », expose-t-il de ces distributions hebdomadaires réalisées grâce aux rebuts de la grande distribution et aux banques alimentaires. « Beaucoup n’attendent que nous pour manger, et quand on fait le samedi (jour de distribution hebdomadaire des repas, Ndlr), certains disent que c’est le seul repas chaud de la semaine », indique-t-il, fier et triste à la fois.

Cette année, pour la première fois, le président et les 70 bénévoles de l’association ont décidé de proposer un dîner par soir tout le mois de ramadan, achevé ce mardi. « On n’a toujours fait que le samedi, mais beaucoup [des bénéficiaires] disent que ce serait bien de faire tous les soirs », rapporte-t-il de cette intiative.

« Le mois de ramadan est un mois exceptionnel, les gens ont faim de faire le bien », témoigne son président tout en rappelant que l’action de l’association vise tous les nécessiteux quels qu’ils soient.

Les bras et dons supplémentaires, eux, ont directement pour origine le mois sacré des musulmans. « Le mois de ramadan est un mois exceptionnel, les gens ont faim de faire le bien », témoigne Kaci Bouamirene tout en rappelant que l’action de l’association vise tous les nécessiteux quels qu’ils soient. « Et beaucoup restent aussi », rappelle-t-il des bénévoles supplémentaires venus ce mois-là pour aider. « C’est très prenant, ça demande une logistique de malade, on y arrive quand même mais difficilement », détaille-t-il, fatigué mais heureux, de cette action d’une ampleur inédite pour son association.

« Une équipe prépare, puis une équipe distribue, c’est une trentaine de personnes mobilisées tous les soirs, décrit le président de l’association. Ça commence dès le matin à couper oignons, carottes, pommes de terres et viande ! » Limités par la taille des cuisines à disposition dans le local associatif, ils ne peuvent préparer plus de 200 repas dont les bénéficiaires sont leurs « habitués du samedi », mais aussi « beaucoup de réfugiés » ainsi que les sans-abris hébergés dans le centre d’hébergement jouxtant l’hôpital.

« Un ami est dans l’association, juste avant le ramadan, il m’a emmené avec lui à Aubervilliers (pour une distribution de repas, Ndlr). Je lui ai dit que je donnerai un coup de main, et je suis là tous les soirs, témoigne l’un de ces bras supplémentaires, Lazare, un Nanterrien de 33 ans. Quand vous voyez, que vous parlez avec les gens, ils n’ont vraiment pas à manger. […] Pour beaucoup, on est le seul repas de la journée, ça crève le coeur… »

Ce soir-là, à 20 h 20 devant l’hôpital, ils sont déjà une vingtaine à attendre la distribution. Les membres de Dir el kheir arrivent, s’installent rapidement, une file se forme. En trente minutes, les 182 barquettes préparées sont écoulées dans le calme. « C’est la première année qu’ils font quelque chose tous les soirs, là, c’est super, remarque Vincent, Nanterrien de 73 ans et habitué des repas du samedi. Je ne suis pas très argenté, ça me permet d’avoir un petit supplément, et je trouve ça très bon. »

Pascal, 67 ans et habitant de Nanterre, lui aussi habitué des samedis « depuis pas mal de temps », trouve cette distribution quotidienne « très bien pour les gens qui n’ont pas d’argent ». L’une des rares femmes présentes ce soir-là, Aïcha, 58 ans, y vient depuis quelques jours après avoir découvert la distribution par hasard : « Ça m’aide énormément car je suis sans domicile, le dîner est bon et ils sont gentils. »