Alors que les mastodontes du secteur de la livraison de repas que sont Deliveroo et Uber eats se sont déjà installés depuis longtemps dans le quartier d’affaires, d’autres entreprises plus modestes, telles que la parisienne Nestor ou plus récemment le petit traiteur portuguais familial Oniva, souhaitent également se partager une part de cet immense gâteau. Sur le terrain, entreprises et livreurs s’adaptent aux demandes des usagers du quartier d’affaires.

« Nous avons ouvert il y a un mois, et ça marche super bien ! », s’enthousiasme Pedro Nunes, le fondateur d’Oniva, qui se targue d’être le « premier foodtech portugais à Paris et en France » et s’est tout juste lancé à la Défense. « Nos journées les plus chargées sont le vendredi et le samedi, où l’on sert 30 à 50 couverts le midi », détaille cet ancien manager du restaurant Comme à Lisbonne, dans le quartier parisien du Marais. « Nous invitons tous les dix à quinze jours un chef pour qu’il conçoive des menus et cuisine avec ma mère et moi », explique-t-il de son concept plutôt haut de gamme.

« Nous avons débuté avec Gonçalo Moreno, un chef reconnu au Portugal », indique-t-il fièrement. Pour convaincre l’exigeante clientèle des cadres supérieurs de la Défense, le traiteur promet des plats « très sains et équilibrés pour faire voyager les clients pendant leur pause déjeuner ». Pour 15 euros, il propose une formule entrée-plat-dessert. Trois livreurs salariés se partagent les commandes : en vélo sur la dalle de la Défense, en scooter pour Nanterre, Puteaux et Courbevoie.

« Ici, les gens sont fous : il y en a qui ne veulent même pas descendre de leur tour, je dois les livrer à leurs bureaux !, rapporte un livreur de Nestor face à la tour Franklin. Cela dit, ce n’est pas possible partout, il y a des tours où l’on ne peut pas monter. » La start-up parisienne lancée en 2015 mise beaucoup sur le quartier d’affaires, où elle a d’ailleurs installé l’une de ses cuisines.

Son concept ? Des menus fixes renouvelés chaque jour, eux aussi à 15 euros, et des livreurs partant avec des plateaux qui seront commandés en cours de route. Résultat : un temps d’attente qui défie toute concurrence et un prix de la livraison qui tombe à deux euros (inclus dans le forfait de 15 euros, Ndlr).

Enfin, les deux mastodontes du marché, Uber eats et Deliveroo (sociétés qui n’ont pas répondu aux sollicitations de La Gazette, Ndlr), proposent forcément un catalogue plus étendu. Yannis et Sébastien, respectivement livreurs depuis un an chez Uber eats et trois mois pour Deliveroo, attendent leurs premières livraisons de la journée, l’oeil fixé sur leur téléphone, à 11 h 30 ce vendredi devant le McDonald’s du centre commercial des 4 Temps.

Ils relèvent des demandes parfois curieuses de livraisons dans le quartier d’affaires, témoignant de certaines ressources financières. « On m’a déjà demandé de livrer une canette ! Juste une canette, s’interroge l’un deux. Pour cinq euros, c’est dingue quand même, non ? » Comme son camarade, il confie parvenir à un revenu d’environ 10 euros de l’heure.

« Le mieux, c’est les soirs de match, le samedi soir et le dimanche », rapportent les deux jeunes livreurs. Ils confient également que sur la dalle, le vélo est nettement plus pratique que le scooter désormais utilisé par bien des coursiers de repas : « Je dois prendre le boulevard circulaire pour aller livrer les gens, tandis qu’en vélo, on peut aller partout. »

Ces prestataires comme les entreprises qui les font travailler peuvent toutefois compter sur un important vivier de clients à la Défense. Au niveau national, la guerre des livraisons a déjà fait de nombreuses victimes : le pionnier français Tok tok tok a fermé ses portes, comme Take eat easy, ou encore la filiale française de Foodora, noyés sous les dettes. Dans le quartier d’affaires, il y a encore de la place pour tous les coursiers.