Quatre tours de plus de 200 m dont le permis de construire est accordé et affiché, du jamais vu à la Défense ? Aux 206 m du gratte-ciel Jardins de l’arche, 220 m de la tour Hekla et 229 m des tours Sisters s’ajoutent en effet désormais les 242 m et 178 m (à partir du boulevard circulaire, Ndlr) des deux ailes de la double tour the Link, projet de Groupama immobilier destiné à devenir le futur siège mondial de l’entreprise pétrolière Total.

Ne reste désormais plus pour l’entreprise qu’à espérer que personne ne dépose de recours pendant le délai de deux mois qui court à compter de la délivrance du permis de construire. Le permis de construire a été octroyé le 16 avril dernier par la mairie de Puteaux, sur le territoire duquel est implantée la future tour.

Elle remplacera les 35 000 m² de plancher des immeubles PB22, PB23 et PB24 occupés jusque-là par la maison-mère Groupama (qui a déménagé dans un « campus » de plusieurs immeubles à Nanterre, Ndlr). Quelques semaines avant, le commissaire-enquêteur avait rendu un rapport globalement positif dans le cadre de l’enquête publique menée en janvier.

Aux côtés des 71 tours et immeubles du quartier d’affaires, soit environ trois millions de mètres carrés de bureaux et 600 000 m² de logements, devrait donc naître the Link, 125 000 m² de bureaux, réservés à environ 8 500 salariés du groupe Total, en deux tours de 54 et 29 étages reliées par des passerelles. Son promoteur vise l’obtention de la plupart des labels environnementaux existants, se targuant d’une consommation énergétique d’environ 81 kWh/m²/an (contre 372 kWh/m/an dans les immeubles détruits pour lui faire place, Ndlr). La dernière estimation des délais de chantier prévoit désormais une fin de travaux en 2023, soit un an de retard par rapport aux premières annonces faites en 2017.

Comme l’avis de la Mission régionale d’autorité environnementale à l’été 2018, celui du commissaire-enquêteur, délivré il y a quelques semaines, s’avère largement positif, même s’il comporte quelques réserves et interrogations. Dans un premier temps, le commissaire-enquêteur prend soin de noter la présence de 36 observations positives, fait plutôt inhabituel lors des enquêtes publiques.
« L’ensemble des contributeurs, par leurs avis favorables au projet, se félicitent de la réalisation de cette tour, louent sa qualité, son équilibre, son côté fonctionnel, sa portée symbolique et certains regrettent qu’elle ne soit pas plus haute, rapporte-t-il ainsi. Je note le nombre relativement élevé d’avis favorables pour ce projet. »

Des avis défavorables ou exprimant des craintes, bien plus nombreux, il remarque qu’ils sont « étayés souvent par des questions techniques précises ». Ces dernières sont « liées notamment aux nuisances du chantier, à la perte de luminosité, et plus globalement, à l’impact sur la circulation et au stationnement des voitures, et aux transports en commun ».

La dernière estimation des délais de chantier prévoit désormais une fin de travaux en 2023, soit un an de retard par rapport aux premières annonces faites en 2017.

Concernant l’information des riverains, dont ils expriment régulièrement l’importance lors des différentes réunions publiques portant sur les chantiers du quartier d’affaires, Groupama immobilier répond par des assurances : personne-relais présente sur site et joignable à un numéro spécifique, organisation de réunions, diffusion de tracts et de lettres d’informations, ainsi que des « rencontres physiques régulières ».

Un point sur lequel le commissaire enquêteur semble moins rassuré concerne les interrogations portant sur « la perte de lumière naturelle » pour les immeubles avoisinants. « Ces sujets sont longuement traités dans l’étude d’impact et les modélisations présentées n’occultent pas le fait que, pour certains secteurs et à certaines périodes de l’année, on enregistrera une diminution du nombre d’heures d’ensoleillement », fait-il remarquer.

Côté financements, le commissaire-enquêteur répond sèchement aux différentes affirmations portant sur le budget insuffisant ou sur la crainte de l’utilisation d’argent public pour ce chantier payé en totalité par Groupama immobilier sur ses fonds propres. Il estime que ces remarques faites souvent par internet « sont démenties par la réalité et par des informations facilement accessibles ».

Il évoque enfin les demandes de « l’abandon de ce projet et même la démolition des tours à la Défense pour construire « des petites maisons écologiques », des jardins d’enfants ou même des « potagers pour nourrir les Parisiens » ». Et exprime sans fard une certaine incompréhension face à ces revendications : « Ces idées, très généreuses et l’approche, très pastorale, qui consisteraient à transformer le quartier de la Défene en un environnement rural et bucolique, ne semblent pas correspondre à l’orientation d’urbanisation prise pour ce quartier depuis 60 ans ni compatibles avec la proximité de la ville-capitale. ».