Plus d’accouchements prématurés, plus d’enfants morts nés, plus de pathologies de la grossesse, plus de complications… Les parturientes prises dans des spirales de violences familiales risqueraient de réels problèmes de santé. Si la maternité Max Fourestier de Nanterre a signé en 2015 une convention pour entrer dans le réseau départemental pour la protection de femmes victimes de violences au sein des maternités, c’est parce que dans ces établissements, les paroles des femmes se délieraient plus facilement. Huit autres maternités des Hauts-de-Seine en font également partie.

L’Escale, association d’accompagnement et d’hébergement de femmes victimes de violences, tient une permanence à Max Fourestier tous les jeudis. « Cela fait 30 ans que je travaille dans les hôpitaux, et j’ai connu l’époque où on pensait que le docteur ne devait pas s’occuper des violences faites aux femmes, se rappelle le docteur De Sarcus, chef du pôle maternité, rencontré par la Gazette vendredi dernier. On pensait que ça n’avait pas tant que ça d’impact sur la santé, et que ça relevait plus de la police et de la justice. » Selon lui, aujourd’hui, les choses ont bougé.

« En maternité, on voit passer une fraction importante de la population, explique le chef de service. Ce sont des femmes enceintes qui viennent consulter régulièrement, jusqu’à leur accouchement, et parfois sur plusieurs grossesses. » Selon lui, le fait que ces patientes soient amenées à revenir permettrait de mieux prendre en charge les femmes victimes de violences. « On est sûr de les avoir et c’est toujours plus facile d’amener une femme enceinte à une association quand elle est sur place », ajoute-t-il .

Il rapporte que plusieurs études statistiques sur les violences conjugales démontrent qu’une femme qui vit une situation de violences conjugales n’est pas plus souvent battue lorsqu’elle est enceinte, mais que les violences sont plus sévères. « Certains émettent l’hypothèse que c’est du fait d’une moindre disposition sexuelle, mais on ne sait pas vraiment », commente Benoît De Sarcus. De plus, les femmes qui meurent sous les coups de leurs conjoints seraient proportionnellement plus souvent enceintes.

« Toutes ces informations ont impulsé l’idée de monter ce système d’actions autour de la maternité, avec notamment l’association Escale », indique le chef de service de la maternité qui accueille 25 lits et réalise 1 400 accouchements par an. Pour le docteur De Sarcus, avoir une permanence de l’Escale dans les locaux de la maternité est une très bonne chose et permet de faire le « relais » avec les autorités policière et judiciaire.

En signant cette convention avec le conseil départemental des Hauts-de-Seine, la maternité Max Fourestier s’est engagée à hospitaliser une femme qui arrive dans un contexte de violence. « Il arrive parfois que la femme ait peur que le conjoint la retrouve, donc on appelle les collègues pour essayer de l’héberger dans une autre maternité », précise Benoît De Sarcus.

Selon lui, toutes les femmes sont touchées. « Notre clientèle a Nanterre à changé depuis 5 à 6 ans, aujourd’hui Nanterre c’est la maternité chic, aux accouchements natures, et donc le niveau économique des patientes a augmenté, analyse le chef de service. Mais il y a autant de violence chez ces patientes que les autres, elles ont simplement plus de moyens de se débrouiller. » Benoît De Sarcus se félicite de ce partenariat ainsi que de la situation dans les commissariats qui, selon lui, « s’améliore » concernant la lutte contre les violences faites aux femmes.