Faisant suite aux volontés annoncées dans son Plan d’aménagement et de développement durable (PADD) présenté en décembre dernier, Courbevoie présentait jeudi 16 mai son Plan local d’urbanisme (PLU), document régissant les règles de construction qui sera ensuite soumis à une enquête publique à l’automne. Objectif clair de ces deux plans : limiter la population de la ville à 90 000 habitants, car Courbevoie, avec près de 20 000 habitants au kilomètre carré, se classe au septième rang des villes les plus densément peuplées de France.

Neuf ans après son dernier PLU, l’équipe du maire Jacques Kossowski se dote de nouveaux objectifs. Là où, en 2010, l’édile favorisait tout d’abord « la protection des zones pavillonnaires », puis « l’apaisement des déplacements » et « l’image de la ville », il souhaite aujourd’hui avant tout « développer la nature en ville », comme « développer une stratégie de commerce de proximité, car la ville a du mal à attirer en raison du prix des fonds de commerce », et surtout « maîtriser la densité et la qualité du bâti ».

Objectif : limiter la population de la ville à 90 000 habitants, car Courbevoie, avec près de 20 000 habitants au mètre carré, se classe au septième rang des villes les plus densément peuplées de France.

Pour verdir la commune, la mairie souhaite une augmentation de 10 % du nombre d’espaces verts, soit une augmentation de 4 ha. Pour y arriver, elle mise notamment sur l’extension du parc de Bécon sur les serres municipales, de 3,66 à 4,5 ha, ainsi que la création d’un parc de 1,5 ha dans le futur Village Delage, projet largement mis en avant par la municipalité. Ce dernier concentre les objectifs du PLU, avec plus d’espaces verts notamment en végétalisant les toitures, une limitation des déplacements automobiles, ou le confortement de l’attractivité commerciale du secteur.

La Ville souhaite également créer et requalifier des espaces verts dans les « secteurs à enjeux de la commune », citant notamment le coeur de ville, le quartier de la Défense ainsi que les bords de Seine. Enfin, pour augmenter la présence de végétation dans les parcelles privées, la municipalité réfléchit à la mise en place de « coefficients de biotope », qui désignent la part d’une surface aménagée qui sera définitivement consacrée à la nature.

Deuxième cheval de bataille des élus : renforcer les activités commerciales. Le maire n’en fait pas de mystère, la ville a du mal à attirer et garder ses commerçants, refroidis par les prix très élevés du foncier et des fonds de commerce. « Un décret paru en 2016 va nous permettre d’intervenir pour éviter que des boulangeries soient reprises par des agences bancaires ou immobilières, qui contribuent à l’augmentation du prix du foncier et ne participent pas forcément au renforcement de la vie de quartier », explique le directeur du service urbanisme.

Enfin, la mairie souhaite préserver, comme en 2010, les zones pavillonnaires. « Le PLU actuel avait porté de 6 à 36 ha la superficie des zones pavillonnaires préservées, renseigne le directeur de l’urbanisme. Le futur PLU portera cette superficie à 60 hectares. » Le nouveau document prévoit donc une réduction de la hauteur maximale autorisée : jusqu’alors limités à R + 5, ils seront maintenant limités à quatre étages, à l’exception notable des constructions dans le quartier du Faubourg de l’arche, et autour du boulevard de la Mission Marchand.

Répondant aux inquiétudes de riverains qui voient dans le boulevard de la Mission Marchand un axe « déjà pollué » et qui risque de « devenir un quartier de seconde zone avec les nouveaux logements sociaux », le directeur du service urbanisme s’est voulu rassurant. « On choisit de densifier mais on s’inscrit dans le volume et les gabarits d’immeubles existants », a-t-il indiqué.

L’opposition découvre le PLU en même temps que les riverains

Accusé de « refaire le conseil municipal », Alban Thomas, président du groupe d’opposition Tous pour Courbevoie (PS) n’a pas hésité à tacler le nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) proposé par la mairie, précisant que l’opposition n’avait pas eu accès au document pourtant terminé depuis plusieurs mois. « Les orientations de ce PLU, que globalement nous partageons, tentent de tirer les enseignements des erreurs passées des vingt-quatre ans de mandature du maire », analyse l’opposant.

S’il encourage le renforcement des espaces verts, il rappelle que la route est encore longue : Courbevoie se situe « largement » en-dessous de Paris avec 5 m² d’espaces verts par habitant, contre 5,8 m² pour la capitale (sans le bois de Boulogne, Ndlr). Il dénonce également la densification voulue dans le quartier du Faubourg de l’arche, et autour du boulevard de la Mission Marchand : «  c’est déjà l’une des zones les plus denses de France avec 16 000 habitants pour 38 ha », s’indigne-t-il.