Les chiffres-choc de l’audit mené par l’association la Défense des aliments ont fait le tour des médias à qui ils ont été présentés lors d’une conférence de presse donnée le 28 mai : entre 6 et 9 tonnes de nourriture sont jetées chaque jour dans le quartier d’affaires, soit environ 13 000 repas sont gaspillés dans les cantines d’entreprise, toujours selon les estimations de ce fameux audit, réalisé sur cinq tours et extrapolé à l’ensemble de la Défense.

Ces chiffres, inquiétants, ont pour but de réveiller les consciences en changeant à la fois les habitudes des salariés de la Défense ainsi que les méthodes d’organisations des prestataires de service. Mais ils représentent également un signe d’espoir pour les associations caritatives du quartier d’affaires, regroupées au sein du Réseau de solidarité de la Défense, qui y voient une manne pour aider les plus démunis.

La création d’un « circuit court » et de « proximité » est en effet envisageable, et c’est peut-être la bonne nouvelle à retenir de cette opération, s’enthousiasme François Mauvais, représentant de la Direction régionale de l’alimentation, l’agriculture et des forêts (Driaaf), lors de la conférence de presse donnée pour exposer les résultats de l’audit.

Deux pesées ont ainsi été organisées en juillet 2018 et en janvier 2019, pendant trois jours consécutifs, simultanément dans les cinq tours du projet mené par la Défense des aliments. Cette ONG créée en juin 2017 rassemble les sociétés Mazars, Allianz, le ministère de la transition écologique, ainsi que les entreprises de restauration collective Arpège et Eurest. Dans ce cadre, l’association caritative Le chaînon manquant a pu bénéficier de ces surplus de nourriture.

24 % du pain est non-consommé et jeté, rapporte l’audit mené par l’association la Défense des aliments sur cinq tours du quartier d’affaires.

« La Défense des aliments a voulu tester le don alimentaire sur un mois », renseigne Valérie de Marjorie, du Chaînon manquant. Il représente un « test intéressant pour une collecte de plus grande ampleur », salue-t-elle. « Ca demande pas mal d’efforts de la part des restaurants, qui doivent gérer la taille des bacs ou encore la température , mais maintenant c’est bien rodé », conclut-elle en espérant que cette expérience « s’installe dans la durée ».

Vingt-cinq actions sont par ailleurs testées et mises en place pour réduire la perte alimentaire : formation des équipes, gestion du réassort car 50 % du gaspillage est constaté au niveau des produits présentés et non vendus, prévision des flux ou encore gestion du pain, qui représente 24 % du gaspillage sur la totalité du pain vendu. Des actions de sensibilisation menées dans les entreprises concernées par ce test, avec des « gachimètres » installés dans les cantines.

Mais dans un premier temps, ce sont des canaux de distributions alternatifs qui ont été renforcés. Le chaînon manquant, association de lutte contre le gaspillage alimentaire, a été l’un des points de départ de la réflexion menée par la Défense des aliments. L’association leur a proposé d’étendre à l’association les collectes qu’elle mène déjà depuis deux ans chez Suez, et depuis un an à la Société générale (qui n’est pas encore membre de la Défense des aliments mais devrait rejoindre l’association, Ndlr).

Ces deux entreprises leur donnent les repas du vendredi soir qui ne peuvent être gardés jusqu’au lundi.« En six mois, sur trois sites et 8 000 repas servis chaque jour, ce sont 4 600 repas qui ont été collectés et redistribués », indique Pauline Choquet, responsable de la restauration collective à la Société générale.